Dimanche, un peu avant dix-huit heures, c’est sous une pluie battante que Louis et moi nous garons sur le parking de la gare de Montargis, entre une vieille Mercédès grise immatriculée dans l’Hérault et une Peugeot 205 verte dont le A, collé à l’arrière, s’accommode à merveille de l’aile avant droite froissée. Nous courons jusqu’à l’escalier qui, ensuite, mène à un couloir desservant les différents quais. C’est la toute première fois que Louis prend le train. Nos trois enfants sont plutôt habitués aux trajets dans la voiture paternelle ou aux courts vols en avion depuis Orly pour l’aéroport de sainte Catherine à Calvi, en Haute-Corse. Louis n’était pas pressé de quitter la maison. Il a fallu le bousculer un peu. Une partie de lui a peur de cette consultation à l’hôpital Necker qui nous attend demain matin. Je dis « nous » quand cela le concerne « lui » parce que cela fait des semaines que je m’inquiète de le voir se plaindre, parfois, de ce genou droit étrange qu’il peut décaler latéralement comme d’autres se déboîtent l’épaule sur commande et sans souffrance.
Il a glissé sa tablette dans mon bagage, un sac souple bicolore que ma sœur m’a offert voici des années et qui m’a longtemps servi à transporter mes cours et mes copies quand j’enseignais. Louis m’a aussi demandé de mettre quelques playmobils dans la besace qui me tient lieu de sac. Comme je cours souvent, c’est très pratique ! J’ai littéralement craqué en la voyant dans la vitrine d’une boutique de Bourg-en-Bresse, un été, il y a trois ans. Elle représente la façade à la peinture passée d’une maison italienne avec une vespa rouge. Grâce à elle, j’ai le sentiment de porter en bandoulière un petit coin d’été toute l’année.
Sur le quai, beaucoup de passagers avec des valises et des sacs à dos. Des gens de tous les âges : des couples avec des enfants qui ont dû venir passer la première semaine de leurs vacances dans le Loiret. Des grands-parents qui ont accueilli leurs petits-enfants et, maintenant, ont la gentillesse de les raccompagner chez leurs parents. Des étudiants qui sont venus retrouver la douceur rassurante du nid parental le temps d’un week-end. Une jeune fille vient de reconnaître un de ses copains de lycée. Elle est partie étudier la musique et le théâtre à Berlin. Si je suis bien leur conversation, tous deux étaient élèves au Conservatoire. Je me rappelle ce cafard qui m’envahissait quand je regagnais, le soir, après le dîner, mon petit studio à Paris après un dimanche passé dans la chaleur de ma famille à Sceaux. C’est souvent notre mère qui avait la gentillesse de me raccompagner, à la fois pour m’éviter de circuler dans le RER B à une heure de faible fréquentation et, aussi, parce que je rapportais mon ballot de linge propre et un panier rempli de produits frais en provenance directe du marché du samedi matin. Dans ce panier, le plus souvent rempli par notre père, je trouvais immanquablement un morceau de hampe que des amis et moi partagions car mon studio, situé à deux minutes à pieds de notre faculté, était devenu une annexe ! J’avais vraiment le cœur gros et aussi mal au cœur, le soir, seule, car notre père cuisinait si bien des plats et des desserts que nous aimions tant qu’il me semble que je passais le dimanche à manger. Ah, cette tarte aux pommes à la pâte sablée et aux fruits acidulés coupés si finement qui fondait dans la bouche !
Sur le quai, un vent glacial souffle. Louis a froid. Il tremble. Je l’installe sur mes genoux et je lui frictionne le dos et les jambes. Il se réchauffe. L’Intercités Nevers-Paris entre en gare. Le train s’immobilise le long du quai. Personne n’en descend mais nous sommes nombreux à y monter. La plupart des passagers ont réservé leurs places. Louis et moi n’avons pas d’autre choix que celui de nous installer à contre-sens de la marche. A deux rangées de nous, un monsieur dont le bras droit est atrophié dégage une odeur très forte de tabac froid. Devant nous, un couple de jeunes amoureux échangent des mots doux et s’embrassent à intervalles réguliers. Louis a mal au cœur. Je referme sa tablette et lui suggère de regarder par la fenêtre.
L’ambiance est feutrée. C’est agréable de se laisser transporter. J’aimerais beaucoup refaire des voyages de nuit en couchette mais, cette fois, dans des conditions confortables. Quand j’étais étudiante et, qu’avec des amis, nous partions skier à la montagne, nous voyagions de nuit et tentions vainement de nous assoupir dans nos fauteuils. A l’arrivée en gare de Moûtiers, et avant de reprendre place dans le car qui nous montait à la station, nous n’étions pas bien vaillants et avions les cervicales en capilotade ! J’appréhendais cette dernière portion de voyage car, depuis que je suis enfant, j’ai toujours été malade en voiture sur les routes sinueuses. Et, à ce jour, mon pire souvenir est lié à un trajet Bastia-Calvi après que le vent violent ait contraint le commandant de bord à dérouter l’avion quand nous aurions du nous poser à Calvi. Situé entre montagne et mer, avec une piste courte, l’aéroport de sainte Catherine a la réputation d’être très technique. Je me suis demandée si le conducteur ne prenait pas un malin plaisir à malmener des passagers qui avaient déjà attendu, deux heures, en plein soleil et sans eau, le départ du car retardé en raison de bagages manquants. Un classique sur ces vols que nous avons pu expérimenter. Tout en tâchant de juguler l’envie de vomir qui m’envahissait, je faisais de mon mieux pour apaiser Victoire dont la couleur du visage, vert olive, et la salivation excessive indiquaient qu’elle ne tarderait pas être malade. Ce qui advint pour elle et pour la moitié des passagers. Je pense que le conducteur était ravi. Les vacances des Pinzuti commençaient bien !
Lors d’un trajet de nuit dans un train Genève-Venise, mon futur mari et moi partagions un wagon-lit avec d’autres voyageurs. Je ne me rappelle pas avoir beaucoup dormi mais j’avais plaisir à sentir mon corps bercé par les ondulations du train glissant sur les rails et le bruit si particulier d’un train roulant la nuit et que je suis absolument incapable de traduire avec des mots. Comme j’ai un esprit très romanesque, je me plaisais à imaginer que j’étais dans un de ces vieux films comme « bons baisers de Russie » ou encore « le crime de l’Orient-Express ». L’arrivée au petit jour, au bord du grand canal, est un moment absolument magique ! En Inde, j’ai adoré nos voyages dans les trains : les échanges avec les autres passagers, les journaux qui circulent librement d’un bout à l’autre des wagons, l’odeur du thé chaï, ce mélange de thé noir, de cardamone et de clou de girofle bu mélangé à du lait entier et du sucre qui stimule l’esprit et le corps, les plateaux repas épicés et, le soir venu, les dos des banquettes qui se transforment en couchettes. Un voyage en Inde, c’est comme ouvrir un voyage dans le voyage, sauter dans l’un des dessins à la craie tracé sur un bout de trottoir par Mary Poppins, les enfants et le ramoneur. C’est en train qu’il faut arriver à Venise. C’est en train qu’il faut se déplacer en Inde.
La nuit est tombée quand Louis et moi arrivons à Bercy. Louis me dit : « maman, j’aime vraiment Paris ! ». Louis s’arrête devant des oiseaux en cuivre qui font office de pots de fleur. Un premier escalator, il est ravi. Encore un métro suivi d’un RER et nous arrivons à Sceaux. Les rues sont calmes. Je suis toujours saisie par cette atmosphère de petite ville de province figée dans une époque passée. Des voitures à cheval transportant des élégantes à ombrelle remontraient l’allée d’honneur menant au parc et au château, je n’en serais pas surprise ! Nous passons devant cette maison qui me plait tellement depuis que nos parents sont venus vivre ici. Une maison pour des artistes. La façade est en mosaïques blanches et bleues. Aucune lumière. Les propriétaires ont dû partir en vacances.
Après un bain dans lequel ses playmobils se sont livrés une bataille terrible que je lis aisément dans les flaques d’eau qui se sont formées sur les carreaux de la salle de bains, un bon dîner et une tartelette aux framboises achetée par sa grand-mère, Louis est finalement heureux d’avoir quitté la maison. Son Papa, demain, prend la route de Courchevel pour son travail : présenter, avec son ami et associé, Pierre, à un groupe de journalistes européens, un programme de ski conçu par Florence Masnada, l’une de nos anciennes grandes championnes de descente, seule française à avoir remporté en 1991 la coupe du monde de combiné. Ce programme sera offert par l’hôtel l’Apogée à ses clients. Quand il passe la porte de chez sa grand-mère, Louis lui dit : « mon papa me manque déjà beaucoup ».
Lundi, Louis se réveille d’excellente humeur. Il a très bien dormi. Il a une pensée pour ses amis qui vont prendre le chemin de l’école et devront réciter, ce matin, leur poésie, debout, face à la classe, le « il pleure dans mon cœur » de Paul Verlaine. Lorsque Louis me récite sa poésie, quelque chose en lui me fait deviner mon père enfant. Il se tient droit. Il noue ses mains derrière son dos et il se lance. Je prie toujours pour qu’il ne butte pas sur un mot, n’hésite pas sur une strophe car, alors, il se met très fort en colère contre lui-même et répète à l’envi que, décidément, il est nul, nul et nul ! Et moi, de lui dire et redire que ce n’est pas grave de se tromper, que c’est en se trompant qu’on apprend, qu’il ne faut pas s’épuiser dans la recherche d’une soit disant perfection et qu’il a toujours un ton si juste quand il récite ses poésies. Quand j’ai demandé à Louis pourquoi il n’avait pas colorié la maison et les flaques d’eau, il m’a répondu « je laisse tout en gris parce que la poésie est triste ». M’étonnant de ce que son dessin ne représentait pas un cœur, il m’a dit « tout le monde en avait dessiné un. J’ai voulu faire autre chose ». Je marche sur des œufs quand je lui pose ce genre de questions car il peut, tout à trac, me dire « tu la trouves moche mon illustration, c’est ça ? Tu penses que j’ai tout laissé en gris car j’étais trop paresseux pour colorier ? ».
Même si le voir entrer dans des colères épouvantables car il n’a pas réussi ce qu’il voulait comme il le voulait me désole ; même si lui répéter inlassablement qu’il travaille bien, qu’il est très fort en sport, qu’il est un super copain qui adore faire rire ses amis au risque de se faire gronder par sa maîtresse finit par être fatiguant, je n’en veux pas à Louis. J’étais comme lui à son âge. Je sais que Louis va changer, qu’il réussira à dompter sa nature impulsive, à avoir confiance en lui, à accepter que toute activité nouvelle passe par une phase d’apprentissage souvent laborieuse mais indispensable. Louis y parviendra bien plus tôt que moi car son papa et moi sommes des parents d’aujourd’hui. Des parents qui n’hésitent pas à se remettre en question dans un monde en perpétuelle mutation. Par ailleurs, nous ne sommes pas des parents critiques. Dans ma famille, en revanche, si les critiques tombaient aussi dru que les gouttes de pluie sur le toit en ardoises d’une longère du Finistère, les compliments, eux, étaient aussi rares que les averses au-dessus du désert d’Attacama !
Dehors, le ciel est d’un bleu céleste et le vent, toujours glacial, fait danser les branches des arbres. Des oiseaux viennent s’accrocher aux boules de graisse et de graines suspendues au balcon. Nous nous mettons en route pour l’hôpital Necker. Je laisse Louis se repérer sur le plan du métro et me guider. Le RER nous mène presque directement à Denfert-Rochereau où Louis a une pensée pour le lion de Belfort qui, en décembre, était aussi bien emmailloté de bandes blanches que l’enfant Jésus dans la Nativité de Georges de La Tour. Nous prenons le métro qui nous conduit à Montparnasse. Louis est un peu déçu. Il espérait que nous emprunterions l’immense tapis roulant, celui qui, immanquablement, me rappelle le clip de la chanson des Pink Floyd « Another Brick In The Wall ». Je m’attends à ce qu’une fois arrivés au bout du tapis, vraiment interminable, les usagers du service public tombent dans une machine qui les broie.
Mais, non, nous arrivons sains et saufs à la station Duroc. Le vent est si fort qu’il nous pousse en direction du numéro 149 de la rue de Sèvres, l’entrée principale de l’hôpital universitaire Necker-Enfants malades. En comparaison des autres énormes établissements de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris, Necker pourrait presque passer inaperçu et, d’ailleurs, je réalise que j’ai dû souvent longer ses murs sans même le savoir. Nous nous dirigeons vers le bureau des consultations. Beaucoup de parents et d’enfants. J’observe les personnes qui attendent avec nous. Nous venons des quatre coins de la planète. Nos peaux offrent un remarquable camaïeu qui va du noir ébène au blanc d’albâtre en passant par des tons de terre de Sienne et d’or. A ma droite, une maman d’origine nord-africaine et son fils et, à ma gauche, une maman russe avec un fils également. A la droite de la maman russe, un papa qui semble Japonais avec son fils. Ce matin-là, beaucoup plus de garçons que de filles. On dirait la tour de Babel car, en effet, grâce au français, nous pouvons tous nous comprendre. A chaque fois que je suis dans un hôpital, je pense à la chance que nous avons d’avoir encore tous accès à la même excellente médecine. Mais, justement, notre merveilleux système de santé est fragile et pourrait finir à terre comme la tour de Babel.
Je mets à profit ce temps d’attente pour me renseigner sur l’hôpital qui nous accueille. J’apprends que l’établissement est né, en 1926, du regroupement entre l’hôpital Necker, où le docteur Laennec a inventé le stéthoscope, et de l’hôpital des enfants malades créé en 1802 et premier établissement au monde dédié aux enfants. Necker, ce sont 4300 personnes dont 1000 médecins, 2549 soignants, 438 personnels administratifs, 161 professionnels ouvriers et techniques et 500 bénévoles oeuvrant au sein de 28 associations comme « premiers de cordée », « les tréteaux blancs », « les toiles enchantées », « les blouses roses », « le rire médecin », « école à l’hôpital » ou bien encore « joue-moi de la musique ». Necker, ce sont, à l’année, 300 000 consultations et 61 000 admissions par an dont la moitié en hôpital de jour. Necker, c’est une série de premières médicales comme, par exemple, en 1952, la première greffe de rein, en 1971, la première greffe de moelle osseuse en milieu stérile, en 1972, la création du SAMU, en 1987, la première greffe intestinale sur un enfant, en 2000 le premier succès mondial d’une thérapie génique dans le traitement du déficit immunitaire héréditaire ou bien encore en 2002, la mise au point de la première méthode de dépistage d’une maladie génétique à partir d’une simple prise de sang chez la future mère.
Pour avoir déjà eu l’occasion de me promener dans certains hôpitaux de France et de Navarre, je peux dire que dès qu’on franchit les portes de l’hôpital Necker on ressent très fortement cette envie que tout soit mis en oeuvre pour que les patients et leurs proches soient bien accueillis. Cette état d’être s’observe depuis la secrétaire qui s’assure que votre dossier est complet jusqu’au médecin qui vous reçoit votre enfant et vous en passant par les infirmières, les aides-soignantes, le personnel de la cafétéria, du point presse, de l’accueil. Les espaces sont clairs. Sur les murs, on trouve des dessins pour les enfants et, dans les salles d’attente, des petites tables, des chaises, des jeux et des livres. A Necker règne une ambiance de centre aéré qui tranche avec les traditionnels services de pédiatrie. Le médecin avec lequel nous avons rendez-vous est orthopédiste. Louis réussit, par sa seule volonté, à déplacer son genou latéralement. Cela ne nous aurait pas inquiété s’il ne s’était pas plaint, parfois, dans des torsions, d’avoir mal. Notre médecin traitant a refusé catégoriquement de signer le certificat médical pour la boxe quand il avait autorisé Louis à pratiquer le judo et le foot. C’est à Louis que le Docteur Barthès s’adresse. Je lui tends les clichés des radios. Il fait marcher Louis, normalement, puis sur le bout des pieds, les talons. Il lui demande de sauter à cloche-pied. Louis s’allonge sur la table de consultation. Le Docteur Barthès lui explique qu’il ne doit plus jamais faire bouger son genou car il l’abime. Pas de contre indication au sport. C’est la bonne nouvelle pour ce petit bonhomme de huit ans qui déborde d’énergie et a un si grand besoin de la canaliser. Le médecin souhaite qu’une IRM soit pratiquée pour écarter la piste d’une lésion méniscale ou d’une agénésie ligamentaire.
Tandis que Louis, assis parterre, remet ses chaussures, il dit au docteur Barthès sur le ton de l’humour : « si je comprends bien, j’ai pris le train et j’ai attendu presque deux heures ici alors que je n’ai rien ! ». Le médecin éclate de rire et lui répond que s’il ne devient pas un grand sportif, il pourra faire du théâtre. Pour l’instant, Louis n’a rien. Ce n’est pas le cas des enfants avec lesquels nous avons attendus. Ce n’est pas le cas de son ami Ewen qui sera opéré à Tours vendredi pour une malformation cardiaque.
Avant de repartir, une grand-mère qui nous a rejoints à Necker nous invite à déjeuner près du Ministère de l’économie et des finances. Très vite, Louis qui disait mourir de faim boude son hamburger et se plonge dans la lecture des deux livres que sa grand-mère lui a offerts avant la consultation et qui permette de se perfectionner dans le jeu « Minecraft ». Maintenant, il est impatient de rentrer, de mettre sa tablette à charger et de passer à la pratique. Je suis heureuse de ce moment passé entre ma mère et mon fils. Cela nous arrive si peu souvent ! Nous nous séparons, à regret, devant la terrasse du « Chambertin ». Dans le train, Louis attaque avidement lecture du Super Picsou que je lui ai acheté avant qu’il ne composte nos billets. Je glisse le « Psychologies Magazine » dans le sac bicolore. Guillaume Gallienne qui fait la couverture ne s’en plaint pas. Je ferme les yeux. Je me laisse aller au plaisir de ne plus rien faire, de passer les commandes, de me laisser transporter. Comme cela ne m’arrive quasiment jamais, j’en profite vraiment ! Dans quelques instants, j’aurai pris place à bord d’une voiture Pullman de l’Orient-Express à destination d’Istanbul, une capitale dont l’histoire fabuleuse me fascine en dépit des attentats récents. Mais comme nous sommes en 1920, je ne risque rien !
Anne-Lorraine Guillou-Brunner
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !