Chronique légère en forme de brève volcanique

elizabeth2.jpgLes royaux sujets d’Elizabeth aimeraient bien regagner leurs îles respectives. Pour eux, les vacances s’achèvent. Lundi, à la première heure, leurs enfants franchiront les portes de leurs écoles publiques ou privées. Dans tous les cas, la veste sera impeccable, la jupe parfaitement repassée et le cuir des chaussures aussi brillant que s’il avait été astiqué par un futur officier de l’armée française, en formation à Coëtquidan. images.jpgDe leur côté, les Français de la zone C, les derniers à goûter au repos printanier, aimeraient bien pouvoir quitter les académies de Paris et de Bordeaux. Dans les aéroports fermés, en France et dans le Nord de l’Europe, la tension est à son comble. On compte, en moyenne, deux heures d’attente pour atteindre le comptoir d’une compagnie aérienne.

airfrance.jpgDéjà, de fins analystes s’essaient à une évaluation du montant des pertes générées par l’immobilisation forcée des avions. Les compagnies, quant à elles, répondent « cas de force majeure » à leurs clients. Les fins juristes et mêmes ceux qui ne le sont pas, mais ont suivi, avec un minimum de sérieux, le cours de droit des obligations, savent que la force majeure doit présenter trois critères : imprévisibilité, extériorité, irrésistibilité. une-passagere-bloquee-a-roissy-le-15-avril-2010-4428922lqxmb_1713.jpgTout ça pour dire qu’il est plus que probable, qu’au nom de la force majeure, les voyageurs, cloués à Paris, en soient pour leurs frais s’agissant des nuits d’hôtel et autres dépenses supplémentaires.

calais.jpgQuand les voies aériennes sont coupées, que les voies ferrées sont paralysées par une grève déjà reconduite dix jours et que les voix de Dieu sont impénétrables, on se tourne vers la mer dont on attend le salut ! Les Anglais, qui n’ont pas eu la chance de trouver une place à bord de l’Eurostar, prennent d’assaut les ferries. Ils vont redécouvrir les plaisirs oubliés d’une traversée de la Manche, à l’air libre. Bien sûr, le voyage se mérite. Il faut charrier ses bagages de la gare SNCF à la gare maritime. pain au chocolat.jpgAccoudés au bastingage, les épaules endolories, les épaules encore lourdes du poids des bagages, on se consolera en se disant qu’on pourrait être prisonnier, à l’intérieur des entrailles affreusement seventies de Roissy, condamnés à trouver du réconfort dans des pains au chocolat, traditionnellement offerts aux voyageurs « business class » ayant déserté les enclos qui leur sont réservés, et que cette marche forcée aura peut-être eu raison des excès de fromage au lait de brebis non pasteurisé. normandie.jpgOn regardera les côtes françaises s’éloigner, les mouettes tournoyer au-dessus des bateaux, puis on cherchera un point fixe pour éloigner le spectre du mal de mer.

ete-lavande-valensole-france-1090196177-1097945.jpgDe tout ce désordre, on tirera une bonne nouvelle : le retour à un trafic normal sur les lignes desservant le sud-est, destination de choix pour Parisiens rêvant calme, luxe et volupté.

Et pour une fois, les Français et les étrangers ne pourront pas s’en prendre, du moins totalement, aux syndicalistes empêcheurs de tourner en rond, connus pour paralyser, sans scrupule, Paris le jour de la visite du Comité international olympique pour étude de la candidature de Paris aux J.O de 2012. J.O Paris.gifNon, il faudra chercher, très haut, vraiment très haut, dans le ciel, le vilain nuage de poussières volcaniques islandaises, responsable de cette immense pagaille et de ce nouveau coup du sort pour l’aviation civile.

montserrat01.jpgBien sûr, tout le monde a oublié les pauvres habitants de Montserrat dont la moitié de l’île a disparu après une éruption volcanique que les médias n’ont jamais relayée avec autant de frénésie ! Nous verrons-là, une parfaite illustration d’un principe journalistique bien connu : « plus c’est près, plus ça intéresse, plus ça fait vendre ! »

Allez, hauts les cœurs, le trafic va reprendre et l’on nous dit, déjà, qu’il sera épisodiquement affecté tant que tous les restes de poussières volcaniques n’auront pas disparu. gr_ve_syndicats_469_3_7108b.jpgFinalement, parfois, un volcan fait plus
de bruit et plus de mal qu’une poignée de syndicalistes en colère ! islande.jpg

 

 

Anne-Lorraine Guillou-Brunner