Chronique des activités extra scolaires

Voilà, c’est fait. Céleste
a rejoint le très large groupe d’enfants pratiquant une activité extra scolaire
et moi, celui des mamans prises au piège infernal de ces mercredis où il faut
jongler avec plusieurs impératifs, tout en essayant d’optimiser les temps
morts. Résumons-nous : jusqu’à cette rentrée, les filles allaient toute la
journée au centre de loisirs où elles étaient encadrées par une équipe
d’animateurs aussi motivés que sympathiques. Préparer les enfants les mercredis
matins était déjà du sport. A 8h20 maximum, je devais avoir installé les trois
enfants dans la voiture et ce n’était pas chose aisée : dispute pour la
place du milieu ou du côté droit, difficulté à mettre la ceinture. Par
ailleurs, un petit grain de sable prenait souvent plaisir à venir gripper une
machine bien huilée. Ainsi, le doudou, resté sur l’oreiller et sans lequel
aucun repos ne serait envisageable ou bien encore le sac, oublié dans l’entrée
et dont nous découvrions l’absence alors que nous arrivions sur la départementale. Parfois,
et là mon niveau de stress grimpait en flèche, c’était le mécanisme d’ouverture
automatique du portail qui ne marchait plus. Et moi de pester et de me
précipiter dans le garage, pour farfouiller dans la boite à outils et en
extraire la pince miraculeuse qui me permettait d’ouvrir manuellement les deux
barrières. Les rares fois où cela nous est arrivé, les enfants, d’instinct,
comprenaient qu’il fallait se tenir à carreau. Plus personne ne se lamentait en
raison de sa place dans la voiture ou du choix de la musique qui ne lui
plaisait pas. Aucune voix ne s’élevait pour réclamer un gâteau. Un silence
sibérien régnait dans la voiture que je brisais, le calme intérieur revenu. Et
là, nous éclations d’un grand rire !

 

Quand nous arrivions en
vue du centre[1]
de loisirs, situé au milieu de la forêt, il ne nous restait bien souvent que
dix minutes avant que la porte ne se referme. Juste le temps alors, de prendre
Louis dans mes bras et de courir avec les deux filles s’accrochant à l’un ou
l’autre de mes vêtements. Nous en faisions un jeu. Tout le monde riait. Nous
arrivions échevelées, à bout de souffle. Sur le fil, je tendais les cartes de
présence, vérifiais que les petits chaussons étaient correctement enfilés, embrassais
mes filles et n’avais plus qu’à aller déposer Louis, à la crèche, en
centre-ville avant de regagner la maison où j’avais jusqu’à 17 heures pour me
remettre de mes émotions.

 

Cette année, l’heure et
demie de gymnastique de Céleste de 10h30 à 12 heures, rend la gestion de la
mâtinée assez complexe. Après avoir déposé Victoire au centre aéré et Louis à
la crèche, il nous reste un peu plus d’une grosse heure devant nous que nous
décidons d’employer à réarmer notre réfrigérateur. Les courses faites, je
conduis Céleste à son cours. Tandis que Céleste passe d’un agrès à un autre, je
peux rester l’admirer comme le font certaines mamans ou bien aller me promener
et pourquoi pas, boire un café tout en imaginant une nouvelle chronique. Il est
à noter que les courses seront différées à un autre moment si les conditions
climatiques ne permettent pas leur conservation dans le coffre d’une voiture
plus de trois heures d’affilée !

 

Quand le cours prend fin,
nous avons une nouvelle heure à meubler avant que Céleste ne retourne au centre
de loisirs jusqu’à 17h15. Faire l’aller/retour jusqu’à la maison est dans
l’ordre du possible mais ne nous laisse guère plus de trente minutes pour y
déjeuner. Hier, comme il faisait chaud et beau, nous avons improvisé un
pique-nique en forêt. Les chênes semaient leurs glands. Les branches de houx
n’avaient pas encore accroché de bijoux rouges à leurs feuilles piquantes. Les
oiseaux s’en donnaient à cœur joie. Le sol était terriblement sec. Aucune odeur
d’humus ne laissait deviner la présence de champignons. Nous avons été admirer
une sorte de tipi fabriqué par des parents pour leurs enfants. Des araignées y
avaient tissé des chefs d’œuvre qui en interdisaient l’entrée.

 

 A 13h20, nous étions
devant la porte du centre aéré des primaires. Je sentais la main de Céleste se
refermer plus fort sur la
mienne. Elle
allait découvrir de nouveaux locaux et une autre
équipe d’animateurs. Une de ses petites amies s’est précipitée vers nous et la
pression de la main de Céleste sur la mienne s’est relâchée.

 

En retournant à ma
voiture, j’ai pensé que lorsque nous étions enfants, nous ne nous demandions
jamais comment nos mères pouvaient occuper leur temps tandis que nous nagions,
jouions au tennis, courrions autour d’un stade, sautions sur un tatami,
pratiquions des exercices à la barre, apprenions à jouer d’un instrument ou
chantions au sein d’une chorale.

 

Hier, quand le cours de
gymnastique s’est achevé sur une série d’étirements et que Céleste s’est
précipitée vers moi, un grand sourire aux lèvres, j’ai pensé que cette joie
valait bien des mercredis matins un peu décousus et pas loin de quatre-vingt-
dix kilomètres en voiture.

 

Anne-Lorraine
Guillou-Brunner

 

 



[1]
Pour parcourir les quinze kilomètres qui nous séparent du centre, nous mettons
entre quinze et vingt minutes. Hormis quelques trop courts kilomètres, où la
sécurité routière nous autorise les 70 kilomètres, nous
sommes limités à 50 et la vigilance s’impose, surtout avec trois enfants, quand
on sait croiser le regard froid d’un radar à tête jaune posté juste derrière un
passage à niveau.

 


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