Chronique cent pour cent glamour!

Avant toute chose, sachez que la lecture des lignes qui vont suivre pourrait, tout naturellement, vous donner envie de vous gratter le cuir chevelu. Ressentir des démangeaisons agaçantes autour des oreilles et à la base de la nuque serait, par ailleurs, un risque auquel vous vous exposeriez en poursuivant. Si vous ne comptez pas, sous votre toit, de jeunes enfants fréquentant crèches ou écoles, soyez rassurés. Tout ceci ne serait alors que purement psychologique. Inutile, donc, de vous précipiter chez votre pharmacien favori pour le dévaliser en shampooings, sprays et autres lotions anti-poux.

 

Vous n’en avez pas plus que si vous étiez chauve. Si poux, il y a, ils sont dans votre esprit. Chassez-les et continuez ! Il vous faudra une bonne dose de courage ! Si vous êtes une femme qui abandonne, régulièrement, ses magnifiques cheveux aux mains expertes d’un coiffeur psychologue qui les colore ou décolore, détendez-vous. Je me suis laissée dire que ces vilaines petites bêtes n’aimaient pas les produits chimiques employés par les artistes capillaires.

 

Hier, une amie, dont la petite fille fréquente la crèche de Louis, m’a laissé un message. Il s’agissait d’une alerte aux poux. Elle en avait isolés dans les cheveux bruns de son enfant. Comme tous les parents qui ont du faire face à ce type d’invasion, j’étais terrifiée, et le mot n’est pas trop fort, à l’idée de trouver, le soir venu, des représentants de cette vilaine espèce, batifolant dans la chevelure épaisse de notre fils. Bien sûr, je ressentais, déjà, des démangeaisons et demandais à mon mari d’avoir la gentillesse de jeter un rapide coup d’œil à mon cuir chevelu. C’était juste avant de passer à table ! Il doutait de ce que je ne puisse pas le faire moi-même mais a fini par s’exécuter. Un tour du monde, entre adultes consentants, rend tout envisageable, ou presque !

 

La Saint Valentin étant dans trois jours, je faisais, à coup sûr, dans le glamour décalé et donc, forcément, follement tendance !

 

Alors que j’avais la tête baissée, les cheveux en pagaille et que mon mari, avec sa légendaire dose d’humour so british nous rejouait une scène de Tarzan, version Greystock, dans ma mémoire, se rembobinait la pellicule d’un film autrement moins exotique : celui de notre première lutte à mort contre les poux, en comparaison de laquelle notre bataille sauvage contre les puces péruviennes me semblerait, avec le recul, bien dérisoire !

 

L’été était déjà bien installé. Les filles avaient fréquenté, avec joie, le centre de loisir durant ce mois de juillet. Louis, de son côté, était resté fidèle à ses habitudes de crèche. Et nous, parents, avions travaillé devant nos ordinateurs respectifs. Le soir venu, les enfants, à peine rentrés, se jetaient dans l’eau de la piscine escamotable installée par leur papa. Louis se contentait de rester, dans la tenue d’Adam, mais d’un Adam avec brassards jaunes, sur la plus haute marche de l’échelle indispensable pour accéder à notre petite bleue. Encore quelques jours et nous serions en vacances. Et puis, un soir, fatiguée de me gratter frénétiquement le bas de la nuque, je demandais à mon cher mari de me libérer d’un affreux doute, celui d’avoir été colonisée par une armée de poux sanguinaires. La dernière fois, j’avais neuf ans. Je me rappelle encore l’odeur de pétrole du produit sirupeux employé par ma mère. Quelques coups de peigne, quelques mèches ratissées et le verdict tombait, froid, sans appel : j’étais habitée ! Pas par la grâce ! Par les poux ! Louis et Victoire étaient déjà couchés. Céleste, non. En prévision de ce jour fatal, j’avais acheté une bouteille de shampooing mais du genre cent pour cent naturelle. Je le testais tout de suite sur notre aînée, puis sur moi. Mon mari y passa bien qu’il n’ait, par un mystère que je ne m’explique pas encore, jamais eu le moindre pou, la moindre lente. De mauvaises langues pourraient penser que c’est simplement parce qu’il ne s’occupe pas beaucoup de ses enfants. Et bien, c’est faux ! C’est juste qu’il ne se croie pas obligé de s’allonger sur le lit des petits pour leur raconter des histoires, leur faire des câlins et que la longueur de ses cheveux offre moins de prise que la mienne à l’envahisseur.

 

Le lendemain, Louis et Victoire y passaient aussi. Je prévenais centre aéré et crèche du grand retour des poux. J’avais acheté des produits plus costauds. Leur action mécanique visait à étouffer les bestioles. Le traitement allait s’étaler sur trois semaines. Bien sûr, je dus laver tous les couchages, les peluches, les vêtements. Tous les soirs, je passais, au moins une bonne heure, à faire glisser dans les cheveux des enfants, un petit peigne aux épaisses dents d’acier. J’y récupérais, avec méthode, les lentes mortes. Le jour où, deux semaines après que nous ayons démarré le traitement, je découvrais un pou, je crus perdre la raison.

 

Quand nous avons trouvé les poux, mon stress était maximal car nous allions quitter notre maison et commencer une grande transhumance estivale avec cousinades. Je n’avais pas du tout envie que les poux de mes enfants jouent les filles de l’air et aillent coloniser les chevelures des cousins. Mes efforts furent récompensés. Les enfants furent débarrassés de leurs envahisseurs et les cousins épargnés.

 

Je me rappelle, qu’au début, les enfants se moquaient de garder, dans les cheveux, différentes substances collantes parfumées à la fraise tagada. De la même manière, ils vivaient les séances d’épouillage, dans les rayons de soleil des fins de journées, plus comme un moment détendant de chatouilles capillaires que comme une corvée. Mais, bientôt, il fallait presque que je leur courres après pour exécuter mon sale boulot !

 

Alors quand, hier, cette amie m’a fait part de l’alerte aux poux, j’étais anéantie et pensais que vaincre ces sales bêtes au cœur de l’hiver était bien plus compliqué pour les parents et pénible pour les enfants. Les filles sont chez leur grand-mère à laquelle je n’ai pas encore demandé d’inspecter leurs chevelures. Elle va adorer mais je doute qu’elles aient été colonisées quand ma chasse aux poux, sur la tête de leur petit frère, n’a rien donné et, croyez-moi, une seule invasion aura suffi à faire de moi une spécialiste !

 

Dans le doute et pour me rassurer, demain soir, ce ne sera pas « champagne, pour tous ! » mais « shampooing anti-poux pour toute la famille » ! Une manière comme une autre de célébrer la recomposition de notre famille au complet !

 

Bonne saint Valentin pour les couples attentifs tous les jours de l’année !

 

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

 

 


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