4 heures du matin. Les enfants et moi avons enregistré nos billets aux bornes. Orly ne dort jamais comme tous les grands aéroports. J’observe toute cette vie autour de nous: personnel naviguant, personnel au sol, agents d’entretien, marchands et passagers. Tout ce petit monde va et vient dans le calme. Les bébés dorment profondément sur le ventre d’un papa ou d’une maman. Un voyageur s’est emmitouflé dans son sac de couchage. J’aime les aéroports comme j’aime les gares. Je préfère les retrouvailles aux au revoir. Je pense à cette chanson si déchirante de Brel racontant ce couple d’amoureux à Orly qui ne parvient pas à se quitter et qui est bien trop honnête pour rien se promettre. Je pense à la chanson de Nino Ferrer « La rua Maduera ». Je pense à ces avions qui, heureusement, très rarement, s’abiment au-dessus des océans ou des montagnes. Je pense à tous ces deuils impossibles. Je pense que c’est la seconde fois que nous avons la chance de faire voyager nos enfants au-delà des courbes charnelles de notre bel hexagone. La première fois, c’était en Roumanie. Un pays magnifique auquel est malheureusement associé un pan très dur de notre vie de famille, si dur qu’il aura fallu que j’insiste pour que Stéphane consente à y retourner.
Stéphane est parti garer la voiture. Avec les enfants, nous nous offrons un petit déjeuner. L’ambiance est ouatée à cette heure. N’ayant presque pas pu dormir avant le réveil à deux heures du matin, je me sens en plein décalage horaire. Quand nous étions revenus de Nouvelle-Zélande, première étape de notre grande respiration, mes yeux s’ouvraient en grand au milieu de la nuit. Je me levais et m’occupais comme je pouvais. Je me rappelle que j’écrivais. C’est la nuit que j’écris le mieux. Je plonge alors en moi comme si je parvenais à descendre jusque dans des racines profondes pour y puiser l’inspiration dont j’ai besoin pour nourrir le ballet de mes dix doigts au-dessus du clavier. Je n’écris presque plus jamais dans des carnets. Mon écriture est devenue presqu’illisible. Quand j’écris aux enfants, je dois faire de gros efforts pour redonner à mes lettres un semblant de rondeur. Mes lettres évoquent les sculptures de Giacometti. Elles se réduisent à des traits penchés vers la droite. Elles sont épurées à l’extrême. Le résultat d’études très longues et du besoin d’adapter mon écriture à une pensée bondissante.
Le week-end s’est écoulé depuis que j’ai commencé ma chronique sévillane. Un week-end placé sous le signe d’une nouvelle tempête et des devoirs scolaires. Céleste devait réviser en vue d’un contrôle sur « Les Essais » de Montaigne et d’un autre sur les représentations du monde. Elle devait aussi composer un devoir sur le thème suivant: « Dans quelle mesure le voyage permet d’apprendre à connaître l’autre? ». Nous avons pu reparler de nos aventures en Nouvelle-Zélande, en Amérique du Sud, Centrale et du Nord ainsi qu’en Inde et au Népal. Elle avait aussi deux C.V à faire pour se projeter dans des études futures et un travail en arts plastiques à terminer. Victoire, elle, devait rédiger son rapport de stage, deux lettres de motivation (une en français et l’autre en anglais) et répondre à des questions sur la place de la France au sein de l’Union Européenne. Quant à Louis, il avait des exercices de proportionnalité en maths à résoudre et des questions en lien avec la lecture de « L’île au trésor ». Nos trois enfants ont découvert ce roman de Stevenson en cinquième et, dans l’avion du retour, je l’ai relu une nouvelle fois. Cette fois-ci, il m’a vraiment plu. C’était une nouvelle version certainement mieux traduite et donc moins indigeste. Louis n’avait pas fait le lien entre le Stevenson de « L’île au trésor » et celui du chemin avec l’ânesse Modestine dont nous avons parcouru la partie cévenole voici deux ans.
La pluie tombe inlassablement sur le velux. Stéphane a eu le temps de promener Fantôme, notre fidèle berger australien, avant de partir à Paris. Le lilas commence à déployer ses bourgeons. Les jonquilles sont sorties. Les tulipes vont suivre. Grâce au prunus dont les délicates fleurs sont soufflées par le vent, je peux m’imaginer déambulant dans les allées d’un jardin sur l’île Hokkaido lors de la fête des cerisiers en fleurs. Je continue de cueillir des violettes non loin du sapin. Les petits oiseaux sont toujours aussi voraces. Le matin, quand j’ai oublié de leur mettre des graines, ils viennent les réclamer.
Lorsque notre avion se pose sur la piste de l’aéroport de Séville, la brume enveloppe la ville. Très vite, elle se dissipe laissant la place à un ciel d’un bleu profond. Depuis la gare routière centrale, nous longeons la rive du Guadalquivir, nom au puissant pouvoir évocateur. Le fleuve est large. Nous découvrons les reliefs architecturaux laissés par l’exposition universelle de 1992. Cette année-là, on célébrait les quatre cent ans de la découverte de l’Amérique. Jean-Claude Carrière écrivait « La controverse de Valladolid ». Séville a été le premier port ouvert sur le Nouveau Monde. On sait comment les conquistadors traitèrent les « indigènes ». Ils ne comprirent rien à ces peuples qui vivaient en harmonie avec la nature et n’avaient pas encore été pervertis par l’argent. Ils s’empressèrent de les massacrer, de les piller et de les christianiser à marche forcée. Montaigne dans « Des coches », chapitre des « Essais », se montre extrêmement critique à l’égard du comportement des Européens qu’il qualifie de barbares. Les barbares ne sont pas les Indiens. Ils ne sont pas assoiffés de pouvoir et de possession. J’ai expliqué à Céleste pourquoi les vainqueurs consommaient les corps des vaincus. L’anthropophagie consistait à s’approprier les qualités de ceux qui s’étaient battus avec courage. Finalement, on peut voir l’acte anthropophage comme un honneur rendu aux hommes morts aux combats.
En découvrant les rues étroites de Séville, je retrouve le charme des villes sud-américaines. Séville me rappelle à la fois Buenos Aires, Sucre, Potosi et La Paz. Les maisons colorées ont quelque chose de très exotique. Après avoir été romaine, vandale et visigothe, Séville est conquise par les Arabes en 712. Ceux-là mêmes qui islamisent l’Afrique du Nord. Les Almoravides s’emparent de la ville en 1091. En 1147, Séville devient la capitale espagnole du royaume almohade. En 1248, Ferdinand III y installe sa cour. Après la découverte du Nouveau Monde, Séville a le monopole du commerce et est le lieu de départ de toutes les expéditions vers l’Amérique. La casa de contratacion est fondée pour contrôler les échanges commerciaux avec le Nouveau Monde. Séville connait alors son âge d’or. Hollandais et Italiens s’y installent. L’épidémie de peste de 1649 décime la population et marque le début du déclin de la belle andalouse. Pendant la guerre civile d’Espagne, Séville est la première ville à tomber aux mains des rebelles dirigés par un des lieutenants de Franco. La domination des grands propriétaires latifundistes sur la société permet le ralliement rapide de l’Andalousie aux franquistes.
L’appartement se situe non loin de la grande place Alameda de Hercules et de de la basilique de Nuestro Padre del Gran Poder. Pendant une semaine, nous marchons beaucoup. Quand les enfants sont fatigués, Stéphane leur loue des trottinettes électriques. Les rives du Guadalquivir sont très bien aménagées pour les vélos, les trottinettes et les piétons. On y trouve des cafés et des restaurants. C’est interdit mais sur la trottinette, je monte avec Céleste. Je préfère laisser notre aînée aux commandes. Tous les matins, nous ouvrons les volets sur un ciel aussi bleu que celui auquel nous nous étions habitués dans le Gard. Nous ne nous lassons pas de déambuler dans les ruelles, de pousser la porte d’une des nombreuses églises pour y admirer des styles mudéjar, baroque ou gothique. Si la deuxième plus grande cathédrale au monde, la Giralda me laisse de marbre tant son gigantisme lui donne l’aspect froid d’un hall de gare désaffectée, l’émotion me saisit en pénétrant dans la basilique de la Macarena. Le retable abrite une magnifique vierge datant du 17ème siècle. Cette vierge est censée protéger les toréros.
Tous les soirs, les Sévillans se pressent dans les églises. Le carnaval se termine. On entre dans le Carême. La Semaine Sainte à Séville doit être assez intense. Les pénitents vêtus d’une longue tunique et le visage dissimulé sous une haute capuche évoquant les membres du Ku Klux Klan défilent en procession dans les rues la nuit du jeudi au vendredi saint, portant les statues de la Vierge de la Macarena et du Nuestro Padre Jesus de la Sentencia. Cinquante hommes sont nécessaires pour porter les icônes.
Les palais de la comtesse de Lebrija et celui de la duchesse d’Albe, aristocrate la plus titrée du monde, femme d’une culture immense, farouchement libre et impertinente, nous enchantent: succession de patios abritant fontaines et végétation luxuriante, fresques romaines, objets venus des anciennes colonies espagnoles, escaliers finement sculptés dans le bois ou la pierre. Assise sur un banc, près d’un bassin, à l’ombre d’un oranger, j’aimerais pouvoir lire ou écrire. Le printemps n’est pas là que déjà les températures s’envolent. Je n’ose pas imaginer la chaleur implacable qui frappe Séville tous les étés et condamne ses habitants à une coupure forcée de trois heures dans la journée. Les Grecs vivent sur le même mode.
Les enfants aiment beaucoup la majestueuse place d’Espagne et l’immense parc Maria Luisa dans les allées duquel des calèches conduisent des visiteurs. Le bruit des sabots ferrés des chevaux me fait toujours faire un voyage dans le passé. Deux guitaristes jouent et chantent sous les arcades du musée de l’armée. Une femme les accompagne en faisant claquer deux paires de castagnettes entre ses doigts longs et nerveux. Des couples se laissent voguer sur des barques. Un Jésus à la peau caramel a déposé sa croix et sa couronne d’épines. Il troque sa tunique blanche déchirée pour un jean et consulte son smartphone. Un monsieur fait s’élever au-dessus de la place des centaines de bulles de savon irisées.
Si les enfants nous accompagnent au musée des arts et des costumes populaires, au musée de la céramique et au musée d’art moderne situé dans un ancien monastère, à l’aquarium conçu autour du voyage de Magellan et de la sensibilisation à la pollution des océans, ils nous laissent visiter à deux le musée des Beaux-Arts. Celui-ci recèle la deuxième plus grande collection de peinture d’Espagne. J’y apprends qu’après avoir envoyé son armée ensanglanter l’Espagne pour y placer son frère Jérôme sur le trône, Napoléon a fait transférer à Paris une quantité très importante de toiles de peintres majeurs.
Avant de partir à l’assaut de la collection permanente, nous allons admirer les oeuvres du sculpteur Juan Martinez Montanés né en 1568 et mort en 1649. Montanés était réputé pour sa maîtrise de l’anatomie. Les corps sont remarquablement bien proportionnés. Les muscles semblent sur le point de se contracter. Le bois paraît vivant. En sortant du musée, installés sous deux immenses arbres aux lianes (une variété de ficus) des artistes exposent leur travail. Ils sont très talentueux! Un peintre est habillé comme un berger basque. Il ne lui manque plus que le chien et le troupeau.
Nous aimons tout particulièrement le quartier de Triana dans lequel vivaient les Gitans et qui a vu naître le flamenco et la tauromachie. Là encore, des ruelles ensoleillées, des églises habitées, des balcons couverts de fleurs et de plantes grasses et des maisons colorées. Triana est aussi le quartier des céramistes. Les artistes ont rivalisé de créativité pour imaginer de splendides azulejos.
Nous arpentons tous les marchés de la ville dont les étals regorgent de légumes, de fruits, d’épices et de poissons. Comme en Amérique du Sud, on peut déjeuner dans le marché. Les produits passent alors directement du banc à l’assiette. Ces marchés rappellent que l’Andalousie est une terre maraîchère sur laquelle on n’hésite pas, comme dans le Sud de l’Italie, à faire travailler comme des esclaves des hommes et des femmes venus de plus en plus souvent de l’autre côté de la mer. On sait aussi l’usage immodéré qui est fait de produits chimiques (pardon…phytosanitaires!) employés pour rendre les fraises et les framboises obèses. Je n’ai pas la naïveté de considérer que tout ce qui est estampillé « bio » est forcément de qualité et, par ailleurs, l’étiquette « bio » est souvent injustifiée. Comment se dire en « bio » quand les exploitants environnants continuent de recourir aux produits chimiques? Les produits chimiques sont comme les virus: ils ne connaissent pas de frontière et le vent les disperse très facilement.
Calle Menendez Pelayo, dans un ravissant patio, nous faisons notre meilleur repas de tout le séjour. Le restaurant s’appelle Junta de Andalucia. C’est dans cet endroit que Bizet a imaginé la rencontre explosive entre la sensuelle bohémienne, Carmen et le superbe Don José. Carmen était une cigarière. Elle travaillait dans la manufacture de tabac, incroyable bâtiment baroque édifié sous Philippe V. Cet immense édifice est devenu le siège de l’Université de Séville. Sur les conseils de Laëtitia, professeur d’Espagnol et pour saisir le parfum très ancien laissé par Soline, la marraine de Céleste, qui y fut étudiante, nous allons la visiter.
L’Université passionne moins Victoire que le plat qu’elle commande à la Junta de Andalucia: un millefeuille d’aubergine avec de la queue de taureau. Louis, lui, qui est servi en dernier et a amplement pesté, se délecte de son morceau de boeuf mariné dans une sauce soja et dont la cuisson rappelle celle des viandes en Argentine. Faisant une entorse à mon régime végétarien, je me laisse tenter: un authentique délice!
Séville regorge d’orangers. Les arbres sont déjà couverts de lourds fruits ou alors de petites fleurs blanches. C’est merveilleux de marcher sous les orangers et de sentir le parfum des fleurs. Comme à Palerme, on trouve ces immenses arbres aux lianes dont la couleur de l’écorce évoque celle de la peau d’un éléphant. Les lianes retombent vers le sol dans lequel elles s’enracinent. Ces arbres sont somptueux et leur ombre doit être une bénédiction quand la chaleur accable la ville et ses habitants.
Bien qu’un quart gardoise, je n’ai pas le coeur à attendre sous le soleil pour entrer dans la Plaza de Toros de la Maestranza. Les murs sont d’un blanc qui fait mal aux yeux. La blancheur est renforcée par les taches d’ocre jaune et de rouge sang de boeuf. C’est devant ces arènes où se déroulaient des courses de taureaux que Don José a porté à Carmen le coup qui lui serait fatal. En face de la Puerta del Principe, sur les bords du Guadalquivir, se dresse fièrement une statue de Carmen. Sur le socle, aucune référence à Mérimée ou à Bizet qui l’ont rendue si célèbre. Les Andalous ont assez souffert du petit ogre impérial pour avoir envie de rendre hommage à des artistes français!
Le soir, avant le dîner, nous nous installons à la terrasse très animée du El Baron Rampante. Le bar qui sert aussi tout un assortiment de tapas (qui n’ont plus rien à voir avec celles que j’ai connues de l’autre côté de la frontière basque espagnole et pourraient être rebaptisées tapasnomiques) est très animé. Tout en sirotant une pina colada ou en verre de vin blanc doux, nous nous amusons à regarder les occupants des tables voisines, plus des « locaux » que des touristes. Les hommes portent presque tous des barbes remarquablement taillées. Je suis impressionnée par la barbe rousse d’un bel homme au visage fin et aux yeux bleus accompagné de son amoureux portant également une barbe, mais brune. Les Sévillans sont des gens à la fois très dynamiques et accueillants. Dès que les Sévillans comprennent que nous sommes français, ils se mettent à nous parler notre langue. Ils sont toujours de bonne humeur en dépit de journées qui n’en finissent pas. Rares sont les habitants qui regagnent leur maison avant vingt-et-une heures. C’est un rythme très éprouvant, en particulier pour les enfants qu’on voit jouer tard dans les rues.
Au gré de mes lectures, j’apprends qu’en 1942, Franco a décidé de mettre l’heure de l’Espagne sur le même fuseau que l’Allemagne. Au Parlement, depuis de nombreuses années, des députés essaient de faire adopter des changements dans les horaires de travail pour à la fois rendre le quotidien moins éprouvant et, les mois d’hiver, faire des économies d’énergie. Pour le moment, l’Espagne résiste aux changements même si certaines entreprises privées ou administrations ont fait le choix de faire commencer les salariés ou fonctionnaires à 7h00 pour les libérer à 14h00. Cela permet d’éviter la coupure de trois heures dans l’après-midi.
Comme les Provençaux, les Espagnols de Séville vivent beaucoup à l’extérieur des maisons. Le matin, on voit des groupes de retraités installés à la terrasse des cafés pour y partager leur petit déjeuner. Les restaurants sont pris d’assaut à l’heure du déjeuner. A la sortie de l’école, les enfants goutent et jouent dans les jardins. Le soir, les glaciers font recette et les chiens se promènent. Les Andalous aiment particulièrement les lévriers (sauf quand ils sont destinés à chasser les lapins car, alors, en cas d’échec vécu comme une humiliation pour le maître, l’animal est voué à un véritable martyr) et une race qui ressemble à un petit mouton.
A chaque fois que j’ai la chance de voyager et de voir vivre d’autres peuples que le nôtre, je me dis que nous sommes résolument une nation impossible et ingouvernable. Nous ne sommes jamais satisfaits. Nous ne réalisons pas la chance que nous avons de vivre en France. Nous avons du mal à nous montrer accueillants pour tous les étrangers qui font le choix de venir découvrir notre pays. Cela me désole! Quand nous étions enfants ma soeur et moi, nos parents nous disaient que lorsque nous voyagions ou que nous étions avec des étrangers en visite chez nous, nous nous devions de donner de la France la meilleure image possible. Nous étions en quelque sorte des ambassadrices. Je ne l’ai jamais oublié. Il faut dire que nos deux parents avaient un sens de l’accueil absolument remarquable!
Le retour en France est un peu long car nous transitons pas Lisbonne. Je rappelle à Stéphane que cela fait exactement 20 ans que nous passions quelques jours dans la capitale portugaise avant de gagner le Cap-Vert, lieu de notre voyage de noces. Un voyage de noces aux antipodes de ce qu’on peut imaginer. Nous transportions avec nous un canoë escamotable, cadeau des grands-parents de Stéphane, que mon désormais mari avait à coeur d’essayer avant que nous l’utilisions sur les eaux froides du Pacific canadien. Pendant ce séjour, peu de repos ou de romantisme. L’animal pesait le poids d’un âne mort et il nous valut toutes sortes de péripéties que je ne peux pas raconter ici. J’avais beaucoup aimé Lisbonne résolument tournée vers l’océan Atlantique mais avec quelque chose de méditerranéen. Le quartier d’Alfama qui a en partie brûlé depuis était magnifique!
A Orly, nous montons dans une fourgonnette conduite par un monsieur d’origine tunisienne. A mes côtés, un couple charmant. Ils étaient aussi à Séville. Ils sont français mais vivent à Bruxelles. La jeune femme, professeur de Français au lycée, me raconte que c’est leur premier long week-end en amoureux depuis la naissance de leur fils, Alexis, âgé de deux ans. Elle ajoute qu’ils attendent un second enfant pour juin. Les parents rapportent une petite guitare rouge à leur fils. Un joli cadeau. Nous nous quittons. Il fait froid. Cela ressemble à l’hiver. Nous sommes désormais bien loin de la chaleur andalouse.
Il est tard quand nous arrivons enfin à la maison. Nous avons quitté l’appartement à midi et il est maintenant vingt-deux heures. Fantôme nous fête. Un très bon dîner nous attend. Dommage que l’épidémie de coronavirus l’emporte sur le récit de nos aventures. Pas de robe de flamenco dans ma valise mais une eau de toilette à la fleur d’oranger. Son parfum me rappellera la douceur des marches dans les ruelles de Séville. Ce voyage m’a permis de sortir d’un état de profonde mélancolie. Si je ne me sens pas reposée, j’ai nourri mon esprit, éclairé mon regard, vécu à un autre rythme et marché autant que je l’aime. Le colza commence à fleurir sur une partie du plateau. La chasse est finie. De longs mois, j’ai tremblé pour « mes » chevreuils. Maintenant, ils vont pouvoir retrouver leur sérénité.
Anne-Lorraine Guillou-Brunner
PS: En faisant des recherches pour ma chronique, j’ai découvert que le parc de Sceaux organise sa fête des cerisiers en fleurs. C’est génial! Ce parc est superbe et on peut pique-niquer sur ses immenses pelouses.