A six heures, ce matin, le thermomètre acheté à Marseille affichait déjà vingt degrés. La canicule enveloppe presque tous les pays d’Europe et, en Grèce, autour d’Athènes, tant de malheureux ont péri prisonniers des flammes. Ce matin, avec Fantôme, nous avons été voir Muguette mais nous ne sommes plus autorisés à l’accompagner pour nourrir ses deux moutons, Kiki et Nénette. Le chien de chasse de son fils aboyait si fort que la malheureuse Nénette a vécu recluse sous un tracteur pendant deux jours. Nénette est terrorisée par les chiens depuis que l’un d’entre eux, entré dans l’enclos, a failli l’égorger. Fantôme est tout désappointé que nous n’allions plus les voir et que Muguette ne partage plus à parts égales les morceaux de pain dur entre ses moutons jumeaux et lui.
Maintenant qu’il fait très chaud, Muguette porte à même la peau sa robe d’intérieur, une robe sans manche à petites fleurs bleues. Les heures passées dans son potager lui ont donné une belle couleur caramel qui souligne ses cheveux gris d’argent portés toujours courts. Pour moi, Muguette est un mélange de deux femmes associées à mon enfance et à des vacances bretonnes: deux tantes de notre père et de son frère. Tante Constance, une soeur de notre grand-père et la marraine, une soeur de notre grand-mère chez laquelle notre père, son frère et leur cousin, Pierre dit Pierrot, se sont forgés de nombreux souvenirs. Tante Constance habitait à Concarneau. Sa vie de jeune femme commencée presque comme un conte de fée avait été fragilisée par les années de guerre, les années pendant lesquelles son mari avait été retenu prisonnier en Allemagne. Ce n’était plus le même homme qui avait regagné son Finistère natal, sa femme et leur fille demeurée unique et adorée par sa mère. La marraine et son mari n’avaient pas eu d’enfant si bien qu’elle avait reporté tout son amour sur ses neveux. Je l’ai toujours connue veuve, seule dans sa fermette avec une basse-cour pleine de vie et quelques vaches qu’enfant j’avais essayées de traire assise sur un trépied. Je retrouve dans le regard toujours si pétillant de Muguette l’intelligence qui éclairait les prunelles de tante Constance, la marraine de notre oncle et de la marraine, marraine de notre père.
Tante Constance était une citadine. La marraine était une campagnarde. La marraine portait invariablement la même robe à fleurs. Il me semble l’avoir toujours connue avec des chaussettes de laine glissées dans des sabots. Tante Constance et la marraine étaient des femmes dotées d’une énergie peu commune, d’une volonté farouche et d’une nature très indépendante. Il émanait de tante Constance une grande autorité naturelle. Il arrivait qu’elle me fasse un peu peur. La marraine était la bonté même. Tante Constance cuisinait à merveille les poissons qu’elle allait acheter le matin même sur le port. La marraine, elle, faisait venir une de ses amies qui nous préparait des crêpes délicieuses.
Muguette se retourne peu sur son passé ou alors par petites touches impressionnistes et sans nostalgie. Elle a un voisin du même âge qui l’agace à toujours convoquer leurs souvenirs d’enfance, ce monde agricole disparu où les hommes et les femmes battaient le blé au fléau et où on menait les chevaux au maréchal-ferrant. Muguette a bien conscience des avantages que le progrès a apporté dans les foyers. A quatorze ans, elle est devenue fille de ferme. Il y en avait des bouches à nourrir tous les jours et encore plus quand le temps des moissons revenait. Muguette se rappelle cette salade de betterave à sucre non cuite qu’on leur servait et qu’elle avait en horreur. Elle m’a raconté que tous les jours au moment de refaire les lits le draps du dessous prenait la place du drap du dessus qui, lui, venait occuper celle du drap du dessous. Muguette m’a raconté combien elle avait été horrifiée de découvrir dans une ferme un enfant handicapé attaché à une corde non loin des cochons et qui hurlait toute la journée. Elle était encore une très jeune fille et s’était demandée pourquoi les parents n’avaient pas tué leur enfant à la naissance plutôt que de le condamner à une existence si monstrueuse. Il était encore moins bien traité que les bêtes. Dans une ferme, autrefois, tout le monde se devait d’être utile. Comme il ne pouvait pas faire sa part, il n’avait droit à rien!
Muguette est veuve depuis quatre ans. Ses deux fils viennent souvent la voir et comme c’est une femme drôle, légère et non envahissante, elle reçoit beaucoup de visiteurs. Le matin, quand nous arrivons avec Fantôme, elle est dans sa cuisine. En écoutant les nouvelles diffusées sur radio bleu, elle fait cuire des haricots verts ou des oeufs durs. Toutes les semaines, Muguette « fait les poussières » et tous les quinze jours, elle s’attelle à ses cuivres qui brillent comme des soleils sur les murs de sa salle à manger.
Muguette n’avait aucune passion pour le potager et le jardin. C’est à la mort de son mari qu’elle a commencé à s’y mettre et maintenant elle ne pourrait plus s’en passer. Le potager ou le jardin donnent un cadre, rythment une journée, maintiennent en forme physiquement et moralement. Les pieds de canas que Muguette m’a donnés et que Stéphane a replantés souffrent un peu de la chaleur. J’espère qu’ils vont survivre à notre absence. Normalement, l’année prochaine, ils devraient donner de jolies fleurs oranges.
Ce matin, avant de partir au marché, j’ai été cueillir des mirabelles. Louis en raffole. J’aurais aimé en faire une tarte mais l’utilisation du four est condamnée avec une telle chaleur. Sur la mezzanine, Théo et Louis ont fabriqué une cabane. Tout à l’heure, mes patients souriront en la voyant.
Vendredi, en fin de matinée, nous prendrons la route des vacances. Le coffre sera plein des affaires de camping pour la marche dans les Cévennes. Notre pauvre Fantôme aura juste assez de place pour s’étendre. Nous nous arrêterons dans l’Ain où nous retrouverons nos filles après un mois de séparation. Notre Louis, très démonstratif, se précipitera vers Céleste et Victoire et les serrera très fort contre lui. Entre la Haute-Corse et l’Ain, les enfants s’en seront donnés à coeur joie! Chez leur mamie, au pays des grenouilles, les enfants aiment par dessus-tout retrouver tous les cousins et les amis en villégiature chez leurs grands-parents respectifs. Jade et Yanis chez Marie-Thé, l’amie et voisine directe de leur mamie. Zoé, la fille de Sophie, la cousine de leur papa et de leur tante arrachée si violemment à la vie dans les semaines ayant suivi la naissance de son bébé. Et, cette année, Emilie et Nicolas, les enfants d’une cousine germaine, Marie-Laure. Libres, les enfants passent d’une maison à une autre, d’une piscine à un étang, d’un vélo à un pédalo. Je pense à Sophie et à la joie qu’elle aurait de voir tous les enfants réunis et perpétuer le petit groupe que ses cousins, les enfants de Marie-Thé et de René et elle avaient constitué. En qualité d’aîné, c’est Stéphane qui dirigeait la bande. Tous se pliaient à ses désirs.
Après l’étape bressanne, nous continuerons notre route jusqu’à Pont-Saint-Esprit, dans le Gard rhodanien. Nous y retrouverons une grand-mère qui aura tout juste eu le temps de refaire les lits et de ranger sa maison après le départ de sa seconde fille et de ses trois enfants. Nous serons heureux de partager des moments agréables avec des amis chers, de nous promener entre les allées du marché et, le 3 août, jour de l’anniversaire de notre mère, nous serons tous installés sur les gradins du théâtre antique d’Orange et assisterons à la projection du film de Disney « Fantasia » dont les morceaux de musique seront interprétés par l’orchestre national de Lyon. Notre grand-mère, disparue voici dix ans, offrait souvent à sa fille des places d’opéra pour son anniversaire. Le temps est amplement venu pour moi de prendre le relais. Du cinq au douze août, nous marcherons avec des amis, leurs enfants et des ânes sur le chemin de Stevenson. Nous renouerons avec la vie en pleine nature et les enfants seront momentanément privés de téléphone.
A deux jours du départ, je partage avec vous une chronique écrite en septembre 2010 et qui raconte des souvenirs de bouts d’été passés dans l’Ain avec les enfants. J’y ai été souvent seule avec mon beau-père et les journées me semblaient parfois bien longues. Ce qu’il y a de merveilleux quand on prend le temps d’écrire pour fixer ses souvenirs, c’est qu’on peut ressusciter son passé et retrouver tout un monde de sensations et d’émotions. En 2010, notre Céleste avait sept ans, notre Victoire cinq ans et demi et notre Louis deux ans et demi. Fantôme n’était pas encore entré dans notre vie.
« Allez, les enfants, on y va ! On va chercher le pain au village. » Ces deux phrases, une maman les aura prononcées pas moins de dix-huit fois entre les mois de juillet et d’août. En général, il était dix heures passés quand, enfin, le convoi se mettait en branle. Avant, il avait fallu courir après les chaussures que numéro un avait pu tout aussi bien abandonner au fin fond du potager, dans un périmètre délimité par le parterre des fraises et celui des tomates cerise, au pied du trampoline ou bien encore sous les pédales du piano, dans l’atelier imprégné d’odeurs d’huile de lin d’un papy. Numéro trois commençait, lui aussi, à laisser choir, à peine assis, chaussures et chaussons, sous les tables. Si la génétique pouvait expliquer ce besoin d’aller nus pieds, le gène avait dû être hérité d’une mamie et, finalement, la maman se demandait si cette difficulté à avoir les pieds prisonniers dans des souliers, aussi légers soient-ils, ne venait pas signer des personnalités libres et rebelles à certaines règles établies.
Avant de voir le lourd portail s’ouvrir, il fallait encore attendre que numéro deux ait installé ses bébés à l’avant ou à l’arrière de sa bicyclette. Les préparatifs n’en finissaient plus quand numéro deux s’était mis en tête de tirer un landau attaché à l’arrière de son vélo par une corde à sauter. Numéro trois, lui, assis depuis un gros quart d’heure sur son tricycle, piaffait d’impatience. Il était encore trop jeune pour penser qu’avoir deux grandes sœurs n’était pas toujours une sinécure. Souvent, le matin, dans l’Ain, il soufflait un petit air frais. La maman obligeait ses enfants à enfiler un gilet qu’ils auraient enlevé avant même d’avoir atteint la fin de la première grande ligne droite. Numéro un et numéro deux faisaient la course en tête tout en essayant de rester le plus près possible du bord de la route. Dans son tricycle, numéro trois n’essayait même pas de pédaler seul. Il laissait sa maman le pousser. Il l’entendait pester quand sa difficulté, à lui, de maintenir son volant droit les faisait zigzaguer. Quand elle était fatiguée de déployer autant d’efforts pour le faire avancer droit, que quelque part, là-haut, dans son épaule droite, la douleur augmentait, elle faisait décoller du sol la roue avant. Il ne s’en apercevait pas tout de suite. Elle soufflait. Puis, toujours trop vite, il lui disait « pose-moi ! pose-moi ! », elle le posait et la douleur revenait.
Le plus souvent, la maison tout juste quittée, on s’arrêtait pour dire bonjour à deux gros et gentils chiens : un bouvier bernois et un golden retriever. Tous les deux, dés qu’ils apercevaient l’aréopage d’enfants, s’approchaient, avec nonchalance, de la grille en fer forgé noir. Le golden retriever laissait tomber sur les gravillons de l’allée, un vieux ballon de rugby tout dégonflé. La grande grille rendait impossible tout espoir de jeu complice entre les enfants et les chiens. Alors, les enfants se contentaient de quelques tendres caresses. Au bout de quelques minutes, les enfants remontaient sur leurs vélos. Les deux chiens retrouvaient leur place, à l’ombre d’un tilleul.
Avant le stop, on prenait à droite. On traversait ce que la maman avait baptisé « la forêt des guilis », une haie en cyprès de Leyland dont les doigts branches caressaient très agréablement les bouts de peau dévêtue. Si, d’aventure, la haie avait été coupée, les enfants étaient tout désappointés. On faisait encore deux étapes pour embrasser deux jeunes octogénaires débordant de joie de vivre et d’allant. Numéro deux faisait admirer ses belles robes et ses bébés confortablement installés dans le landau. Numéro trois commençait toujours par faire mine de refuser de donner un baiser, puis, venait se précipiter dans les bras largement ouverts. Numéro un était pressé de s’élancer dans la descente. Les enfants se voyaient offrir des bonbons. On se remettait en route après s’être souhaité une très bonne journée et avoir, notamment, échangé autour des couleurs du ciel. Dans la descente, les filles se laissaient glisser avec joie. Elles avaient ordre de mettre pied-à-terre à chaque intersection. À l’approche de la petite gare, on passait sur le pont, au-dessus des rails, et les filles expliquaient à leur petit frère que c’était là que leur papa prenait le train pour aller au collège. Numéro trois était ravi quand un TGV filait si vite qu’il était matériellement impossible de compter le nombre de wagons.
On arrivait sur la place du village. On admirait le toit en tuiles vernissées de la petite église. Les enfants savaient que leurs parents s’étaient mariés là. Les villageois se rappelaient, peut-être encore, le concert de tambours burundais qui avait accueilli leur sortie. Il faisait chaud. Les tambourinaires avaient joué longtemps. Sur les photos, les traits des mariés étaient figés et leurs sourires forcés. C’était bien plus tard, dans la nuit, qu’ils avaient pu apprécier la chaleur envoûtante des rythmes burundais et pu communier, en pensée, avec l’ami cher auquel les autorités helvétiques avaient refusé la possibilité d’une escapade de deux jours.
Les enfants pédalaient en direction de la supérette. Ils farfouillaient dans une boîte en plexiglas et en sortaient la sucette de leur choix : vanille-fraise pour les filles et coca-cola pour le petit garçon. Avec la chaleur, les papiers fins d’emballage coloré collaient aux bâtons des sucettes. Avant que le petit garçon, dans un mouvement d’humeur, n’ait jeté par terre sa sucette et, se prenant pour le chanteur Helmut Fritz, poussé un terrible « ça m’énerve ! », la gérante s’était emparée des sucettes et attaquait les papiers avec une paire de ciseaux. Les enfants disaient au revoir. Le petit garçon secouait vigoureusement sa menotte gauche.
En sortant, il admirait les bouteilles de gaz, aussi merveilleuses, dans son imaginaire, que les extincteurs et les horodateurs. Des mots dont il se gargarisait depuis qu’il les prononçait parfaitement. A nouveau, on traversait la place accueillant le marché le vendredi matin. On poussait la porte de la pâtisserie. On y achetait brioches ou tarte au sucre, tartelettes aux framboises ou biscuits à la cuillère. Il fallait toujours rappeler le trio à l’ordre qui imprimait les marques de ses doigts sucrés sur toutes les vitrines et voulait grimper sur le comptoir. Puis, les trois enfants se chamaillaient car tous voulaient donner les sous, récupérer la monnaie, porter les gâteaux et donner à leur père le sachet de biscuits à la cuillère. La dernière étape était pour la femme du boulanger. Elle revenait de vacances. Elle avait aimé le grand air de la montagne, bénéfique à tous les membres de la famille. Chez elle, on attendait longtemps. Elle n’était pas pressée. Elle prenait le temps d’échanger. On lui achetait un gros pain de campagne et une baguette. On avait pris soin de laisser dehors les bonnes choses achetées au pâtissier.
Une fois, pendant le séjour, les enfants étaient autorisés à aller au café faisant aussi office de tabacs et de maison de la presse. Dans l’air flotterait, sans doute à vie, cette odeur de tabac froid, de pastis et de vieilles graisses. C’étaient toujours les mêmes habitués qui levaient la tête pour saluer l’entrée du trio. L’ambiance était calme. On aurait pu se croire dans un roman de Simenon. Elle se rappelait que lorsqu’elle fumait encore et était célibataire, elle venait boire son café au comptoir et fumer sa première cigarette de la journée. Le matin était petit. Elle aimait penser que si « tous les matins du monde sont sans retour », le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Ensuite, elle remontait avec la presse du jour, des croissants chauds qui feraient des taches de beurre sur le papier blanc et du pain frais.
Tandis qu’elle essayait de trouver une revue, les enfants farfouillaient au rayon cartes postales. Sachant lire, numéro un se débrouillait seul. Numéro deux et numéro trois lui tendaient, à tour de rôle, des cartes de condoléances et de naissance, de mariage et d’anniversaire. Parfois, aussi, leurs naïves mains sortaient des rayonnages des cartes de jeunes femmes très légèrement vêtues, exhibant leurs formes rebondies sur des plages désertes ou des sommets enneigés! Les enfants finissaient par trouver leur bonheur et si les cartes étaient souvent aussi vilaines qu’elles étaient chères, la maman ne disait rien.
Dans la montée, les enfants ne se plaignaient pas. Numéro un et numéro deux continuaient à faire la course en tête. La maman guidait toujours, de sa main droite, numéro trois sur son tricycle tout en tenant, côté gauche, les gilets, le gros pain et les gâteaux. Souvent, on avançait derrière les deux employés municipaux arrosant les compositions florales. Cela amusait les enfants, les filets d’eau s’écoulant des suspensions. Ils jouaient au jeu de « qui passerait dessous sans se faire mouiller ». L’école maternelle, « les marmousets » était particulièrement bien fleurie. La dernière fois qu’ils en avaient longé les murs, les fenêtres des classes étaient largement ouvertes sur la cour de récréation. La rentrée se profilait. En arrivant devant l’endroit où travaillait leur père, les enfants abandonnaient leurs vélos, prenaient d’assaut l’escalier menant au bureau et apportaient le sachet de biscuits à la cuillère.
Les deux gros chiens avaient quitté l’ombre du tilleul. On ne les voyait pas dans le jardin. De l’autre côté de la route, des ronciers couverts de mûres leur faisaient signe. En quelques minutes, numéro un avait ramassé une belle poignet de fruits noirs, numéro deux s’était égratigné le bras sur les ronces et numéro trois avait les doigts maculés de taches violettes.
Enfin, le portail semblant isoler la maison du reste du monde était en vue. À tour de rôle, les enfants faisaient sonner la grosse cloche installée par papy et mamie, une magnifique cloche qui avait dû, longtemps, se balancer à l’ombre du clocher d’une petite chapelle. Après quelques minutes, on se serait attendu à voir apparaître un frère dominicain mais personne ne venait leur ouvrir et rarement ce coquin de papy qui ravissait au jour les heures de sommeil que la nuit lui avait volées. Heureusement, on avait un bip que les enfants se seraient fatalement disputés si on n’avait pas instauré un système de roulement.
Il était onze heures trente. Les enfants avaient eu chaud. Ils se dirigeaient en direction de la piscine. De l’autre côté de la haie, quatre petits-enfants s’ébattaient déjà joyeusement dans la leur , sous le haut patronage de leurs grands-parents. Dans une minute, de l’autre côté de la maison monterait un « maman, tu peux ouvrir le rideau de la piscine ? ». Le rideau enroulé, on entendrait encore « maman, il faut enlever le robot », puis, « maman, maman, viens vite voir! Il y a un lézard au fond de l’eau. Il faut le sauver ! Vite ! » et aussi « maman, tu peux me mettre mes brassards ». Et la maman de penser : « que ne suis-je pas Shiva ? ».
Anne-Lorraine Guillou-Brunner