Chronique d’un retour difficile sur Ar-Men

plateau vert et gris.jpgVoilà, c’est fait : la porte de ma cellule s’est refermée sur moi et, du monde, je ne perçois plus qu’une faible lumière depuis ma petite fenêtre. J’ai rejoint mon Ar-Men, la maison plantée sur un plateau exposé au vent mauvais. Un plateau comme un océan céréalier balayé, trop souvent, par des nappes de pesticides. Cela fera douze ans en septembre que nous avons posé nos bagages ici et cela fera douze ans que tous les retours me font souffrir. Jour après jour, je m’efforce de saisir des éclats de beauté dans ce paysage si linéaire où l’homme a gagné ses terres sur la forêt. Ce matin, sans doute parce qu’ils savaient mon cœur lourd et mes pensées grises, des chevreuils nous attendaient Fantôme et moi à l’orée d’un bois. Et puis, Baba, le pur-sang arabe nous a vus et il s’est mis à galoper en hennissant. Et puis, plus loin encore, j’ai vu Mireille qui avait été chercher ses deux petits-enfants et s’inquiétait pour son petit-fils, asthmatique, qui avait au réveil plus de 40° de fièvre. Son médecin traitant, qui est aussi le nôtre, avait dû partir marcher avec sa femme quelque part dans l’un de ces pays du Nord qu’il affectionne tant et, aux urgences, elle risquait d’attendre très longtemps. Je lui suggérais d’essayer la nouvelle maison de santé à Montargis.

Queyras.jpgMaintenant, je suis dans mon Ar-Men. Mon mari est retranché dans son bureau, son Finistère, au fond du jardin, et deux enfants sur trois sont réveillés. Ma mère va partir pour Sceaux avec ses petites-filles et Louis a un de ses amis qui a déménagé en septembre qui vient à la maison jusqu’à mercredi et, ensuite, c’est Louis qui ira chez son ami jusqu’à vendredi. Tandis que j’écris, dans les champs, on s’active. Je sursaute. Le fils agriculteur qui reprend avec son cousin l’exploitation de son père et de son oncle projette des billes blanches sur ses terres. Avec son tracteur, il passe au plus près de la route pour traiter les « barquettes » et les billes ricochent sur la fenêtre de mon bureau. Quand la chasse, enfin, va prendre fin, l’agriculture soit disant raisonnée reprend de plus belle. Si c’était à refaire, jamais, je ne viendrais vivre dans le plus grand grenier céréalier d’Europe et je ne choisirais pas davantage une région dédiée à la vigne et aux fruitiers ou à l’exploitation intensive des porcs dont les algues vertes empoisonnent les plages bretonnes…J’irais vivre dans le Queyras ! Maintenant que les géants Bayer et Monsanto s’unissent, essentiellement pour le pire, ils vont donner naissance à des générations de monstres !

Eglise Mezeriat.jpgJ’ai revêtu mes habits de sophrologue en sabots. Aujourd’hui, je ne vous raconterai pas notre magnifique séjour dans le Queyras, à Molines, ni tout ce que j’ai revécu dans l’Ain, au pays des grenouilles, des poulets pattes bleues et des cheminées sarrasines, en marchant avec Fantôme sur ce chemin que j’ai emprunté des centaines de fois en été avec un enfant puis deux puis trois. Tant de souvenirs, d’histoires inventées pour donner de la magie à ce qui était « LA » grande sortie de la journée jusqu’au cœur du village. Je ne vous dirai pas ce que j’ai ressenti à la vue du cimetière dans lequel reposent désormais pour l’éternité les grands-parents de mon mari, une cousine, Sophie, un cousin, Baptiste, et son père. Non, je vous raconterai tout cela la prochaine fois.

Ladakh.jpgAujourd’hui, je veux vous parler de ces rêves d’ailleurs que je fais tous les jours depuis que je vis ici. Rêves de voyages au long cours, de petites évasions à Paris ou dans une capitale européenne, de marches en montagne en dormant dans des refuges. J’entreprends tous les jours des voyages immobiles. Dans mon métier, je fais également beaucoup voyager mes patients depuis un divan drapé d’un tissu acheté dans la ville de Leh, au Ladakh, dans le nord de l’Inde. Jules Verne avait imaginé un voyage au centre de la terre, de mon côté, pour chacun de mes patients, je couds, en fonction de ses souvenirs, de ses goûts, de ses rêves, des voyages au cœur d’eux-mêmes. Tandis que, grâce à mon mari, j’entreprenais un tour du monde sur un mode sportif et « roots », je me découvrais une vraie passion pour le voyage au long cours. Le voyage sans montre sans réservation. Le voyage dans la liberté ! J’étais entrée à reculons dans ce rêve que mon mari portait en lui et qui portait mon mari depuis ses 20 ans. Je ne voulais plus en sortir. Au bout d’un an, j’étais bien tentée de jouer les prolongations en Afrique. L’Ethiopie et le Mozambique m’attiraient tout particulièrement. Mais, il faut savoir rentrer quand on est au sommet de la vague et, à la fin de l’aventure, indienne, nous l’étions.

défi Baïkal.pngQuand on a un mari qui s’en va assez souvent et qui, vendredi, s’envolera pour la Sibérie avec tout un groupe constitué de sportifs non entendants et non voyants et de sportifs « valides » dont Jean Nerva, Olivier Weber, Pierre Muller et un journaliste de RFI, d’origine algérienne très inquiet à l’idée d’endurer le froid extrême, rester est encore plus difficile. Je n’ai pas et n’aurai jamais l’âme d’une Pénélope. Déjà, pour être une Pénélope, il faut savoir tisser un linceul et je n’ai pas hérité les talents de mes deux grands-mères.

demenageur breton.jpgDepuis que je suis née, je ne voyage pas, je déménage. Ce n’est pas la même chose. J’ai appris l’art de l’adaptation rapide dans des endroits inconnus sans savoir pour combien de temps. Je suis passée maître dans l’art de l’équilibrisme ! Ici, nos enfants font pousser leurs racines. Ils ont les mêmes amis depuis qu’ils sont entrés à l’école et ils ont des repères forts. Cela a été également le cas de leur papa. Ils ont ce que je n’ai pu construire qu’après avoir passé mon bac et être venue à Paris pour y mener mes études supérieures.

maintenant qu'on est là.jpgAujourd’hui, je vais vous parler de voyages immobiles au travers d’une nouvelle que j’ai écrite à une époque où je ne dormais pas la nuit. Epoque où j’ai baptisé mon bureau « Ar-Men » car je me sentais vraiment une âme de gardienne de phare et que la nuit, par vent puissant du nord, la maison craque et vibre. Cette nouvelle figure au nombre de celles qui ont été publiées dans un recueil intitulé « maintenant qu’on est là » (ce qui veut dire, maintenant qu’on est là, en vie, sur cette terre, il faut se donner tous les moyens d’être heureux et d’avoir une belle vie en restant toujours ouvert aux autres, en ayant à cœur de partager son bonheur) et qui a été publié par deux belles personnes, Marie et Sabrina, qui étaient à la tête des Pétroleuses. Malheureusement, la maison d’édition n’a pas tenu face aux géants de l’édition. J’espère qu’elle vous plaira. Quand je l’ai écrite, j’ai beaucoup pensé à toutes celles et à tous ceux qui ont vécu ou vivent l’emprisonnement, emprisonnement carcéral mais aussi emprisonnement du corps. Cette nouvelle s’intitule « Escales imaginaires ».

Depuis mon stupide accident, ma chaise et moi ne faisons plus qu’un. Elle est devenue ma compagne attitrée, ma froide « personne par destination ». Ce sont les juristes qui en ont décidé ainsi. Les malheureux, il ne faut pas leur en vouloir. Prisonniers de catégories héritées du droit romain, ils essaient de tendre des ponts entre les personnes et les choses.

J’étais sur ma moto. Ma vitesse était normale et mon casque à visière, fermement attaché. La route était sèche et le ciel clair. La rentrée était passée depuis trois semaines. L’anticyclone des Açores ne voulait pas nous lâcher. Mes petits élèves du cours préparatoire sauraient lire pour Noël. Et puis, tout à coup, la voiture a surgi d’une allée privée, sans crier gare. Je n’ai rien pu faire pour l’éviter. Le choc a été très violent. La conductrice était âgée. Etendu sur l’asphalte, avec déjà le pressentiment qu’il y aurait toujours une vie avant et une vie après l’accident, je l’entendais qui hurlait : « Ma voiture ! Ma voiture ! Elle est fichue ! Comment ferai-je sans elle ? ». De toute évidence, qu’un homme jeune gise, par sa faute, sur le macadam et qu’il ne puisse plus bouger ses jambes, lui était tout à fait égal. On s’est occupé de moi. Elle a fait une crise de nerfs. Nous avons été hospitalisés au même endroit. Elle, en service de séjours courts et moi, dans celui des séjours longue durée. Elle n’a jamais souhaité avoir de mes nouvelles. Je me suis demandé à quoi pouvaient ressembler ses nuits avec, sur la conscience, les deux jambes d’un homme et une chaise roulante comme nouveau moyen de locomotion.

Au début, j’ai pensé que je n’y arriverais pas, que je ne saurais pas exister avec ce handicap. En même temps, bizarrement, je ne ressentais aucune colère. Je n’en voulais pas à la terre entière. Je ne suis pas, non plus, passé par une phase de solitude profonde. La convalescence a été longue, la rééducation douloureuse. Mes journées étaient si remplies que je n’avais pas le temps de réfléchir. Plus les muscles du bas de mon corps fondaient et plus ceux du haut de mon corps gagnaient en puissance. Les ampoules de mes mains avaient cédé leur place à une peau tannée comme celle d’un vieux cuir. Mes paumes n’étaient plus celles d’un jeune professeur des écoles mais plutôt celles d’un docker habitué à décharger les gros ventres des cargos dans le port de Hambourg, de Rotterdam ou d’Amsterdam.

En classe de seconde, le livre de Pierre Loti, « pêcheur d’Islande » avait changé ma vie. Depuis cette époque, je rêvais de voyage au long cours. J’en avais déjà réalisé quelques uns. Mon bac décroché, je formais ma jeunesse tous les étés. Je partais toujours seul, comme mon père au même âge. Je voulais faire des rencontres mais n’avais pas envie de partager mon quotidien avec un compagnon de route. Je n’emportais pas de guide. Je ne préparais rien. J’aimais ressentir cette poussée d’adrénaline quand je quittais les grands volumes d’un aéroport international pour partir à la découverte d’une capitale. Qu’elle soit grande ou petite, je ne prenais jamais de taxis mais toujours des bus avec des locaux, histoire de prendre sans tarder le pouls du pays, sa température interne. Je mentirais si je disais que je n’ai jamais eu peur. Bien sûr que j’ai eu peur, parfois, même très peur quand j’attendais un improbable bus sur une sorte de nationale mal éclairée et que j’étais seul, vraiment seul dans une nuit aussi noire qu’humide. Parfois quand le bus enfin arrivait, je n’étais pas plus tranquille. Seul blanc à bord, je sentais tous ces yeux braqués sur moi. Il m’est arrivé de passer la nuit dans des endroits absolument sinistres, des hôtels où dans la chambre à côté, une femme publique ravalait ses larmes et taisait ses cris quand l’homme qui, tout à l’heure la paierait, la possédait tout en la brutalisant. Je ne fermais pas l’œil et ma voisine de palier, elle, au réveil, avait les yeux fermés par les coups reçus.

Aujourd’hui, je sais que, physiquement, je ne voyagerai plus. Je ne montrai plus dans des avions. Je ne connaîtrai plus le bonheur de ressentir un pays par le filtre des cinq sens. Je ne supporterais pas d’être entravé dans mes mouvements, de dépendre de quelqu’un dans mes déplacements.

Depuis l’accident, je pense beaucoup à mon père qui aimait le temps, pas celui qui passe et nous broie mais celui qu’il fait. Il aimait les ciels changeants, les avis de tempête en mer d’Iroise, les moutons ondulant au large de la pointe du Raz, les arbres imaginaires torturés par le vent breton, le bruit de la pluie tombant sur le toit en ardoises de la ferme de sa marraine, les rayons du soleil s’étendant sur l’océan et ressemblant aux doigts des mains de Dieu, les éclairs zébrant les nuits d’août et tuant, autrefois, les paysans portant de grosses boucles d’argent à leur ceinturon.

Maintenant que je suis rentré chez moi et en attendant que le rectorat me trouve une nouvelle affectation, j’observe le temps depuis la fenêtre du salon. Puis, au bout d’un moment, je laisse mon esprit large, mon esprit du large, m’emmener en voyage. Faute de pouvoir reprendre la route, je décide de commencer un tour du monde imaginaire. Je pourrai voguer d’un point à un autre de la planète, sans me soucier de formalités administratives, de réservations de billet, de valises, de chambres d’hôtel, de maladies tropicales et de décalage horaire. Je n’aurai qu’à me fier à mon astrolabe intérieur, ma boussole fictive. Je pourrai, en un clignement de paupière, passer d’un continent à un autre, d’un océan à une mer, d’une barrière de corail à une chaîne de montagnes.
 

Je fais tourner ma mappe monde. Mes yeux s’arrêtent sur un confetti jeté dans l’océan atlantique. Je m’installe confortablement dans mon fauteuil. Je me détends intégralement. Je ferme les yeux. Je pars.

 

Ma première escale a pour nom Horta, sur l’île de Faial. J’y passe des moments en dehors du monde, en dehors du temps, dans des endroits à la marge. Dans des tavernes d’un autre âge, prisonnier volontaire des airs de sodade pleurés par des marins cap verdiens, j’écoute les récits de vieux, très vieux pêcheurs de baleines. Je ne serais pas surpris que l’un d’entre eux soit la réincarnation du capitaine Achab. Il donne vie à toutes les Moby Dick des océans. J’écoute, aussi, des capitaines de cargos, gros comme des cachalots, avant la grande traversée de l’Atlantique. La plupart s’essaient à la fuite d’eux-mêmes tout en sachant le combat perdu d’avance. Ne finit-on pas toujours par être rattrapé par ce qu’on espérait tenir à distance ? Je regarde, moitié troublé moitié touché, ces femmes comme ils s’en trouvent à tous les points cardinaux pour consoler des solitudes qui, parfois, ne sont pas seulement subies mais un choix de vie. Leur regard est triste, souvent inhabité. Même si on finit par s’y habituer devant l’incapacité de faire autrement, c’est inhumain de n’être qu’un moment dans la vie d’un homme.

Pourtant, certains soirs, sans raison apparente, je sens que certaines voudraient trouver la force de tout envoyer promener, qu’elles rêveraient de se réveiller avec un corps vierge, un corps qui n’aurait jamais été traversé, de part en part, par des centaines, des milliers de sexes étrangers. Désespérément, elles rêvent un corps lisse, une mémoire sans souvenir. Elles rêvent d’effacer leur passé de femmes publiques, tout gommer, jusqu’à la première caresse monnayée et repartir, lavées, droites et fières, vers un avenir choisi.

Un nouveau jour pointe. Voiliers et cargos lèvent l’ancre. La place ne reste pas vide longtemps. Déjà, les silhouettes épurées d’autres bateaux se détachent au loin. A leur bord, d’autres hommes abandonnés à la solitude des océans, hantés par des parfums de femme, avides de rondeurs et d’humidité. Je sors à mon tour. Je m’arrache à ce lieu étrange. Je regagne ma couchette. Je m’y endors d’un sommeil sans rêve. Demain, nous mettons le cap sur la mer Egée.

 

Mon songe est si profond que je n’entends pas tout de suite la sonnerie du téléphone. Mes yeux s’ouvrent péniblement. La pendule indique quatorze heures trente. Il ne m’aura fallu que trente petites minutes pour vivre cette escapade atlantique. Dans un état encore second et avec une voix mal assurée, je décroche.

 

-Allo ?

Une femme est de l’autre côté du fil. Je ne lui donne pas plus de trente ans. Sans trop savoir pourquoi, je la vois brune, avec des cheveux retenus en un chignon malhabile, des yeux noisettes, des pommettes hautes, des lèvres fines et un chemisier blanc ouvert sur une peau pâle. Alors que mon imagination est en passe de continuer son exploration, de descendre les derniers boutons du chemisier pour savoir ce qui se cache sous le bureau, un second « allo » me fait sursauter, suivi, très vite, d’un « pardonnez-moi. Je vous dérange, peut-être ? ». Je m’entends lui répondre « euh, non, pas du tout ». « Je vous téléphone de la part du recteur. Nous avons une offre à vous faire » poursuit-elle.

-Oui, je vous écoute.

-Vous parlez bien le Portugais ?

-Oui, en effet. Ma mère était portugaise. J’ai grandi dans les deux langues.

-Et bien, un poste est à pourvoir au Brésil, à l’école française de Rio. Bien sûr, vous n’êtes pas obligé de me donner votre réponse tout de suite. Vous avez quelques jours pour y réfléchir ».

Je raccroche. Je suis sonné. Je ne réalise pas encore tout à fait ce qui se passe. Je respire profondément et ressent une onde de chaleur traverser mon corps, tout mon corps, même mes jambes endormies. Je vois Loti, je vois mon père. Tous les deux me pressent d’accepter. Et puis, étrangement, c’est la voix de l’autre côté du fil qui s’invite en moi. Mon imagination veut finir son exploration. Elle est restée bloquée au dernier bouton du chemisier. Elle descend. Elle découvre une jupe en lainage couleur chamois, impeccablement tirée sur deux jambes fines. Le collant est clair et soyeux. Les chaussures sont en cuir de la même couleur chamois que la jupe. Les talons ne mesurent pas plus de trois centimètres. La jeune femme est, comme moi, prisonnière d’un fauteuil roulant. Elle a eu moins de chance que moi. Sa personne par destination ne la quitte plus depuis son enfance. Mon imagination revient. Mon esprit est à présent parfaitement clair. L’appel de Loti et de mon père se fait plus pressant. Je m’approche de mon globe. Délicatement, je le fais tourner jusqu’à ce que mes doigts se posent sur le Brésil. Des mots montent, des mots en Portugais. J’entends ma mère me chanter des berceuses de son pays natal. Je vais partir, c’est décidé, mais avant j’irai rencontrer, au rectorat, celle qui a les yeux noisette et aime tant la couleur chamois. Qui sait ? Peut-être acceptera-t-elle de me suivre là-bas ?

AL et Steph Essaouira.jpgAnne-Lorraine Guillou-Brunner

 

 

5 commentaires sur “Chronique d’un retour difficile sur Ar-Men

  1. je ne prends plus beaucoup le temps de vous lire , et encore moins d’ecrire …. j ‘ai deja vu cette entrée en matiere , copier coller ou presque , personnellement je n’ai pas envie de Queyras, mais plus de Cotentin , de plateau de milles vaches , de Dordogne, de Correze , ou mieux de Suisse ou d’Islande ou de Scandinavie ou les bords de la baltique en ex Allemagne de l’ Est , en ecrivant ca je me rends compte a quel point le monde a changé parler d’allemagne de l’Est , j’ai aimé etre ici , vos enfants y font leurs racines les miennes y sont tres profondes et pourtant ,si j’ai aimé etre ici , j’ai aimé surtout une epoque , bien sur celle de l’insouciance, de l’enfance, de l’absence de contingences materielles, aussi dans la maniere de vivre des gens , mais avec la transformation du paysage , l’urbanisation qui s’etend … j’ai vécu à la campagne je considere ne plus y vivre, trop de population, trop de haies de thuyas derriere lesquelles on se planque ( haies qu’il faut bien entretenir pour ne pas gener son voisin ou sa voisine…) , trop de pavillon qui balafre ce territoire … je suppose qu on s’y habitue , exces de nostalgie sans doute ( je note que vous ne manquez pas de ces petits acces de nostalgie) j’aime me demander comment on vivait ici bien avant, dans ce territoire si difficile.
    pour revenir au present , je ne suis pas sûr qu’etre en marche , vous preserve de la blancheur des billes , j’ai souvenir en plus de mesure de suramortissement a triple bande defiscalisation, endettement, favorisation des agriculteurs plus riche
    je vous souhaite une bonne soirée

  2. Cher Cédric, cela fait des mois que nous ne nous sommes pas croisés sur les petits chemins. C’est dommage que vous soyez tombé sur l’une des rares chroniques qui évoque l’agriculture dans la région Centre. Je ne reviendrai pas avec vous sur ce sujet. Si je crois entendre votre point de vue, votre approche et saisir les difficultés de votre métier, vous ne cherchez pas à comprendre ce que je peux éprouver et, au fond de vous, je me demande si vous ne pensez pas que si je ne suis pas contente ici je ferais mieux d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte mais l’herbe, ailleurs, je la connais déjà et c’est pourquoi, si c’était à refaire, je resterais à Paris (dont je suis prête à assumer la pollution) ou irais vivre dans le Queyras. Une partie de ma famille a des attaches rurales bretonnes et mon père me parlait souvent du suicide dans le milieu paysan. Une productrice de lait s’est donnée la mort dans la salle de traite…et, bien sûr, il va falloir traire toutes les bêtes. Nous avions le même âge. La marraine de mon père avait une ferme, Elle n’avait pas 50 vaches mais seulement 4 et elle m’avait montré comment traire. Je vous souhaite une bonne récolte et, surtout, de merveilleux moments auprès de votre compagne et de vos enfants et l’écriture de votre grimoire.

  3. Alors il y a un moment ou je n’ai pas dû m’exprimer assez correctement pour etre compris
    moi la seule chose que je lis dans ma reponse , c’est plutot est ce que ce n’est pas moi qui devrait aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte? en tout cas je me pose la question… c’est souvent une bonne idée de changer d’herbage, il n y pas de droit ancestral a vivre ici , avoir des racines plus profondes c’est plutot un handicap pour bouger, et je suis meme persuadé que vous etes plus utile que moi a la communauté , et que demain sera plus collaboratif collectif qu’individualiste mais l’inertie est forte
    pour revenir a assumer la pollution parisienne:
    j ‘ai pu discuter avec un elu de region parisienne dans une formation bio en ile de france, il y a 3-4ans , la conclusion est que pour lui la pollution parisienne c’est surtout un probleme de particules fines qui empoisonnent les poumons parisiens (a juste titre) , je tombe des nues quand la vision d’un elu est si etriquée , les consequences des metropoles sur leurs alentours sont bien pires … qui subit les risques liées aux centrales nucleaires qui alimentent le train de vie tres dispendieux en energie des metropoles urbaines? qui subit les pesticides qui servent a alimenter les modeles de consommation ? ( vous en l’occurence) que pensez vous qu’il advienne des excrements humainsde ces metropoles combien s’en inquietent? miracle du tout à l’egout… les residus industriels , les antibiotiques, matieres fecales , tout ca est epandu dans des champs. peut on nourrir 10 millions de personne en local? , comment peuvent bien arriver ces denrées a ces concentrations de populations?
    je ne parle evidemment pas de ces pauvres agriculteurs qui paient un loyer pour cultiver des terres que l on rend inondables pour sauver Paris , mais que les assureurs ne veulent pas assurer et qui se retouvent cette année avec des deficits de 100 ou 150 000€
    je comprends les gens qui ne mangent quasiment que bio , qui ont fait attention en renovant leur maison a avoir des eco materiaux, qui evite les meubles conforama , qui essaient d’eviter le diesel, qui prennent du made in france et qui pestent tres fort contre l usage des pesticides ,ceux là ont bien raison, ils subissent le mode de consommation des autres de 85% de la population , et je suis bien triste pour eux , mais je comprends moins les autres
    pour finir et essayer repondre sans ambiguité
    « je me demande si vous ne pensez pas que si je ne suis pas contente ici je ferais mieux d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte » oui et non , je fais pour vous comme pour moi … je suis assez doué pour ressasser des problemes alors j’essaie de maniere simpliste de me dire : est ce acceptable? si non est ce que je peux faire quelquechose pour le changer? ou faut il retourner la table? ( partir ou modifier radicalement) , et puis il y a des situations ou l’on se sent bloqué , moi aujourd’hui je me sens bloqué , entre un agriculture conventionnelle qui ne me fais plus envie , des contraintes techniques qui me paraissent insolubles, ou des contingences bassement materiel et une region que je n’aime plus vraiment, vous si je ne me trompe pas vous gardez un peu de vous etre sentie seule a votre arrivée , vous subissez votre environnement agricole , vous aimez la vie à Paris mais vous pensez racines et stabilités pour vos enfants …bon mes competences en psychologie s’arretent à la psychologie de comptoir,
    vous sentez vous bloquée?
    pour vous citer a nouveau
    « si je crois entendre votre point de vue, votre approche et saisir les difficultés de votre métier, vous ne cherchez pas à comprendre ce que je peux éprouver  »
    ne soyez pas categorique . peut etre ne suis-je pas en capacité de vous comprendre ? ou peut etre que je vous comprends tres bien mais qu’a travers quelques lignes, on ne se comprend pas
    et sinon comme vous je peux entendre votre point de vue mais pouvez vous comprendre ce que j’eprouve ?
    peut etre la communication cybernetique nuit-elle à la comprehension
    merci de m’avoir mis votre pedigré agricole via votre agricole ( vous mesurez donc tres bien l’evolution pas toujours voulue ) , on a pas besoin heureusement d’etre agriculteur pour parler agriculture , je me souviens d’une vieille cousine qui disait on a pas besoin d’avoir été cheval pour etre jockey, je crois qu’elle avait souffert (mais c’etait une autre epoque , encore que) des sujets reservés aux hommes
    j’espere que vous ferez un jour d’agreable retour ici en tout cas je vous le souhaite , je ne vous souhaite pas d’aller voir ailleurs sauf si c’est votre souhait le plus cher , pour avoir lu la chronique speciale randonneur politique je suis meme sur que vous feriez une excellente elue ( promis je met un bulletin dans l’urne) et que ce sont les gens comme vous qui changent le monde , positif et bienveillant…en marche
    au plaisir de se croiser vous ,votre tribu…

    1. Cher Cédric, Je vous demande pardon pour ma réponse si tardive…Ce n’est pas dans mes habitudes! Je vous ai vu à la kermesse. Vos enfants grandissent. Avec la pluie, je ne vois plus d’Alexandre le Bienheureux sur le plateau. Je n’aime pas ce moment où les têtes blondes de l’orge ou du blé sont engloutis par de grosses gueules mécaniques. Pour avoir reçu beaucoup de patients agriculteurs, je sais que la moisson est LE temps fort, le temps heureux de l’année, le temps où on récolte le fruit de son travail. Je ne pourrai jamais être élue ici car, justement, je ne suis pas d’ici alors je m’investis autrement (école, collège, paroisse, stands à la kermesse, crêpes pour le loto…). J’espère que vous allez bien. A bientôt, au détours d’un petit chemin.

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