Chronique d’un saumon dans les eaux de la Moselle

Après une, deux ou trois années passées dans les eaux de l’océan Atlantique, le saumon entreprend un incroyable voyage pour retrouver le lieu de sa naissance. Parvenu en eau douce, le saumon va remonter la rivière sur plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre les zones de frayères situées en amont. Pendant cette équipée sauvage, le saumon cesse de s’alimenter et ne vit plus que sur ses réserves constituées en mer. De la mi-novembre à la fin janvier, les saumons à la belle couleur argentée se reproduisent sur des zones de graviers et de galets. La plupart des géniteurs meurent après la reproduction. Le jeune saumon, orphelin de père, après une à deux années passées en eau douce, entreprend une véritable métamorphose pour pouvoir dévaler la rivière et rejoindre les zones d’engraissement situées au large du Groenland et des îles Féroé.

La plupart des personnes que je connais qui ont été amenées à quitter leur terre ou leur région natales ont ce besoin, l’âge venant, d’y retourner de plus en plus souvent, voire d’y mourir. Il y a un appel des racines, une envie de renouer avec les eaux de sa naissance, ses souvenirs d’enfance, ses joies d’adolescence. J’ai en ce moment parmi mes patientes, une dame suédoise. Bien qu’elle ait toujours pu retourner tous les ans dans son pays natal avec son mari et leurs quatre enfants, que son mari ait appris le suédois, elle est habitée par ce sentiment de ne pas avoir été suffisamment présente auprès de ses parents. Elle est très nostalgique de ses années suédoises. Sa mère qu’elle a perdue voici plusieurs années lui manque beaucoup. Elle ressent aussi le besoin de parler sa langue. Comme elle a la chance d’être tout à fait à l’abri du besoin, je lui ai suggéré de demeurer plus longtemps dans son pays quand elle y séjourne et de profiter davantage de sa famille suédoise. Son mari peut très bien s’organiser sans elle. C’est grâce à cette dame qui vient en voisine que j’ai pu assurer tout autour de moi la promotion de ce peintre extraordinaire qui n’avait pas été exposé à Paris depuis plus de cent-onze ans: Anders Zorn.

En ce trois janvier, alors que la France essuie sa troisième tempête en moins d’une semaine, que, sur le plateau nu et désolé, le vent souffle sans que rien ne l’arrête, que la maison craque comme un vieux rafiot jeté sur une mer démontée, il peut vous sembler étrange que j’ouvre ma première chronique de l’année 2018 sur la vie des saumons. C’est que, moi aussi, je me suis sentie une âme de saumon et que j’ai eu envie de retrouver le lieu de ma naissance: Metz, en Lorraine. La ville de Metz est une ville qui a joué un rôle essentiel dans l’histoire de ma famille. Les grands-parents maternels et paternels de notre mère ont vécu à Metz. Dans ces deux familles, on trouve un berceau lorrain et un berceau provençal. Le grand-père maternel de notre mère était proviseur du lycée Fabert, le plus grand lycée de Metz. Le grand-père paternel qui finirait sa carrière en qualité de Président de Cour d’Appel était alors conseiller. Le proviseur, Gardois, et sa femme, Vosgienne, avaient quatre enfants: deux filles et deux fils. Le magistrat, lorrain, et sa femme, Parisienne mais de souche toulonnaise, avaient deux fils. Tous les garçons étaient élèves au lycée Fabert. Les deux aînés, Raymond et François, et les deux benjamins, Bernard et Remy, allaient se retrouver dans les mêmes classes. Deux incroyables amitiés venaient de naître. Si les deux aînés étaient sages et travailleurs (ils étaient les porte-manteaux des ambitions maternelles), les deux benjamins étaient désobéissants et farceurs car libérés du poids des attentes parentales.

Il arriva ce qui arrivait fréquemment à cette époque: à se voir souvent, les parents sympathisèrent et Raymond et Anne-Marie s’éprirent l’un de l’autre. Notre grand-mère était entière, passionnée, artiste. Elle se jeta dans cet amour avec la même fougue qu’une héroïne romantique. Notre grand-père était plus calme, posé, maîtrisé. Il sut freiner les ardeurs de sa future jeune épouse. Nos grands-parents maternels se sont mariés en 1938. Notre grand-mère avait fait tomber son alliance dans les graviers de l’une des allées du parc du lycée Lakanal. Notre grand-mère était très superstitieuse et possédait aussi des dons divinatoires contre lesquels elle a toujours luttés. Elle avait vu dans la perte de cet anneau retrouvé par son petit frère un mauvais présage. A la sortie de l’X, son mari avait choisi l’armée. A cette époque, Polytechnique était encore une véritable école militaire. En 1939, il partait au combat avec son régiment. Au moment de la capitulation, il refusait de déposer les armes. Il était arrêté. Son désir de rejoindre les forces libres du Général de Gaulle le condamna à la déportation et à la mort. Le mariage de nos grands-parents n’avait pas duré longtemps. De cet amour né à Metz, sur les bords de la Moselle, il resterait une petite Françoise. Quand je m’endors dans les draps de lin brodés du trousseau de notre grand-mère, je pense au caractère éphémère de la vie.

Je suis née à Metz, le 27 octobre 1969. La veille de ma naissance, il avait neigé. Sur une photos fanée de l’un des albums rangés dans l’armoire du petit salon de la bonne et vieille maison de Pont-Saint-Esprit, on voit notre mère qui marche son ventre dissimulé sous un épais manteau. Elle a de la neige jusqu’aux chevilles. Au-dessus de sa tête, un ciel bleu. On devine que l’air est sec et froid, prémisse d’un hiver continental. La Moselle pourra geler et des couples aux silhouettes gracieuses viendront patiner. Depuis les ponts, ils ressembleront aux sujets délicats des toiles de Brueghel l’Ancien. Les années messines ont été pour nos parents les plus belles de leur vie de couple, plus belles encore que les années martiniquaises. Ils étaient jeunes. L’avenir leur appartenait. Notre père déroulait sa carrière facilement sans encombre auprès d’un père spirituel. Bien qu’elle ne soit plus là pour le voir, une partie de lui pouvait penser que sa mère était fière de lui. Comme Nina Kacew, née Owcynska, mère de Romain Gary avait tout mis en oeuvre pour que son fils unique devienne un écrivain célèbre, un ambassadeur et un officier courageux, notre grand-mère maternelle avait fondé beaucoup d’espoir dans ses deux fils. Elle souhaitait que son cadet soit préfet car, pour elle, un préfet était un homme très important dans un département. Bien sûr, c’était avant la décentralisation. Mais, c’est en tant que professeur d’université, chercheur et écrivain à ses heures d’insomnie qu’il aurait vraiment accédé au bonheur. A Metz, de 1968 à 1972, nos parents ont mené une vie très agréable. Comme ses grands-parents avaient conservé des liens solides dans cette ville, notre mère put facilement nouer des contacts qui n’avaient rien à voir avec le poste que son mari occupait. C’est à Metz qu’ils se sont fait des amis pour une vie entière.

En revenant à Metz, j’espérais retrouver quelque chose de ma toute petite enfance, comme un jouet oublié découvert au fond d’une vieille malle en osier et dont la vue fait renaître une ribambelle de souvenirs qu’on croyait perdus. J’avais trois ans quand nous avons quitté Metz pour Paris. Pour moi, le début d’une longue vie nomade. En quatre jours, je n’ai rien retrouvé ou alors, une vague émotion, près du temple Neuf, édifié sur l’île du Petit-Saulcy et inauguré par l’empereur Guillaume II en mai 1904, là où ma mère m’emmenait donner du pain dur aux cygnes et que l’un d’entre eux m’avait mordu la main. J’espérais pouvoir entrer dans le lycée Fabert et me recueillir avec les enfants devant la plaque déposée en mémoire de notre grand-père. j’aurais pu imaginer la mince silhouette de notre arrière-grand-père avançant sous les arcades et ses quatre enfants jouant avec le squelette de la salle de biologie pendant les périodes de vacances scolaires. Avant notre court séjour, je n’ai pas réussi à joindre le proviseur. Je n’ai pas davantage revu la maison au 1 de la rue Migette où nous avons vécu après que des travaux engagés à la préfecture aient obligé nos parents à se loger ailleurs. L’hôpital Notre-Dame-de-Bon-secours dans lequel notre mère m’a mise au monde était rongé par l’amiante. Il a été détruit et remplacé par un quartier résidentiel.

L’église dans laquelle j’ai reçu le sacrement du baptême, l’église saint-Vincent n’est plus vouée au culte depuis les années 80. j’aurais aimé avoir reçu le baptême dans l’église saint-Maximin. Les vitraux de Cocteau, son dernier chef d’oeuvre avant sa mort, sont magnifiques. Avec Stéphane, nous sommes restés un long moment assis face à l’autel pour les observer en nous laissant pénétrer par les chants sacrés s’élevant vers la voute. Une dame blonde était assise, seule, au fond à droite. Dans cette oeuvre en forme de testament, Cocteau reste fidèle à la mythologie grecque et à la grande figure d’Orphée qui n’hésite pas à descendre aux enfers pour aller chercher Eurydice.

Je n’aurai donc rien ressenti de particulier en remontant jusqu’aux eaux de ma naissance, pourtant au moment de quitter Metz, d’enjamber la Moselle, mon coeur se serre. Il me semble revivre l’arrachement premier, celui qui a fait de moi une nomade, une sans racines. Je pense à tous ces réfugiés, tous ces déplacés dont j’ai lu, ce matin, au réveil, dix-huit portraits dans Le Monde. Qu’ils soient Soudanais, Irakiens, Iraniens, Ukrainien, Libyen, Somalien, Syrien, Pakistanais, Centrafricain, Birman, Congolais, Yéménite, Burundais, Colombien, Vénézuélien, Nigérian ou encore Afghan, homme, femme, enfant, célibataire, marié, tous confient leurs espoirs et leurs craintes pour l’année 2018. Tous rêvent de retrouver leur pays mais un pays pacifié où leur vie ne serait plus menacée, où leurs enfants pourraient grandir paisiblement, où un demain serait vraiment possible. En attendant que ce jour vienne, ils espèrent pouvoir faire des études ou travailler, avoir une vie digne et cesser d’avoir peur.

Mon beau-père est également né à Metz mais Stéphane ne sait pas quel âge avait son père quand ses grands-parents et leurs enfants sont repartis. Je presse Stéphane d’aller voir, dans la maison de retraite où elle réside, l’une de ses dernières tantes, l’une des dernières a avoir conservé intacte la mémoire familiale. Nos trois enfants ont de la chance. Ils ont des racines, un toit, des repas, des écoles, des vêtements et leurs deux parents en vie et en bonne santé. Le trio est heureux de rentrer dans le Loiret. Je ne pense pas que Metz leur laisse un souvenir impérissable. Ils ont préféré Marseille! Metz s’éloigne. Verdun se rapproche. Je vais retrouver une maison qui n’est pas mienne mais qui est ma prison, le lieu où je suis condamnée à demeurer. Mon métier m’attache à ce plateau si inhospitalier en hiver quand la terre des champs est nue, les chemins glissants, le soleil boudeur, les chevreuils cachés, la nature silencieuse, le vent torturé, les pommes pourrissantes et la belle fourrure de Fantôme maculée de boue comme le bas de mes pantalons.

A Metz, naïvement, je m’attendais à trouver un hiver comme ceux que la Moselle aimait à collectionner: un froid sec, un ciel bleu. Le jour de notre arrivée, il neigeait mais les flocons fondaient en touchant le sol. Metz est une vraie belle ville, une ville de culture où se rencontrent le Moyen Age, la Renaissance et l’époque impériale. En cette période de fin d’année, comme tant d’autres, je suis très fatiguée. Ma fatigue est très profonde si bien qu’elle assombrit mes pensées. J’aimerais ne rien faire, rester au chaud d’un lit et avancer dans mes lectures. Mais, je ne peux pas. Quand je quitte ma prison, mon Ar-Men, je ressens un tel besoin de me nourrir, de voir et d’entendre des choses nouvelles, de m’enrichir que je suis pressée de me lever, de sortir dans les rues, de pousser la porte des églises, des musées, des librairies, de me promener dans les allées d’un marché et de m’installer dans un café ou un salon de thé quand mes jambes n’arrivent plus à me porter.

Les enfants, comme beaucoup d’enfants, font grise mine quand on leur parle « musée » ou « cathédrale ». En revanche, les filles sont ravies de partir toutes les deux se promener dans les boutiques. Grâce à la générosité de son parrain, Céleste se précipite le 2 janvier, avant notre départ, flanquée de sa soeur chez « Zara » pour s’offrir les vêtements qu’elle a préalablement repérés. Le premier janvier, sous une pluie battante, serrés l’un contre l’autre sous un unique parapluie, Stéphane et moi décidons de marcher jusqu’aux jardins botaniques de la Seille à laquelle la ville a tout récemment donné le nom d’un chercheur lorrain que nos parents ont bien connu quand il enseignait à la Faculté des Sciences de l’université de Metz la botanique et la physiologie végétale, Jean-Marie Pelt.

Nous passons non loin de la gare, véritable chef d’oeuvre imaginé par l’architecte berlinois Jürgen Kröger. Si la gare est vraiment très belle, sa fonction première était militaire. Dans l’éventualité d’un nouveau conflit avec la France, l’Allemagne devait pouvoir acheminer ses troupes dans le secteur de la Moselstellung en un temps très court. Les nouvelles installations ferroviaires avaient pour fonction de permettre à l’empereur d’acheminer 20000 hommes en vingt-quatre heures. J’aime les gares. Je leur trouve toujours quelque chose de romantique. J’aime assister à des retrouvailles plus qu’à des au revoir ou pire à des adieux. Je repense toujours à la scène si triste dans laquelle les héros des « parapluies de Cherbourg » se quittent sur un quai de gare. J’ai toujours envié ces hommes et ces femmes qui sont capables de courir pour retrouver les bras de l’être aimé et dont ils ont été séparés. Entre un père Breton et une mère très Anglaise, je n’ai pas été à bonne école pour ce genre de démonstration et je le regrette!

Nous arrivons devant le chapeau chinois imaginé comme architecture à l’annexe messine du centre Pompidou. Ce mélange de bois et de toile est très réussi. Nous renonçons aux jardins et nous mettons à l’abri dans ce ventre dédié à l’art moderne. Le Japon est à l’honneur. Nous traversons cinquante ans d’architecture nipponne avant de découvrir des oeuvres d’artistes contemporains. L’archipel de la désolation porte toujours les stigmates des deux bombardements atomiques et vit dans l’attente du moment où un tsunami fera d’elle une nouvelle Ys. Je regrette que les enfants ne soient pas avec nous. J’aurais aimé entendre leurs commentaires sur les oeuvres qui sont exposées. L’art moderne est trop souvent un art qui s’adresse résolument à l’esprit plutôt qu’aux sens. Q’un performeur ait couvé de longues semaines des oeufs de poule enfermé dans une cage au palais de Tokyo et que notre ancien président de la République ait jugé nécessaire de lui faire une visite auraient pu générer chez moi une grossesse nerveuse!

Tandis que Stéphane m’attend sur un banc, je flâne dans la librairie. J’aime toujours beaucoup les librairies des musées. J’en ressors avec trois livres: « le chat qui venait du ciel » de Hiraide Takashi, « les délices de Tokyo » de Durian Sukewaga et, surtout pour les enfants, « l’histoire de l’art est un jeu » de Bernard-Yves Cochain. Ce sera plus accessible que l’intégrale de l’histoire de l’art écrit par Elie Faure que notre père m’avait offert quand il pensait que le métier de conservateur de musée pourrait me convenir. S’il était encore de ce monde, notre père pourrait peut-être penser que je manque d’ambition pour mes chères têtes blonde et châtains mais je n’ai pas la personnalité d’une Mina Kacew!

La veille de notre départ de Metz, Stéphane et moi allons voir « la promesse de l’aube ». Quel bonheur d’aller au cinéma à pied par des rues pavées! C’est comme de pousser les portes de la magnifique librairie Hisler-Ewen, véritable institution messine depuis sa création aux alentours des années 1880. Nos parents en étaient de fidèles clients. Grâce à son « café à la page », l’actuelle propriétaire organise des rencontres avec des auteurs. La librairie Payot située dans la gare de Metz est également un endroit tout à fait unique! Charlotte Gainsbourg est exceptionnelle dans ce rôle de mère violente, courageuse, abusive mais, à la fin, capable de sublimer son amour passionnel pour son fils de manière à ce que le destin de ce dernier s’accomplisse.

Hier, quand nous sommes rentrés, j’étais triste comme à chaque fois. Pour me rendre encore plus triste, j’avais deux options: me couper les cheveux seule ou enlever au petit sapin son habit de lumière. J’ai opté pour la seconde option. Le malheureux petit épicéa avait presque perdu toutes ses épines. On le sentait fragile comme du verre. Avec beaucoup de douceur, je lui ai retiré boules, petits objets, guirlandes et cheveux d’ange. La bergère a retrouvé sa place. Les enfants ont fait progresser les rois mages. Ils pourront bientôt se prosterner devant l’enfant Jésus.

Carmen venait à peine de quitter l’arène qu’Eleanor entrait en piste. Elle a été particulièrement violente. Elle a blessé, tué et privé de gaz et d’électricité des milliers de foyers. Le vent soufflait avec une telle force sur le plateau ce matin qu’une patiente a préféré reporter son rendez-vous à vendredi. Le patient de quatorze heures m’a appelé pour décommander. Il est grippé. Dans l’air monte une odeur de cookies et de gâteau au yaourt. Entre deux devoirs, Céleste et Victoire ont cuisiné. Louis a rangé ses playmobils. Victoire devait se faire arracher deux dents de sagesse ce soir mais, ce matin, la secrétaire médicale a appelé pour m’avertir que notre dentiste qui habite Paris était bloqué à la gare. Des arbres étaient tombés sur la voie. Il était contraint d’annuler tous ses rendez-vous. La tempête n’empêche pas les mésanges et les rouge-gorges de s’accrocher aux boules de graines et de graisse que je leur accroche sur le balcon de l’une des fenêtres d’Ar-Men. Si j’étais gardienne de phare, je serais habituée aux chocs terribles causés par les fous de bassan venant heurter de plein fouet le toit de la lanterne.

Je vous souhaite à tous de passer une belle et heureuse année nouvelle. Comme toutes les années qui l’ont précédée elle comportera son lot de joies et de peines, d’espoirs et d’angoisses. On nous parlera beaucoup des évènements de mai 68, du printemps de Prague, des JO d’Albertville, de Jean-Claude Killy et des soeurs Goitschel. Quoiqu’il arrive dans nos vies, la terre continuera de tourner, nos enfants de nous réjouir, les chaussettes de sortir orphelines du ventre des machines à laver, les moineaux de venir picorer les petites miettes sur les tables des cafés, les baies vitrées de se couvrir de petites traces de doigts graisseuses, les toiles d’araignée de jouer les matelas douillets pour les elfes des forêts, les nuages de filer dans le ciel et les âmes rêveuses de vouloir les arrêter dans leur course et les envouter avec une gymnopédie d’Erik Satie.

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

2 commentaires sur “Chronique d’un saumon dans les eaux de la Moselle

  1. Merci Anne-Lorraine (si vous me permettez) pour cette belle découverte de Metz!
    Tous mes voeux pour une année la meilleure possible.
    Le saumon est-il nostalgique quand il revient dans les eaux de sa naissance? Nous, nous le sommes, n’est-ce-pas?
    Amicalement,
    Nelly D.

    1. Chère Nelly, Je vous remercie pour vos si gentils voeux et vous souhaite à mon tour pour vous et tous vos proches une heureuse année 2018. Oui, nous sommes assurément deux saumons nostalgiques. Je me permets de vous embrasser, en pensée, sous la boule de gui suspendue devant la porte de la maison. Elle aura été déposée là par un druide bien éloigné de sa lande natale!

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