Chronique d’une famille en mode « Campanie »

Ce matin, avant sept heures, le ciel est incroyable: des nuages roses, un halo gris de brouillard et une boule jaune. Après le départ de Céleste pour le lycée et de Louis pour le collège, je vais chercher mon vélo talonnée par Fantôme mais, dehors, rien à faire, notre fidèle berger australien âgé de huit ans, refuse d’avancer. J’essaie le chemin qui serpente entre champs et bois, il reste de marbre. Je tente la portion de route bitumée qui passe devant le vieux noyer et la maison d’Alice et Yoann. Fantôme s’installe dans la position du sphinx. Si j’insiste encore, il va finir par se tapir dans l’herbe comme les lapins quand ils nous entendent arriver. Fantôme a décidé qu’il irait directement chez Mugette, une de nos voisines, avec laquelle, au fil du temps, j’ai noué une de ces relations qui échappent à toute classification, sont étrangères à toute obligation morale ou matérielle et ne sont dictées que par le seul plaisir de se voir et de partager des petits bouts de vie.

Muguette fêtera son anniversaire le 1er mai. Elle dit souvent en riant que, vraiment, ses parents ont manqué d’imagination! En fait, ce ne sont pas ses parents qui ont choisi de lui donner le nom d’une fleur aux clochettes fines et à l’odeur délicate mais le médecin qui, après l’avoir mise au monde, l’a suggéré. La veille, dans un village voisin, une petite fille avait été prénommée ainsi. Samedi, Muguette, était sur le point d’attaquer un grand ménage quand nous sommes arrivés Fantôme et moi. Comme souvent, Pépette, sa petite chienne qu’elle a été chercher dans un refuge après la disparition brutale de son mari, André, faisait chauffer ses vieux os au soleil dans la volée de marches qui dessert un grenier et qu’une moquette usée jusqu’à la corde recouvre. Sur les marches, Muguette a remisé ses pots de géraniums de l’été dernier. Ils sont magnifiques!

Nous n’allons plus systématiquement donner du pain sec à Kiki et Nénette, les deux seuls moutons que Muguette a conservés du troupeau après la mort d’André. Elle a fini de les nourrir avec de la pulpe de betterave maintenant ils doivent, en plus de l’orge, brouter l’herbe fraîche qui pousse dans leur enclos. Muguette a des pieds de tomates à planter. C’est un de ses amis qui les lui a apportés. Samedi, avant de se lancer dans un grand ménage, Muguette a gratté des asperges. Céleste, notre aînée, qui a aussi beaucoup de tendresse pour Muguette, s’inquiète de ce que Muguette ne se nourrit pas assez. Muguette était une excellente cuisinière. Son mari était gourmand. Elle lui préparait tartes et gâteaux, terrines et plats en sauce. Elle faisait des confitures. Maintenant qu’elle est seule, Muguette n’a plus le coeur à passer du temps en cuisine. Elle s’y remet quand ses fils s’invitent. L’un d’entre eux, célibataire, vivant en Sologne, lui commande les plats qu’il aime particulièrement comme du petit salé ou du boudin acheté chez un boucher-charcutier le mercredi matin au marché de Château-Renard.

Nous n’avons pas de famille dans le Loiret et depuis que je suis enfant, je cours après un rêve de famille nombreuse souvent évoqué dans mes chroniques. J’aurais voulu que nos parents aient plusieurs frères et soeurs qui auraient eu tous au moins trois, voire quatre enfants. J’aurais ainsi connu ces grandes messes familiales, ces réunions animées où les cousins s’inventent des histoires, interprètent des pièces de théâtre, se réfugient, loin du monde des adultes, dans des maisons nichées dans les arbres pour se raconter leurs secrets. Je n’ai rien connu de la sorte alors j’ai essayé de me constituer une famille d’adoption. Si je n’ai jamais eu qu’un seul père, et une seule grand-mère, j’ai eu des mères, des tantes et des soeurs de coeur. Muguette est l’une des tantes que je me suis choisie. J’aime son humour, sa sagesse, sa manière de ne pas attendre plus que ce que la vie peut lui apporter à présent, de ne pas se lamenter sur ce qu’elle ne peut plus faire ou a perdu, sa capacité à être entièrement immergée dans le moment vécu, son refus d’exprimer des jugements sur les êtres qui l’entourent tout en ayant parfaitement son opinion.

Comme Fantôme n’envisageait pas d’autre promenade que celle menant chez Muguette et qu’il était trop tôt pour nous y rendre, je suis revenue sur mes pas et ai laissé le vélo sous les canisses non loin du lilas que Stéphane a planté l’an passé et qui sent si bon. Cette nuit, vers quatre heures, le conducteur du train a fait descendre ses passagers. En attendant qu’il consente à nous faire repartir pour nous mener à destination à l’heure prévue, 5h45, j’ai lu le récit du troisième jour du séjour de Victoire et de ses camarades latinistes et hellénistes en Campanie. Leur professeur de latin et de grec s’est inspiré du sketch de Francis Blanche. Le récit était fait selon une recette que je me permets de partager avec vous:

« Fa caldo e poi fa freddo (une histoire de chaud-froid).

Ingrédients.

-1 car de 48 élèves fourbus et surgelés.

-4 professeurs épuisés (2 guides enthousiastes + 2 agents de sécurité reporters).

-30 grammes de soleil.

-10 litres de pluie.

-1 pincée de grêle.

-40 mètres de débris volcaniques.

-quelques tuiles (dans les deux sens du t(h)erme).

Prenez les 48 élèves, déposez-les délicatement dans une cuvette archéologique miraculeusement préservée. Creusez un puits dans les débris volcaniques, préalablement cuits au four thermostat 10 (300°). Faites rissoler quelques tuiles puis faites revenir le tout pour un pique-nique sur le pouce, avant de saupoudrer les ingrédients de 10 litres de pluie et d’une pincée de grêle. Vous devriez voir les 30 grammes de soleil s’évaporer vitesse grand V. N’oubliez pas d’essorer les Napolitains et de bien aérer le tout avant de remettre au four à 37 degrés.

Le mélange obtenu se déguste en admirant la baie et le Vésuve, enfin débarrassé de ses nuages.

BUON APPETITO. »

Depuis que Victoire, ses camardes et leurs quatre professeurs sont partis pour la Campanie, grâce aux récits et aux photos, je mets un peu mes pas dans les leurs. Pour une raison que je ne m’explique pas, c’est toujours le sud de l’Italie qui m’a attirée. C’est la raison pour laquelle j’étais si heureuse que Stéphane et moi découvrions enfin Palerme voici quelques semaines. De l’Italie continentale, je ne connais que Venise, Mantoue, Padoue et le lac de Côme. Si j’avais tant envie de découvrir la Campanie, c’est sans doute parce que j’avais souvent entendu notre mère faire le récit merveilleux du voyage qu’elle y avait entrepris avec son oncle, sa tante et ses cousins. Son oncle, frère aîné de notre grand-mère, était un universitaire. Titulaire d’une chaire à la Sorbonne, ancien élève de l’Ecole français d’Athènes, futur académicien, Directeur de l’Institut, il était considéré comme le plus grand spécialiste de l’histoire de l’antiquité grecque. Entreprendre un tel voyage avec un homme qui maîtrisait à ce point l’histoire grecque et romaine devait être fascinant! Notre mère avait été très impressionnée par le site d’Herculanum et, dans un genre différent mais tout aussi important quand on voyage, elle avait conservé des pizzas napolitaines un souvenir impérissable!

Vendredi dernier, après vingt-quatre heures de bus, les élèves et leurs professeurs passaient la journée sur le site de Pompéi. De longues semaines en amont, les élèves avaient du choisir une spécialité en tant qu’encyclopédiste de Plinipédia: historien-biographe, historien de l’art, mythologue, naturaliste ou archéologue. Victoire avait choisi, pour le jeu de rôle, d’endosser l’habit d’un archéologue. Les élèves avaient dû nourrir leur personnage pour lui permettre, plus tard, d’évoluer dans le jeu.

Voici ce qu’ils ont vécu le premier jour en Campanie et que racontent leurs professeurs:

« 17 kms de marche pour les plus vaillants ou les plus perdus, le labyrinthe de Pompéi nous a livré tous ses secrets sans l’aide, pour certains, du fil d’Ariane. Ce n’est pas le manque de sommeil qui a arrêté nos jeunes aventuriers mais plutôt la perte d’orientation. Les rues de Pompéi qui semblaient pourtant si rectilignes sur le plan, se sont révélées plus tortueuses et inextricables les unes que les autres.

Après le passage de la porte du Temps, ils se sont retrouvés qui patriciens, qui clients, qui affranchis, qui esclaves et ont dû faire avec les cartes que le destin leur avaient mises dans les mains. Ils ont dû quelques fois ruser et époustoufler les dieux par leurs talents oratoires et déambulatoires. Atterrissage réussi en douceur au terme d’une quête remportée de haute lutte !

C’est devant un feu d’artifice rougeoyant sur la baie de Naples que nous écrivons ces lignes, en vous souhaitant une belle nuit. »

Le soir, nous n’avions pas Victoire au téléphone. Elle était bien trop fatiguée. Par un sms, elle nous disait seulement que tout allait bien, qu’elle nous raconterait demain ses aventures d’aujourd’hui et qu’elle avait pris une douche froide. Victoire partie, Louis qui dort seul à l’étage, investissait le lit de sa soeur. Céleste me disait: « Tu vois, quand Louis n’est pas là, cela fait vraiment un vide immense tant il prend de place et fait de bruit mais quand Victoire n’est pas là, cela ne fait pas vraiment de différence parce qu’elle ne sort quasiment jamais de sa chambre! » Céleste oubliait alors tous les moments de complicité qu’elle partage avec sa soeur, notamment dans la salle de bains! Comme Victoire ne l’a pas glissé dans son énorme valise, Céleste peut utiliser à loisir le lisseur de sa soeur et l’essayer sur les cheveux de son amie Lisa venue dormir à la maison le vendredi soir.

Le samedi s’écoule tranquillement entre médiathèque, promenade en vélo et petite sortie à Montargis. Dans la nuit, une nouvelle fois, je découvre le récit des aventures de Victoire et de ses camarades en Campanie. J’ai le chic pour monter dans des trains que les conducteurs aiment à stopper, vers trois ou quatre heures, dans des petites gares improbables!

Le télégramme du soir.

Bonsoir à tous (STOP).

Encore une très belle journée sous le soleil napolitain (STOP).

Au programme ce matin, la visite de deux villas (STOP): la Villa San Marco et la villa Ariane à Stabie (STOP).

Vue imprenable sur le Vésuve et la baie de Naples (STOP).

Élèves conquis par l’art de vie dans une villa romaine (STOP).

Cette après-midi, nouvelle projection dans le monde grec cette fois (STOP).

Paestum (STOP).

Merveilleuse cité (STOP).

Lumière dorée et poudrée sur les colonnes doriques (STOP).

Cours grandeur nature avant petit tour au musée (STOP).

Superbe plongeur (STOP).

Temps libre dans dans la paisible cité de Paestum (STOP).

Bonheur total (STOP).

Élèves comblés (STOP).

Chauffeur épuisé par les règles étranges de la circulation de la région (STOP).

Au programme demain, Herculanum (STOP).

Randonnée au sommet du Vésuve (STOP).

Bonne nuit à tous (STOP).

A demain (ZZZ).

Nous, parents, grands-parents, sommes si reconnaissants aux professeurs d’imaginer de tels voyages pour nos enfants! Alors que, le soir venu, ils sont fatigués, je les remercie de prendre le temps de nous envoyer des nouvelles et des photos. Le partage, il n’y a que cela qui donne du sens à ce que nous entreprenons! J’ai remarqué que certaines personnes n’ont pas de plaisir à partager indirectement ce qu’elles ne vivent pas en temps réel avec leurs proches. Je peux le comprendre mais c’est dommage.

Hier, dimanche, toute la journée, pluie et soleil luttent au-dessus du plateau. Nous emmenons les enfants voir le musée Girodet qui a récemment rouvert après une fermeture de six ans. Je n’ai pas de passion pour cette peinture de la fin du dix-huitième siècle et du début du dix-neuvième mais certains portraits sont très puissants. A la fin de l’exposition temporaire « têtes d’étude », Stéphane, Céleste et Louis s’installent sur les tabourets mis à disposition du public et dessinent qui une tête d’homme qui une main. Pas un bruit dans le musée. La pluie tombe délicatement sur les tulipes du jardin. Les pétales résistent encore. Devant l’aire de jeux, je repense à tous ces moments que nous y avons passés quand les enfants étaient encore petits. Se laisser glisser encore et encore sur le toboggan, quel bonheur! Remonter non par l’escalier mais par le toboggan, tellement amusant! Descendre la tête en avant, encore mieux!

Je pense à ce passage trouvé entre les pages du dernier livre d’un auteur que je n’affectionne pas spécialement et qui aime, parce que, de toute évidence, il ne s’aime pas beaucoup et en souffre énormément, attirer l’attention sur lui, « Rompre » de Yann Moix: « Où voudriez-vous que je vive? Le passé est supérieur à l’avenir. Le passé est le lieu où l’on naît, l’avenir, le lieu où l’on meurt. On prétend que l’optimiste aime l’avenir et le pessimiste, le passé. Or, préférer l’avenir au passé, c’est préférer ce qui va mourir à ce qui est né. Aimer l’avenir, c’est aimer la mort. Le passé n’est ni statique ni clos. L’avenir est borné par la mort quand le passé, lui, reste ouvert de toutes parts, béant, mouvant, renouvelé, évoluant; il remue; il surprend; il étonne. Il palpite. Il ne cesse de charrier des nouveautés, de publier des inédits. Le passé est le seul monde où nous pouvons faire des découvertes. L’avenir n’existe pas encore; le présent n’existe déjà plus; la seule chose qui existe, ne cesse d’exister, existe sans cesse davantage, c’est le passé. Il est profond, se compose de strates, de niveaux, d’étages, d’anfractuosités, de girons, de gouffres, de reliefs. Seuls les idiots ont de l’avenir. Moi, je n’ai du passé. Je n’ai que cela. Il n’y a que dans le passé qu’il puisse m’arriver quelque chose. Rien n’est moins achevé que ce qui est révolu; rien n’est plus fini que ce qui est terminé. « Le passé, c’est le passé. » Au contraire: le passé est beaucoup plus que le passé; il porte mal son nom. C’est parce qu’il achève les choses que nous pouvons enfin le vivre ».

Ce passage a trouvé facilement un chemin en moi. Il a tout de suite résonné! Il est tellement plus facile de se retourner sur les années passés pour écrire et éclairer son présent. Le futur est le non maitrisable par excellence. Nous pouvons prendre appui sur ce que nous avons déjà vécu, incorporé pour aller de l’avant. S’agissant de l’avenir, nous avançons à l’aveugle. Nous sommes tel le funambule qui, sur son fil, ne sait pas s’il gagnera l’autre rive. Mais si nous ne sommes plus soutenus par aucun désir, porté par aucun projet, le souffle de la vie s’éteint. Nous nous recroquevillons dans un temps stérile.

Sans transition et sur le chemin du retour, nous faisons une halte aux Tanneries, lieu appartenant à la mairie, abritant l’école d’art et dédié à l’art contemporain. Ce que nous voyons est si étrange que je ne suis même pas en mesure de le restituer! Je peux seulement dire que les mots « rien » et son homologue allemand « Nichts » reviennent comme un leitmotiv.

Ce matin, les encyclopédistes en herbe partaient découvrir l’amphithéâtre de Pouzzoles et, cette après-midi, ils déambuleront dans la vieille ville de Naples, visiteront le musée archéologique et dîneront dans une pizzeria avant de remonter dans le car jusqu’à demain soir. Hier, j’allais éteindre ma lumière après avoir entendu le chef de gare siffler le départ depuis le quai quand la sonnerie du portable a retenti. C’était Victoire. La communication était très mauvaise. Je ne saisissais que mal ses paroles mais je comprenais que l’ascension du Vésuve sous la pluie, la grêle et dans le brouillard avait été un peu compliquée et que la visite de la villa d’Oplontis, ayant appartenu à Poppée, la seconde femme de Néron, n’avait pas pu se faire. Victoire était contente: la douche était tiède et, maintenant, il faudrait attendre le retour à la maison pour se laver. Les jeunes refaisaient les valises.

Demain soir, les familles seront massées devant le collège attendant le retour des leurs comme s’il s’agissait de médaillés d’or des jeux olympiques. Je serai heureuse de voir les parents de Léa, Léonie, Théo, Lucile, Anthonin, Jeanne, Emilie, Louise, Armelle ou Anaëlle. Je sais déjà que Louis serrera fort Victoire contre lui quand les deux soeurs s’adresseront un « salut » très anglo-saxon. Louis sera contrarié de retrouver sa chambre à l’étage. Victoire s’empressera de déballer les petits souvenirs rapportés à notre intention. Nous serons ravis de l’écouter nous faire le récit de leurs aventures. Victoire, elle, sera heureuse de se couler d’abord dans un bon bain chaud et, ensuite, entre les draps frais de son lit que j’aurai changé le matin-même.

Le car qui transporte quarante-huit élèves et leurs quatre professeurs, parti à 22h00 de Naples est enfin en France. Pendant le trajet, leur professeur de lettres classiques a écrit le récit de leur dernière journée. La voici:

Décors d’un triclinium idéal par Gaius Plinius Tertus.

Projetez-vous à l’aube d’un jour nouveau, dans une maison pompéienne rêvée. Odeurs d’orangers, de citronniers et de mandariniers venant du péristyle. Vous voici arrivés dans le triclinium de la villa Plinipédia.

Sous vos pieds, un tapis de mosaïque avec en son centre deux scènes. A gauche, des silhouettes aux visages perplexes autour d’une trappe dans l’arène de l’amphithéâtre de Pouzzoles. Autour d’eux, la structure imposante des gradins, autrefois peuplés de Romains et où se nichent aujourd’hui des mouettes, plus vraies que nature, dont il vous faut imaginer les cris. A droite, le même groupe, visages tournés vers le haut, l’espace est sombre et les voûtes de briques semblent une cathédrale abandonnée. La voix du temps résonne en ce lieu avec fracas. Les âmes des fauves, des esclaves, des gladiateurs qui peuplaient autrefois ces couloirs semblent se dessiner à l’arrière-plan de ce décor composé de minuscules tesselles.

Votre regard se lève et se pose sur les parois du triclinium où trois magnifiques tableaux s’insèrent dans un décor en trompe-l’œil évoquant les immeubles monumentaux de Naples. En face, une enfilade de salles au centre desquelles s’imposent les corps athlétiques des dieux et héros antiques, sculptés dans la blancheur du marbre de Carrare. Au sommet, une toile maculée de pigments de couleurs vives, digne vestige de la dernière explosion, artistique, de Pompéi. Espoir de beauté dans un monde qui explose, par l’artiste Cai Guo-Guiang.

A gauche, des salles semblables, peuplées de mosaïques qui viennent rappeler aux spectateurs les croyances et la vie des Pompéiens du premier siècle. Sur l’une d’elles, des acteurs de théâtre, représentés avec une finesse incroyable par des tesselles microscopiques, merveilles d’habileté artistique. A côté, un crane rappelant le Carpe Diem d’Horace et la brièveté de la vie humaine. Par l’embrasure d’une porte, on devine un fragment d’une œuvre gigantesque, figurant une bataille entre les armées d’Alexandre et de Darius.

A droite, un tableau que vous n’avez pas remarqué de prime abord. Une ville la nuit, de jeunes gens revêtus des couleurs du Napoli, jouant nonchalamment au calcio comme si la cité leur appartenait. Plus loin, une devanture qui ouvre sur un four à pizza dont on imagine l’odeur chaude et réconfortante. Une légère agitation, partout.

De nos trois enfants, Victoire et Louis sont ceux qui sont le plus désireux de voyager. Si Stéphane et moi avons eu la chance, avant de nous lancer dans l’aventure sans frontière de la vie de famille, d’entreprendre un grand voyage de treize mois entre Nouvelle-Zélande et Amérique du Sud, Amérique Centrale et Canada, Inde et Népal, nous n’avons encore pas pu faire découvrir des pays étrangers à notre trio. Heureusement que notre pays permet encore à des professeurs passionnés et investis de faire voyager leurs élèves! Trois des quatre professeurs qui accompagnaient le groupe des quarante-huit élèves en Campanie ont de jeunes enfants. Je doute que ces derniers laissent à leurs parents beaucoup d’espace pour se reposer le 1er mai!

Je dédie cette chronique à tous les professeurs qui aiment leur métier, l’exercent avec foi quand il devient de plus en plus dur et font en sorte que les paroles de Montaigne se perpétuent: « Les voyages forment la jeunesse ».

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

 

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