Chronique Lille, Roubaix, Bruges

Dans notre famille Fenouillard, les tribulations auxquelles nous soumettait le métier paternel ne nous ont pas permis de découvrir le Nord de la France. Quand notre père voulait contrarier notre grand-mère maternelle, il s’amusait à l’idée d’être nommé à Saint-Pierre-et-Miquelon. Ma soeur et moi pourrions aller étudier au Canada et nous découvririons la vie des Terre-Neuvas ayant inspiré à Loti de si belles pages. Notre père n’aurait plus de chauffeur mais un pilote d’hélicoptère pour rayonner d’une île à une autre. Après un bout d’enfance martiniquaise, un pan d’adolescence au large du Canada n’aurait pas été pour me déplaire! Finalement, mon adolescence éclata entre la Charente-Maritime et le Tarn, entre l’océan et la montagne noire.

Partis lundi dernier, nous sommes rentrés samedi sur le plateau. Je préfère m’évader la première semaine des vacances mais Victoire était à Taizé dont elle est revenue le dimanche à la fois transportée, épuisée et décrétant jour après jour, avant de retrouver Louis, que sa vie était vide. A Lille, nous étions logés dans la partie ancienne de la ville, non loin de la maison natale du Général de Gaulle devenue un musée. Nous avons passé de longues heures à déambuler dans les ruelles animées, admirer les maisons colorées, à écouter les carillons et à flâner dans les boutiques. Si la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille ne nous touche pas tant l’ensemble est disparate, je regrette de n’avoir rien su du culte marial qui y est célébré depuis les premiers miracles opérés en 1254 ni que l’orgue, l’un des plus grands de France avec une console de 102 jeux était installé avant sa cession dans l’un des studios de la maison de Radio France et que sa crypte, la plus vaste d’Europe, accueillait le centre d’art sacré de Lille. Nous lui avons préféré l’atmosphère très recueilli de la plus ancienne église de la ville, l’église Sainte-Catherine. Le maître-autel abrite le martyre de Sainte Catherine réalisé par Pierre Paul Rubens. C’est assez fou de penser qu’à la période révolutionnaire, l’église est transformée en grange et est bien évidemment entièrement dépouillée. La réputation de chaleur des gens du Nord n’est pas usurpée.

Mardi, nous prenons la direction de Roubaix en empruntant une sorte de boulevard périphérique. J’admire les maisons et les hôtels particuliers dont les façades sont le plus souvent en briques. Je sais si peu de choses de cette région: son développement avec la richesse de son bassin minier désormais classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, la dure vie des mineurs si bien racontée par Zola dans « Germinal », la sidérurgie et le textile. J’apprends qu’en 1910, Roubaix était la troisième ville au monde en terme de fabrication textile. Après le plein essor de la Révolution industrielle, les mines et les usines ont fermé précipitant dans le chômage et la précarité des milliers de familles. Aujourd’hui, on voit renaître une volonté de production locale en s’appuyant sur un savoir-faire historique. Autrefois, on préférait acheter peu et de qualité, ce qui voulait dire aussi plus cher. Aujourd’hui, on continue à vouloir acheter beaucoup, pas cher et de mauvaise qualité. J’ai eu la nausée en voyant une partie du désert d’Atacama recouvert par des tonnes de vêtements invendus des grandes enseignes. Est-ce logique que ce qui n’est pas vendu dans un Zara du boulevard Haussmann se retrouve à ciel ouvert dans un désert magnifique au Pérou ou au Chili?

C’est grâce à un article dans un numéro de Télérama que j’ai découvert l’existence du musée de la piscine et je suis très impatiente de le voir. Je ne me lasse pas des photos que l’équipe très dynamique poste sur Instagram. Nous nous garons sur le parking réservé aux visiteurs. Tandis que Victoire et Louis préfèrent rester dans la voiture, Stéphane et moi partons marcher dans la ville. L’hôtel de ville est très impressionnant et témoigne de la richesse passée de Roubaix. La pluie menace. Nous achetons deux parapluies. Face à Eunice, ils ne seront d’aucun secours!

Dans un numéro de Connaissance des arts consacré à Roubaix et la piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent, j’apprends que la piscine a été voulue par le maire socialiste Jean Lebas après la première guerre mondiale. Si quelques grandes familles régnaient sur la ville, des milliers de travailleurs venus de toute l’Europe étaient mal logés dans des courées sans accès à l’eau courante. Des bains publiques existaient mais ils ne pouvaient pas couvrir tous les besoins d’hygiène d’une ville de 125000 habitants. Jean Lebas souhaite doter sa ville d’une vraie piscine à eau chaude. Le projet est confié à l’architecte lillois Albert Baert qui, comme le maire, est issu d’un milieu modeste et est un homme de progrès social. Démarrés en 1927, la piscine est inaugurée le 3 octobre 1932 et le Journal de Roubaix écrit « La plus belle piscine d’Europe va s’ouvrir ».

On a emprunté à l’Art déco pour l’équipement. Albert Baert a conçu le plan de la piscine en le calquant sur celui d’une abbaye cistercienne. Quatre ailes s’étirent autour d’un jardin ressemblant à un cloitre. Dans la nef est, on trouve le bassin olympique en céramique bleu que surmonte une double voute en béton armé. De part et d’autre du bassin, des vitraux en forme d’éventail dans un dégradé de jaune et d’orange reproduisent le lever et le coucher du soleil. La lumière s’invite avec force dans la piscine. Sur deux étages, on peut profiter de salles de bains individuelles pensées comme des cellules monacales et ayant la forme de baptistères. Le complexe compte aussi des salons de manucure, de pédicure, de coiffure, des bains de vapeur, un solarium et un restaurant.

Ce qu’il y a de merveilleux avec la piscine de Roubaix, c’est qu’elle va devenir un incroyable lieu de brassage social. Les enfants des hôtels particuliers et ceux des courées pourront s’y côtoyer sans distinction pendant cinquante-trois ans. Le 8 novembre 1985, la piscine est contrainte à la fermeture. Le chlore a rongé la voute qui menace de s’effondrer. Avant que le projet d’un musée soit retenu, on avait envisagé de transformer la piscine en boîte de nuit, résidence universitaire ou encore volière exotique. En 1993, un concours européen d’architecture est ouvert. C’est Jean-Paul Philippon, père de la transformation de la gare d’Orsay, qui est choisi pour mener à bien le projet. Tandis que la piscine se mue lentement en musée, un gros travail est mené pour reconstituer les collections du Musée national et les enrichir avec des legs et des dépôts.

 

En octobre 2001, le musée ouvre ses portes et le succès est au rendez-vous. Jean-Paul Philippon a su parfaitement conserver l’âme de la piscine. Tout autour du bassin, une galerie de sculptures qu’on s’attend à voir plonger dans les ondes. Un plancher amovible peut couvrir le bassin pour accueillir des concerts, des spectacles et des défilés de mode. Les beaux-arts occupent les anciens espaces dédiés aux baignoires individuelles et les arts appliqués se trouvent à l’étage, dans les cabines de douche et les vestiaires. En plus de ses collections permanentes, le musée accueille de très belles expositions temporaires. La prochaine est en cours d’installation lors de notre visite. Parfois, le musée invite des modèles à poser nu tandis que des artistes installés tout autour du bassin peuvent les dessiner.

Toute la famille passe un excellent moment dans le musée qui est spécialisé dans les oeuvres du XIXème et du XXème siècle.  Victoire et Louis se font expliquer par un gardien absolument charmant l’histoire du Panorama de la Grand’Place de Roubaix. Cette composition monumentale de six mètres sur treize a été commandée à l’atelier Bailly-Jambon, spécialiste des décors éphémères de théâtre et d’opéra. Réalisée par plusieurs artistes, elle devait être détruite après l’Exposition internationale du nord de la France en 1911. Elle a été retrouvée au milieu des années 1990 dans un grenier de l’hôtel de ville où elle servait à colmater les fuites de la toiture! La salle du musée a été spécialement construite pour l’accueillir. Elle a été nettoyée et restaurée directement sur le sol du nouvel espace du musée consacré à l’histoire de la ville de Roubaix. Le soleil pénètre généreusement par les verrières et la surface du bassin s’illumine de couleurs. Orientalisme, peinture fin de siècle, post impressionnisme, le musée n’a rien à envier au musée d’Orsay ou au Petit Palais. Les espaces intitulés enfance et figure moderne me plaisent particulièrement. J’aime particulièrement La Cigarette d’Henri Lebasque, Au café de Foujita, Sur la plage de Charles Hoffbauer ou encore Les enfants du jardin de Vuillard.

Je ne me lasse pas de contempler un portique en grès cérame de la Manufacture nationale de Sévres et réalisé par Alexandre Sandier. Nous sommes nombreux à le photographier sous tous ses angles!

Le musée a tenu toutes ses promesses! Je suis vraiment heureuse de l’avoir découvert. Nous aurions bien déjeuné dans le restaurant mais toutes les tables sont déjà réservées. J’aime vraiment les musées comme les gares, les aéroports, les ports, les cafés et les marchés: lieux d’échanges, de rencontres et de partages. J’aime aussi les abbayes et les hôpitaux mais c’est une autre histoire. Quand nous habitions le Tarn, notre père m’avait fait rencontrer la conservatrice du musée Goya. Aimant vraiment l’art, j’avais envisagé d’exercer ce métier mais la difficulté du concours alliée à un manque de confiance en moi m’avait fait renoncer. Si la réincarnation existe et si je peux revenir encore plusieurs fois, j’aimerais être anthropologue, psychiatre, journaliste, conservatrice et guide de haute montagne ou navigatrice. L’avantage quand on écrit et qu’on a de l’imagination, c’est qu’on peut s’inventer des vies à l’infini!

Mercredi, nous marchons jusqu’au muséum d’histoire naturelle en passant par la porte de Paris et en longeant le bâtiment qui accueille sciences-po. Nous taquinons Victoire que nous poussons gentiment à préparer l’an prochain un dossier pour intégrer l’un des IEP de France. Cela l’agace! Victoire, elle, envisage de plus en plus des études de droit à Paris. Entre un père qui a soutenu avec brio un mémoire en DEA d’histoire du droit sur la vie de Pierre Paul Rubens et une mère qui a enseigné le droit privé à l’Université, un arrière-grand-père président d’une Cour d’appel et un grand-père devenu sur le tard conseiller à la Cour administrative d’appel de Paris, une grand-mère qui, avec le recul, aurait bien mis ses pas dans ceux de son grand-père magistrat et une mamie qui est plus calée en droit fiscal que les meilleurs avocats fiscalistes du barreau de Lyon, une forme d’atavisme doit jouer! Cela m’amuserait que Victoire se retrouve assise dans le grand amphi de Paris 2. Une partie de la boucle serait bouclée! Encore plus si elle avait Nicolas Molfessi en deuxième année en droit des obligations quand il fut mon chargé de TD mais il n’enseigne pas la matière. Dans le sillage de François Terré, il a pris la tête du laboratoire de sociologie juridique et dispense la matière en master 2.

Quand nous pénétrons dans la grande salle du muséum d’histoire naturelle, nous sommes assaillis par le bruit. Lille est en vacances. Un nombre incalculable de jeunes enfants visite le musée avec des parents ou des grands-parents. La moyenne d’âge des enfants ne doit pas dépasser 5 ou 6 ans. Le musée vient à peine d’ouvrir ses portes et, déjà, le malheureux gardien est épuisé de répéter inlassablement aux enfants de ne pas taper sur les vitres contenant des insectes, de ne pas caresser les animaux empaillés et de ne pas galoper à l’étage. Les parents, eux aussi, sont à bout! Les mamans ont des têtes effrayantes. Les grands-parents tremblent à l’idée de perdre l’un de leurs petits-enfants. Un petit garçon s’endort sur l’épaule de Victoire qui n’ose plus bouger. Je commence à avoir mal à la tête et suis heureuse que ces années-là soient derrière nous! Victoire et Louis veulent savoir s’ils étaient aussi terribles que les enfants qui les entourent. Je leur rappelle qu’à Fontainebleau, Céleste avait enjambé le fil délimitant l’une des chambres du château et que l’alarme avait retenti nous vrillant les oreilles! Quant à Louis, dans la lune, on devait s’assurer qu’il nous suivait car il pouvait facilement nous perdre. Victoire était la plus calme.

Nous quittons les papillons, les fossiles, les astéroïdes, les dinosaures et les araignées pour entrer dans la boutique qui abrite un restaurant. Une odeur délicieuse flotte dans l’air et l’ambiance me rappelle la Nouvelle-Zélande. Nous nous installons à une table et déjeunons délicieusement bien de plats aussi frais que sains. Heureusement, les enfants qui prennent place autour des tables avec leurs parents sont infiniment plus calmes que ceux que nous avons laissé dans la grande salle. Retour à l’appartement très lumineux. Victoire a emporté du travail et Louis regarde des vidéos sur son portable. Stephane et moi repartons nous promener dans les rues et achetons des gaufres fourrées à la vanille de Madagascar pour ma maman chez Méert, une institution de Lille. On y entre comme s’il s’agissait d’une bijouterie de luxe. L’enseigne possède une boutique à Paris au 16 de la rue Elzevir dans le 3ème. Nous allons diner dans une pizzéria absolument délicieuse La Bottega. Les patrons et le personnel viennent de Sicile ou de Sardaigne. Les fondateurs sont une soeur et un frère, Lorena et Gilberto. Tous les produits viennent des meilleurs producteurs des régions italiennes comme les Abruzzes, l’Ombrie, les Marches, les Pouilles, le Piémont, la Toscane, la Sardaigne. On peut retrouver les produits dans leur épicerie. Les aubergines à la tomate sont un vrai délice!

Jeudi, nous ne pouvons pas déposer nos affaires à Bruges avant 15h00. Nous faisons une halte à Villeneuve d’Asq pour y découvrir le LaM, musée d’art moderne. Il abrite une très belle collection d’art brut que nos enfants ont découvert grâce à plusieurs visites à la Fabuloserie de Dicy. Le musée accueille une exposition temporaire consacrée à Paul Klee et intitulé « Entre-mondes ». L’exposition montre comment les artistes du XXème siècle ont été marqués et influencés par l’art asilaire, les arts premiers, la découverte des peintures pariétales et les dessins des enfants.

Dans l’une des salles du musée, un monsieur est assis en tailleur sur le sol et fait face à une dizaine d’enfants dont l’âge va de 3 à 5 ans. Il les fait chanter une chanson que Céleste, Victoire et Louis ont tous les trois apprise avec Josette en première ou moyenne section de maternelle: « Deux petits doigts qui dansent, deux petits doigts qui dansent et ça suffit pour s’amuser ». Un couple de grands-parents assiste à la séance. Le grand-père, lui, filme avec son téléphone portable. Je m’amuse en songeant que ce couple doit rendre des comptes des activités offertes à leurs petits-enfants à leurs enfants tous les jours! Après avoir chanté, le monsieur aide les enfants à reconnaitre puis à dessiner des formes géométriques sur des feuilles. Victoire se demande pourquoi ce couple reste planté là à subir cette animation quand il pourrait en profiter pour découvrir le musée en paix…Pragmatique, la future étudiante en droit!

Avant que le restaurant du musée soit pris d’assaut, nous nous installons à une table et déjeunons là encore très bien d’un plat à la fois simple et sain. Nous arrivons à Bruges sous un beau soleil. L’appartement est spacieux. Je suis venue à Bruges quand j’avais 24 ans avec un amoureux qui, comme dans la chanson de Schultheis « Confidence pour confidence » s’aimait au-travers de moi et voulait me condamner à l’ombre quand je ne m’épanouis que dans la lumière. A cette époque, les Flamands se montraient très désobligeants avec les francophones. Presque 30 ans plus loin, ils se montrent charmants et alors que nous leur parlons en anglais ils se mettent, quand ils le peuvent, à parler en français. Les habitants sont très agréables et détendus. On circule beaucoup en vélo. Le lac d’amour et les canaux sont un peu sévères en cette fin d’hiver et le soleil s’est caché. Eunice se rapproche. Nous dinons dans un bar à tapas.

Vendredi, nous nous levons de bonne heure et allons nous promener et visiter le Gruuthuse muséum qui expose une collection de tableaux commençant avec les maitres flamands ou de style flamand tels que Van Eyck ou Memling et se terminant avec des oeuvres de Delvaux ou Magritte. Nous passons beaucoup de temps devant le jugement dernier de Bosch. Ce peintre me fait toujours penser aux univers sortis de l’imaginaire fertile de Rabelais.

Dans le jardin clos du béguinage, on sonne l’office. Un groupe de religieuses sort de l’une des petites maisons à la façade blanche. Elles avancent en se tenant bras dessus bras dessous. Sous les grands arbres, des crocus jaunes et mauves sont sortis de terre. Les jonquilles et les tulipes vont bientôt suivre. A Lille, j’ai vu des arbres en fleurs.

Le vent se lève. On annonce une tempête redoutable. Elle balaie mon désir de faire découvrir les grandes plages de la mer du Nord aux enfants. La première fois que j’ai foulé le sable d’un bord de mer du Nord, c’était avec la famille de l’une de mes correspondantes allemandes. J’avais adoré ces espaces immenses qui m’avaient rappelé les plages du Finistère Sud. Le vent soulevait le sable qui fouettait nos jambes. L’air s’engouffrait dans nos poumons. Nos cheveux s’emmêlaient. Des baigneurs prenaient le soleil abrité par des corbeilles en osier, grosses conques posées sur la plage. J’aurais aimé faire écouter aux enfants deux chansons de Brel qui me bouleverse toujours autant « Mon enfance » et « Le Plat Pays ». Notre père adorait Brel. Quand j’étais en seconde, il m’a offert l’intégrale de ses textes. Pour mes 30 ans et alors que notre père venait de mourir, ma belle-mère m’a fait un magnifique cadeau: toutes les chansons de Brel dans un seul coffret. En première, j’avais consacré un exposé au chanteur belge enterré aux Marquises. Notre professeur, une femme remarquable qui, depuis la mort de son mari, s’occupait de leur exploitation et tondait seule les moutons, pleurait en silence. Les chansons venaient raviver le manque de son mari trop tôt parti. De petite taille et très menue, elle était toujours perchée sur des talons hauts. Elle nous a fait adorer les textes et les oeuvres au programme de l’oral de français. Avec elle, nous n’avons jamais disséqué les textes au scalpel. Nous n’avons jamais dénaturé la pensée d’un écrivain ou d’un poète avec des interprétations délirantes. Elle en appelait toujours à notre sensibilité, à nos émotions. Je n’ai pas su avant que les filles soient en première ce qu’était une didascalie, un chiasme ou encore un asyndète. Cela ne m’a pas empêchée de savoir analyser un texte. Plutôt que de passer en revue toutes les figures de style, on devrait s’attacher à l’histoire des écrivains en insistant sur leur enfance et leur adolescence tant ces années de construction sont déterminantes.

https://www.youtube.com/watch?v=AtzP0k7X5eE

Samedi matin, avant neuf heures, nous quittons l’appartement et tirons nos valises jusqu’au parking situé à côté d’un grand centre culturel baptisé le cube rouge. Sur la place, j’aperçois les étals d’un marché. Je m’y serais bien promenée mais les enfants sont désireux de rentrer. Victoire n’a pas vu Louis depuis quinze jours et Louis a envie de retrouver ses amis et sa moto. Le vent violent a chassé les nuages. Le ciel est limpide et le soleil brille. Dans la Somme, un drapeau français et, dans le champs, des dizaines de croix blanches alignées. Les corps des malheureux soldats tombés au front et que, souvent, on n’a pas réussi à identifier. Je pense à Auguste, l’un des frères de notre arrière-grand-père, le père de notre grand-mère maternelle. Embarqué à Marseille, il est mort aux Dardanelles. L’armée avait envoyé à ses parents une photo de sa tombe. Elle doit se trouve quelque part dans la bonne et vieille maison de Pont. Auguste devait reprendre le commerce de son père. Ce dernier n’a pas supporté la mort de son fils.

Dans la voiture, je termine La Muse rouge premier roman de Véronique de Haas qui a obtenu le prix du Quai des Orfèvres. Je me délecte de cette histoire criminelle dont l’action se déroule entre Paris, Quimper et le Havre après la Grande guerre dans les milieux des camelots du roi, des syndicalistes, des peintres de Montparnasse, des Juifs russes et des Russes blancs, des maisons closes et de la fièvre affairiste coloniale à Cotonou et Pointe-Noire.

Notre maman et les animaux nous accueillent avec chaleur à la maison. La porte franchie, je commence déjà à ouvrir de nouvelles fenêtres dans mon cerveau sur d’autres horizons.

L’Europe a trop souffert des guerres. La guerre en ex-Yougoslavie a été épouvantable. Espérons que Poutine en reconnaissant les deux républiques séparatistes du Dombass cherche seulement à mettre un frein à la volonté de l’Ukraine d’intégrer l’OTAN. Poutine est animé d’un fort désir de reconquête des territoires ayant été, par le passé, rattachés à l’URSS. Poutine est redoutable pour l’Occident et son armée Wagner s’étend désormais à l’Afrique du Nord.

Mésanges et moineaux sont suspendus aux boules de graisse accrochées à la balustrade de l’une des fenêtres de mon cabinet. Les oiseaux passent des branches du sapin à la fenêtre. Des bancs de brouillard flottent au-dessus du plateau. Fantôme m’attend. Nous irons raconter à Muguette et à Pépette nos aventures dans le Nord de la France et le Plat Pays de Brel.

A bientôt!

 

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

2 commentaires sur “Chronique Lille, Roubaix, Bruges

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