Chronique d’une échappée belle dans Paris en mai

« J’aime Paris au mois de mai
Quand les bourgeons renaissent
Qu’une nouvelle jeunesse
S’empare de la vieille cité
Qui se met à rayonner
J’aime Paris au mois de mai
Quand l’hiver le délaisse
Que le soleil caresse
Ses vieux toits à peine éveillés » chante Aznavour.

Je suis comme lui. J’aime Paris quand les fleurs des marronniers se colorent de rose ou de blanc, que, dans les jardins, l’ombre se fait encore fraiche, que les femmes portent des robes à fleurs, qu’autour des bassins, les enfants deviennent les capitaines de voiliers du monde entier, que les jours s’étirent aux terrasses des cafés, que, chez Berthillon, une longue file serpente, que les touristes ouvrent des yeux ravis sur les beautés d’une ville qui n’a pas son pareille, que, dans les assiettes les salades se font printanières. J’aime aussi beaucoup Paris, vers la fin du mois d’août quand les Parisiens ne sont pas encore rentrés de leurs vacances, que les feuilles des marronniers roussissent diffusant déjà comme un parfum d’automne. J’aime quand je peux quitter le plateau pourtant si beau en ce moment pour une évasion capitale.

Dimanche dernier, sur le parking, une voix m’appelle. C’est Ann (à l’adolescence, elle avait demandé à ses parents que soit retiré le « e » de Anne pour affirmer son identité) dans une ravissante robe longue parsemée de petites fleurs. Ann a été ma patiente avant que nous nouions une relation amicale. Elle habite un très joli village voisin, fief de la famille Massu et dont le calme est désormais menacé par une déviation qui conduira les camions à le traverser. Il faut élargir la route et couper des arbres. C’est une hérésie de faire ça. Je me demande combien la mairie a touché d’argent pour accepter un projet qui va totalement ruiner le charme du coeur du village. Je ne le savais pas mais Ann est née le 1er mai comme Muguette. Ce matin, chez Muguette, c’était l’affluence des grands jours: son amie d’enfance, Simone, qui ne me dit jamais bonjour ni ne me regarde dans les yeux; Bruno son fils de coeur qui aime à sauter dans le potager entre les citrouilles et les courgettes, Sylvia, sa nièce qu’elle sert fort dans ses bras. Je dépose mon bouquet de muguet des bois et je m’éclipse. Ce muguet je l’ai acheté sur la place du village. La dame m’a raconté qu’elle allait en ramasser avec sa mère depuis cinquante ans. Hier, elle a convaincu son mari qu’elle appelle « papi » de l’accompagner. Il s’est assis sur un tronc d’arbre tandis qu’elle confectionnait ses bouquets. Cela lui a fait beaucoup de bien d’être ainsi en pleine nature et d’écouter le chant des oiseaux.

A contre-sens de la marche, dans le train, j’ai mal au coeur et de plus en plus de mal à me concentrer sur ce que me raconte Ann. Le port du masque n’arrange rien. Heureuse de retrouver l’air libre. Les enfants d’Ann sont venus l’accueillir. Ils l’emmènent déjeuner dans un restaurant. Une maman heureuse! En sortant du métro Lamarck-Caulaincourt, je me retrouve au milieu d’une brocante: objets japonais ou chinois, mobilier années 60/70, vêtements de seconde main, argenterie, lampes, tapis et photos de famille. Cela me fait toujours tant de peine de voir dans les brocantes des choses si personnelles. Comment peut-on laisser partir entre des mains anonymes des souvenirs si personnels? Cela me rappelle un très beau livre déniché au hasard d’une flânerie à la médiathèque Les gens dans l’enveloppe. L’auteur avait imaginé la vie de gens dont elle avait acheté les photos sur une brocante avant de les rencontrer dans la vraie vie et de savoir si ce qu’elle avait écrit correspondait à la réalité.

Chez ma soeur, Miyu sur le lit de Valentin, un muguet dans un pot, un magnifique bouquet de pivoines et sur la table basse deux ouvrages: Le livre des vrais surdoués de Béatrice Millêtre et La question de l’analyse profane de Freud. J’écris depuis le divan sur lequel les analysants s’allongent pour se livrer, plonger en eux, raconter leurs rêves, arrêter de se fuir et se rencontrer en se réparant. Je quitte Montmartre et sors du métro à Notre-Dame-des-Champs. Un petit tour rue Bréa. Le restaurant de Gilles se nomme désormais Les deux cigales. La mercerie des fausses soeurs Mulot est devenu un restaurant. La crêperie Le vieux journal est fermée. Petit tour rue Daguerre avant d’entrer à la Fondation Cartier et y découvrir le travail de la photographe mexicaine dont j’apprécie le regard d’anthropologue. Ses photos me permettent de mieux comprendre l’approche thérapeutique d’Alejandro Jodorowsky. L’analyste et l’analysant devraient toujours posséder la même langue maternelle et les mêmes repères culturels. Il me semble aussi évident qu’un analysant doté de surdouance devrait être suivi par un analyste surdoué. En découvrant l’oeuvre de Graciela Irtubide, je pense à Nancy si heureuse à Madrid et me demande quand j’irai la voir.

Au Luco, près de l’orangerie, des joueurs d’échecs de toutes les nationalités et de tous les âges s’affrontent sous l’oeil de passants ou de personnes attendant de pouvoir disputer une partie avec le vainqueur. Je pense à Zweig et à son joueur. Dans une allée, une vieille dame relit des notes prises sur des cartons Bristol. Une petite fille fait ses premiers pas avec sa maman et sa tante, émue, les regarde. Des coureurs soulèvent de la poussière blanche. Cela sent le crottin. Je glisse du Luco au jardin des Tuileries. Pas de vent. Près des bassins les voiliers restent à quai. Il fait encore frais à l’ombre des allées de marronniers. Une femme lit. Elle porte un panama. Je reprends le métro à Concorde. Très fatiguée, je m’endors à 21h00. Miyu, elle, s’installe sur le tapis de la chambre de Valentin.

Lundi, je pars en repérage pour Stéphane porte de Clignancourt. Je vais découvrir la Recyclerie un tiers-lieu qui est géré par Sinny&Ooko, structure privée de l’économie sociale et solidaire qui redonne vie à des espaces abandonnés en unissant les projets, les générations et les cultures autour de différents savoirs comme le bricolage ou la couture. Sinny &Ooko ont accompagné la création du Pavillon des Canaux, du Bar à Bulles et maintenant de la Cité Fertile. Ce dernier lieu propose aux citoyens de se retrouver pour partager des idées, explorer des initiatives, rassembler les énergies, et répondre ensemble aux enjeux sociaux et environnementaux d’aujourd’hui. A cette heure, l’ambiance est très calme à la Recyclerie. Mes yeux vont des vieux fauteuils en velours râpé, aux tables en formica, au meuble de mercier, à la machine à coudre, aux brocs émaillés, aux plantes vertes qui grimpent le long des piliers et donnent au lieu un côté grande serre du jardin des Plantes et au vieux parquet portant la mémoire des artisans du passé. L’arrière de la pièce s’ouvre sur une voie ferrée désaffectée le long de laquelle ont été aménagés des potagers, des poulaillers et des cafés en terrasse. Attablés des touristes anglo-saxons et des jeunes portant des vêtements de seconde main. J’imagine qu’ils attendent l’ouverture des puces autour d’un petit-déjeuner. Tout est toujours quérable dans ces lieux. Sur des ardoises au-dessus de l’établi les phrases suivantes: « Réparer votre petit électro-ménager » ou « Emprunter des outils ». Pour un euro, on offre un « café suspendu », un café pour quelqu’un qui n’a pas les moyens de l’acheter.

Je pense à la Nouvelle-Zélande. Il y avait déjà tout ça voici 20 ans. Les Néo-Zélandais étaient les rois de la récupération et au rayon alimentation, ils n’avaient pas besoin de préciser que les produits étaient « bio » car les deux îles n’ont jamais eu recours aux pesticides. Derrière la Recyclerie, je découvre un lieu enchanteur, la campagne dans Paris: la villa des Tulipes.

Je quitte la Recyclerie et repasse chez ma soeur avant de reprendre la ligne 14 et d’en descendre Cour Saint-Emilion. J’achète un sandwich et marche le long des allées du parc Isaac Rabin. Paris est en vacances. Des jeunes enfants jouent sur les pelouses sous l’oeil plus ou moins attentif de parents ou de nounous fatigués. Un héron est immobile dans un bassin. Devant la médiathèque de Paris, le manège est à l’arrêt. Je vais visiter l’exposition sur Romy Schneider dont j’ai vu presque tous les films. Ma préférence va à ceux réalisés par Claude Sautet. Les choses de la vie ou César et Rosalie m’ont beaucoup marquée. D’une salle à une autre se raconte en ombre et en lumière l’existence d’une femme marquée par les absences répétées de ses parents et qui luttera pour combler cette carence affective sans jamais y parvenir. Une femme qui appartient à une génération d’Allemands hantés par le passé nazi de leur pays et qu’ils portent sur eux comme une tache indélébile.  Je ne reverrai jamais Le vieux fusil qui lui a valu la haine de son propre peuple. Un peuple qui n’aurait pas affronté son passé sans un magistrat extraordinaire, Fritz Bauer. Il est l’instigateur du second procès d’Auschwitz. Le film Le labyrinthe du silence raconte la manière dont, en 1958, le jeune procureur Johann Radmann recherche des pièces décisives sur les camps de la mort d’Auschwitz. Fritz Bauer se mettra en relation avec le Mossad pour organiser l’arrestation d’Adolph Eichmann.

Une émotion soudaine me submerge à la vue de quelques images de La Passante du Sans-Souci, dernier film dans lequel joue une Romy Schneider anéantie par la mort de son fils aîné et par le vol de photos de son enfant par des paparazzi déguisés en infirmiers. Elle est déjà trop avancée sur la barque conduite par Caron pour que son adorable petite fille réussisse à la garder du côté des vivants. Le Procureur de Paris refusera l’autopsie pourtant obligatoire en cas de mort dite suspecte. C’est aussi le Procureur de Paris qui en fera de même pour notre père. Un petit tour à la boutique. J’en ressors avec Les choses de la vie de Paul Guimard.

Depuis que je suis arrivée à Paris, la nostalgie me poursuit comme un parfum entêtant. Je suis à fleur de peau. Je m’en rends compte après avoir rejoint notre maman à Sceaux pour une tasse de thé. Je lui pose des questions sur sa famille. Il me manque encore tant d’informations. Elle a repris l’écriture de ses souvenirs et je m’en réjouis. Quand je la quitte et que je marche dans une rue que j’ai empruntée des centaines de fois depuis que je suis étudiante, mon coeur se gonfle violemment à l’idée qu’un jour je ne ferai plus ce chemin car notre maman ne sera plus là. Cette idée me semble alors insupportable. Je suis si triste que je passe sans un regard pour elle devant cette maison qui m’a toujours tellement plu et dans laquelle j’avais imaginé ma vie.

Mardi, café Beaubourg dans cette ambiance qui évoque celle de la Mitteleuropa d’un Stephan Zweig ou d’un Thomas Mann. Je suis fidèle à ce café depuis que je suis étudiante. Deux oeufs à la coque et un jus d’orange pressé me calent. Je rejoins le musée d’art et d’histoire du judaïsme situé dans l’hôtel Saint-Agnan par la rue Rambuteau. Je n’ai pas pu voir l’exposition que le musée Carnavalet consacrait à Proust. Je me rattrape avec celle qui présente Proust dans sa relation avec la judéité maternelle. Si le père de Proust, grand professeur de médecine, était catholique, sa mère née Jeanne Weil, était issue d’une famille de la  bourgeoisie juive. Au début du 19ème siècle, l’arrière-grand-père de Proust dirigait à Fontainebleau une fabrique de porcelaine réputée. Il était aussi le circonciseur attitré de la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth, premier lieu de culte consistorial édifié à Paris. Proust ne cherchait pas à attirer l’attention sur ses origines juives mais il allait prendre fait et cause pour le Capitaine Dreyfus et assister à son procès en révision. Dans la Recherche, la place des Juifs dans la société et l’antisémitisme sont très présents. L’exposition s’arrête sur les personnages qui ont inspiré à Proust ses héroïnes et héros. Le comte Robert de Montesquiou n’aimait pas penser qu’il avait servi à nourrir Charlus! Le peintre Goldoni a réalisé un très beau portait de cet aristocrate décadent comme les appréciait Jean Lorrain. Son monsieur de Phocas serait aussi une sorte de double de Montesquiou.

Sous un tableau, je suis attirée par le cartouche. Il évoque les arrière-grands-parents maternels de l’une de mes amies, Sandrine, que j’ai connu rue Bréa et dont je suis toujours très proche. Je lui envoie une photo du cartouche et elle me répond immédiatement. La librairie du MAJH est d’une grande richesse. J’y reste longtemps. Je la quitte avec le premier tome de la Recherche que je n’ai encore jamais pris le temps de commencer. J’ai toujours repoussé à plus tard cette lecture.

Je vais déjeuner d’un sandwich sur un banc, un confident, à l’ombre des arbres du jardin du Palais-Royal. Mes pas finissent toujours par me conduire ici entre le Louvre, le Conseil d’Etat, la Comédie française et les Tuileries. J’observe les gens qui m’entourent: un couple avec un bébé, une dame âgée avec son chien, des jeunes femmes, des groupes d’étudiants. Je pense à ce film de Wim Wenders Les ailes du désir. Des anges avaient le pouvoir d’entendre toutes les pensées des gens. Dans ce film si poétique et capable de réconcilier tout le monde avec la langue allemande si souvent associée aux horreurs de la seconde guerre mondiale, un magnifique Lied commençant par Als das Kind Kind war ce qui se traduit par « quand l’enfant était un enfant ». Ce film est également associé à une chanson interprétée par Bono « Stay ». Souvent, j’ai imaginé être un de ces anges en noir et blanc qui pouvait entendre les pensées des mortels humains.

https://www.youtube.com/watch?v=9hhOsoxTrJU

Et si quelqu’un m’observait, que se dirait-il? C’est une femme de 50 ans à l’allure assez sportive portant un vieux foulard Hermès reconnaissable à la qualité de la soie aujourd’hui perdue. Un foulard de sa mère? Elle est mariée. Elle porte une alliance et a sans doute des enfants. Elle a bonne mine, un vieux sac à dos patiné. Certaines mèches de ses cheveux sont de taille différente. Elle doit les couper elle-même. Je sors de ma rêverie et vais rejoindre notre maman au musée des arts décoratifs. Elle a eu un malaise et m’attend à l’intérieur. Sans doute une chute de tension. Nous prenons notre temps. L’exposition consacrée au Petit Prince de Saint-Exupéry est magnifique.

Beaucoup de lettres à lire, des lettres très émouvantes. J’avais oublié que Saint-Ex avait perdu son frère et qu’il avait raté Navale à l’oral. Etudiante, j’ai lu plusieurs de ses ouvrages dans lesquels il raconte sa vie d’aviateur de l’Aéropostale. Une écriture « masculine » à la Malraux ou Camus. Je ne me rappelle plus quand j’ai fait la connaissance du Petit Prince mais il m’a toujours accompagnée. Maintenant, il me semble évident que ce Petit Prince est l’enfant que Consuelo et Saint-Ex n’ont pas pu avoir. L’amour qui les unissait était très fort et chacun à tour de rôle se faisait parent ou enfant. Dans ce conte se trouve toute la pensée humaniste de Saint-Ex. Il nous dit bien qu’il ne faut pas renoncer à l’attachement de peur de souffrir du manque ou de la perte.

 

La prière que sa femme lisait le soir après que son mari ait décidé de repartir en mission pendant la seconde guerre mondiale est bouleversante.

En quittant le musée, nous nous installons à la terrasse d’un café. Il fait frais. On est bien. Nous bavardons. Ce moment est si agréable. Depuis très longtemps, je vois essentiellement notre maman ici, sur le plateau, et elle vient toujours pour nous permettre de nous évader. Nous sommes toujours engluées l’une et l’autre dans de la logistique qui plombe nos échanges. Je suis souvent fatiguée et pas assez disponible. Toute mon attention a été mise au service de mes patients. Là, nous ne sommes que dans le plaisir d’être toutes les deux. Je me promets que nous recommencerons vite. Le soir, je rejoins Cerise l’une des amies les plus proches de ma soeur et la marraine de Margot, notre première nièce. Chez Ginette, en terrasse, nous passions un moment très agréable tandis qu’à Célestat ma soeur, Jean-Luc et leur troupe jouent Fly me to the moon.

Mercredi, encore une exposition au Petit Palais où je découvre le travail du Finlandais Albert Edelfelt. Il était venu étudier à Paris à la fin du 19ème siècle et s’était essayé à plusieurs genres comme l’impressionnisme ou le japonsime. Il a peint à plusieurs reprises Pasteur. J’ai beaucoup aimé la grande toile sur laquelle il a représenté le jardin du Luxembourg et celle de Virginie, un modèle qu’il a beaucoup peint. Retour chez ma soeur. Miyu vient se faire caresser. Ma soeur sera là bientôt. A 17h10, le train quitte le quai à Bercy. Le ciel s’est chargé de gros nuages. Je suis à peine arrivée que Louis ouvre la porte. Il a mis mes sabots jaunes. Il me demande si je peux lui donner un coup de pouce en français. Stéph a fait tout le repassage. Victoire a aspiré et Louis passé la serpillère qui trempe toujours dans l’eau charbonneuse du seau bleu. Dimanche dernier, un merveilleux déjeuner avec des amis de mes années de faculté à Paris et, hier, une longue entrevue avec Sophie qui a le don de soigner les corps et les âmes. De belles choses à vous raconter bientôt.

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

 

2 commentaires sur “Chronique d’une échappée belle dans Paris en mai

  1. Coucou j’ai tout lu, c’était long mais j’ai pleins de réponses à mes interrogations sur Instagram …
    Je vous ai sentie triste (souvent) plutôt que nostalgique, le partage de ces moments étaient trop brefs comme si vous aviez envie de rentrer sur le plateau !
    Peut-être n’était ce pas le mois de mai que vous espériez ?
    Je vous parle en MP
    Je vous embrasse
    Danielle

    1. Chère Danielle, je ne découvre que maintenant votre message. J’ai été un peu étonnée que vous ayez trouvé que j’étais un peu courte sur ce que j’avais vu à Paris. J’avais déjà tant écrit et je craignais d’ennuyer les lecteurs. J’adore Paris et si j’ai de la nostalgie ce n’est pas d’être éloigné d’un plateau qui m’a tant fait souffrir mais de ne pas être restée vivre à Paris où je me serais tellement mieux accomplie. Je vous embrasse

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