Chronique autour de la première évasion capitale de l’année

Après des jours de ciel gris et de vent froid, le mercure remonte dans le thermomètre et le soleil s’invite au-dessus du plateau. Les champs verdissent. Ce matin, je partageais un café avec Aline qui me racontait leur voyage au Sri-Lanka. Des chevreuils passaient au bout de son jardin. Les oiseaux sont nombreux à venir piquer les boules de graisses accrochés au balcon de la fenêtre. Dimanche, j’ai trouvé un rouge-gorge dans l’herbe. Il était mort et le chat ne semblait pas être fautif. Je l’ai pris dans ma main délicatement et suis allée l’enterrer sous une couverture de feuilles mortes. Quand je trouve un animal mort, je lui adresse toujours une petite prière. J’ai encore du mal à me tenir au-dessus de la tombe de Fantôme. Devant la maison, je découvre toujours dans les graviers des boules de ses poils. Même s’il n’aimait pas ça, je le brossais une fois par semaine. A l’approche de l’été, il perdait énormément de poils. C’est le moment où les enfants décidaient de le laver dans le jardin. Fantôme avait été littéralement traumatisé par une séance dans un salon de toilettage. Il avait été stressé par les bruits, la chaleur, la présence d’autres chiens. La jeune femme avait été obligée de le museler. Le lendemain, sa peau s’était couverte de plaques. Fantôme venait de mourir quand, dans un article, j’ai découvert que les chiens de berger étaient très sensibles à tous les stimuli.

Pendant trois jours pleins, à Paris, je n’ai pas pensé à Fantôme car je n’ai jamais arpenté les rues de la capitale avec lui. De la grande ville, Fantôme n’aura connu que l’Orlyval et l’aéroport d’Orly quand nous l’avions emmené en Balagne avec nous. Pauvre Fantôme! Nous n’avons jamais eu un départ aussi stressant. A Antony, l’Orlyval était fermé à la suite d’une alerte à la bombe. Nous nous étions entassés dans un autobus. Il y avait tant de monde sur l’autoroute qu’à l’approche de l’aéroport, nous avions préféré descendre et continuer à pied. Le temps tournait et nos chances de monter dans l’avion s’amenuisaient. Je réalisais que j’avais laissé dans le bus la valise sur laquelle j’étais assise pour prendre moins de place. Le bus étant pris dans la circulation, je la récupérais en faisant rire les passagers. Je ne riais pourtant intérieurement pas du tout! Dans l’aéroport, la foule des grands jours. Tandis que les enfants passaient seuls les contrôles, j’accompagnais Stéphane là où nous devions laisser notre Fantôme. J’ai eu un pincement de coeur en le voyant disparaitre dans sa caisse sur le tapis tel un vulgaire bagage. Des images sont remontées brutalement: celles de notre départ définitif de la Martinique. En quatre ans, nous n’avions jamais fait voyager nos chiennes en métropole. Nous les laissions aux Colonnes où des personnes incroyables prenaient soin d’elle. Le jour du départ, notre maman avait fait prendre un sédatif à nos chiennes pour qu’elles dorment pendant les 7 heures du retour. Je crois me souvenir que Réo qui n’était encore jamais montée dans un avion pleurait. Hier, j’ai appris hier que Stanislas, l’ancien chauffeur de notre père qui avait été champion de boxe des Antilles, avait eu 100 ans et s’habillait toujours avec la même élégance. Un homme adorable qui nous portait à bout de bras au-dessus de sa tête comme si nous étions des brindilles. En maillot de bain, il m’arrivait de l’aider à nettoyer la voiture devant la maison près du grand zamana.

Ce matin, je lis que c’est un zamana dans le nord de la Martinique qui s’était vu décerner le prix du plus bel arbre. Ce Zamana a survécu à tous les cyclones ainsi qu’à l’éruption volcanique de la Montagne pelée en 1902. Il servait autrefois à abriter les plantations de caféiers et de cacaoyers. Son tronc très large de plus de 2,50 mètres de diamètre nécessite plus de dix personnes main dans la main pour en faire le tour. Dans un article publié sur le site de France Info, on peut lire que : » Son parasol abrite et protège toutes les espèces animales et végétales du parc de l’Habitation Céron. Ses racines, fortes et imposantes, surgissent de la terre comme pour montrer sa grandeur et sa supériorité face à la forêt. Ses branches sont comparables à de grands bras qui enlacent le jardin. La pulpe contenue à l’intérieur est comestible avec un léger goût sucré rappelant le jujube. Les graines présentent à l’intérieur servent à faire des colliers et dans le temps, nourrissaient le bétail. »

Petite fille, alors que la nuit était tombée, une nuit d’un noir profond et étourdissante, j’aimais marcher pieds nus dans le jardin où se promenaient des crapauds. Le matin, notre père allait rendre visite à sa mangouste qu’il trouvait près du poulailler. Nous avons quitté l’aéroport du Lamentin alors que la nuit était tombée sur l’île d’une enfance bénie des dieux mais pas des adultes. Notre père avait beaucoup souffert sur cette île, tombant malade à un poste très dur. Il devait, notamment, faire face aux blocages du port et trouver très vite des solutions pour acheminer des produits de première nécessité. Quand j’étais enfant, presque tous les produits venaient de métropole par bateau. Les tapis dans l’aéroport ressemblaient à ceux des grandes surfaces: les familles rapportaient tout ce qui était très cher sur l’île. Quand notre père s’organisait pour faire venir la viande d’Argentine, elle n’était jamais aussi bonne! Les mouvements sociaux étaient très violents: les deux blocs refusant de céder et les négociations se déroulant dans un climat d’une tension extrême où affleurait le passé esclavagiste de la Martinique.

Nous ne savions pas comment Fantôme supporterait ce voyage en soute. A l’arrivée, son beau pelage blanc était jaune. Sa caisse était couverte de salive. Il a refusé de quitter la maison de ma belle-famille pendant deux jours pleins. Cet été-là fut un été de canicule et j’étais obligée de me promener avec lui très tôt le matin et tard le soir. Un animal pas du tout fait pour un été corse! Au retour, il était dans le même état! Une dame m’a dit que tous les ans son mari et elle étaient obligés de prendre l’avion avec leur chien qui ne s’était jamais habitué à ces voyages.

A Paris, pendant trois jours pleins, j’ai pu profiter de ma soeur, de notre fille ainée, des enfants de ma soeur et de notre maman. Il est assez rare que je réussisse à voir des amis. Le mercredi après avoir déposé mes affaires et avant d’aller à Neuilly faire la connaissance de l’endocrinologue à laquelle me confie le Docteur Noël, je m’offre une virée rue de Rennes et trouvais à la Fnac le livre que m’avait demandé Victoire pour préparer l’écrit des Sciences-Po de Province. Les sujets portent sur la peur et l’alimentation. Je marche ensuite jusqu’au métro Sèvres-Babylone et découvre avec bonheur le travail d’un artiste indien, Subodh Gupta, s’exposant dans les vitrines donnant sur la rue de Sèvres. J’ai l’impression d’être la seule à prendre le temps de contempler les oeuvres qui présentent des assemblages d’objets du quotidien, essentiellement des ustensiles de cuisine dont le langage est universel. Aux quatre coins de la planète, on passe du temps au-dessus des fourneaux pour préparer au moins deux repas par jour. Je pousse les lourdes portes du Bon Marché et rejoins le deuxième étage pour découvrir une installation (ce terme m’exaspère!) intitulée The Proust Effect. L’artiste a représenté une hutte traditionnelle entièrement composée d’ustensiles de cuisine: casseroles, égouttoir, moules en acier inoxydable. Je reste un long moment à l’intérieur de la hutte et observe la lumière qui passe par les espaces libres. Subodh Gupta qui a déjà exposé au centre Pompidou, au musée de Tokyo et à la Monnaie de Paris vit et travaille à New Delhi. Devant tous ces ustensiles de cuisine, je me rappelle un très joli film indien The lunch box qui racontait comment l’amour naissait entre une femme devenue invisible pour son mari et un comptable veuf auquel on livrait, par erreur, les plats délicieux qu’elle avait concoctés pour son époux incapable de mesurer sa chance d’avoir une femme qui cuisine si bien. Ce film est très beau. Si vous ne l’avez pas vu, je vous le conseille vivement!

https://www.youtube.com/watch?v=sK3R0rvnlPs

Ma soeur a la gentillesse de me préparer un déjeuner entre deux patients. Un peu avant 15h00, je suis installée dans la salle d’attente du médecin qui me suivra désormais et qui, comme le docteur Noël, est endocrinologue et gynécologue. La salle d’attente commune à deux médecins, un ostéopathe et un psychanalyste est très confortable. Le docteur M est peu plus âgée que moi. Elle est très agréable et calme. Elle refait tout mon historique médical depuis l’adolescence et réalise une échographie de ma thyroïde dont elle me dit qu’elle est désormais liliputienne. J’ai de la chance: ma TSH est stable. Je n’ai jamais eu les symptômes liés à la maladie de Hashimoto. Elle me dit que si je n’habitais pas si loin, elle m’adresserait ses patientes souffrant de maladies auto-immunes. Je ne pense pas à lui dire que je peux les accompagner en visio. Je n’ai pas encore ce réflexe! La prochaine fois, je verrai le médecin à la Pitié, là où j’ai retrouvé le docteur Noël deux fois par an, puis une fois par an pendant douze ans. En quittant le cabinet, je me dis que j’ai de la chance d’être suivie par de si bons médecins!

Un petit tour au Monoprix avant de reprendre le métro et de sortir de terre à saint Paul, direction la fondation Henri Cartier-Bresson qui est désormais installée au 79, rue des Archives. J’y découvre une exposition qui croise le regard de HCB et celui de Martin Parr sur les Anglais dans le nord de l’île avec 50 ans d’écart. Si les deux périodes montrent de très grandes différences, l’originalité anglaise, elle, ne change pas!

 

 

Je ris beaucoup devant un Anglais exhibant un poireau à l’occasion du concours du plus gros poireau. Qu’elles soient en noir et blanc ou en couleur, ces photos sont touchantes et montrent des gens qui même s’ils ont peu sont heureux et profitent de petits bonheurs. Je découvre le travail de la photographe américaine Jan Groover que je ne connaissais pas. J’aime beaucoup ses natures mortes dont certaines me rappellent le rêve que le faux docteur Edwardes fait dans le film « La maison du docteur Edwardes » réalisé par Hitchcock en 1945 avec Ingrid Bergman et Gregory Peck. Ce film rend hommage à la psychanalyse et au surréalisme. Il faudrait que je le montre aux enfants. Il m’a beaucoup marquée à l’adolescence. Dans l’extrait ci-dessous, vous aurez l’extrait du film dans lequel le faux docteur Edwardes raconte son rêve qui sera analysé.

https://www.youtube.com/watch?v=XvzFHUKbzhM

La nuit tombe lentement au-dessus du Marais quand je quitte la fondation. Je n’ai pas envie de prendre le métro tout de suite. Je marche jusqu’à Concorde en retrouvant la rue Saint Honoré où des lanternes rouges et des banderoles célèbrent le nouvel an chinois. Je passe devant le restaurant de Thierry Marx dont la cuisine moléculaire ne m’a jamais tentée. Les vitrines de la maison Fragonnard sont toujours très colorées. Je rêve devant les vêtements de Missoni. Je commence à avoir mal aux pieds. Je sors à Lamarck. Le Refuge est toujours en travaux. Chez un marchand immobilier, un labrador au regard triste d’ennui  ne joue plus avec une peluche. A Paris, je n’aurais jamais eu de chien. Je repousse cette pensée. Je ne veux pas évoquer Fantôme. Je joue à cache cache avec Charlotte et au loto des odeurs. Charlotte déteste les odeurs de l’herbe, des champignons, du feu et de la mer. Valentin me raconte Angoulème et ses projets post prépa.

Jeudi, j’accompagne ma soeur et sa petite fille à l’école. Ce quartier est un village. Tout le monde se connait. Cela me rappelle mes années rue Bréa, entre Vavin, Notre-Dame-des-Champs, Luxembourg et Montparnasse. Malheureusement, l’ambiance sympathique que j’y ai connue s’est perdue avec l’arrivée massive de gens possédant trop d’argent neuf et frais. Ce que j’y ai vécu était merveilleux. Des années comme dans une chanson d’Aznavour matinée de Louise Attaque! Charlotte refuse que j’entre dans l’école. Alors je lui dis que je vais l’attendre dehors comme les gentils toutous attendent leurs parents deux pattes devant les boulangeries. La directrice qui pourrait être la soeur jumelle de mon amie Constance accueille chaque enfant en l’appelant par son prénom et en ayant un mot gentil. Nos enfants n’ont jamais connu ça…Un café chez Ginette et ma soeur et moi nous nous séparons. Ma soeur me fait observer que les papas, très investis dans ce quartier, se retrouvent souvent au café après avoir déposé les enfants et s’offrent de splendides petits déjeuners quand les mamans cavalent et finissent de se maquiller dans le métro.

Je vais à Orsay. Les malaises de voyageurs sont légion sur la ligne 12. Les passagers sont si serrés les uns contre les autres que cela n’est pas surprenant. Il arrive aussi que derrière le mot « malaise » se cache une réalité bien plus terrible: un suicide sur les voies. Ma soeur m’a raconté que de plus en plus de personnes trouvaient refuge dans les tunnels du métro. Cela m’a rappelé le film Subway sorti en 1985. J’avais 16 ans. J’étais en première. J’avais adoré ce film et la musique. Encore un film que je pourrais montrer aux enfants!

https://www.youtube.com/watch?v=hvRrEzlfTWk

A Orsay, les toiles de Munch et de Rosa Bonheur ont été décrochés. Très peu de monde. Je prends vraiment le temps de contempler tous les détails de certaines toiles comme le portrait du marquis et de la marquise de Miramont et de leurs enfants peint par James Tissot. Les mains, la poire coupée, le chien, les tissus.  Ce musée est si riche! Au dernier étage, je me régale devant les sujets de Caillebotte, de Pissarot, de Van Gogh et de Monet. Une toile de Monet me plait particulièrement car elle ressemble à des sujets réalisés par un ami de la famille de notre maman: Joseph Bertrand-Piedmore. Il avait offert à nos grands-parents maternels une grande toile représentant des fleurs qui se trouve dans la bonne et vieille maison de Pont. Avec notre grand-mère, j’avais été rendre visite à sa femme qui habitait toujours leur atelier à Montmartre. Je conserve un souvenir ému de cette très vieille et très belle femme. Elle portait une blouse bleue et avait un chignon. Ses cheveux avaient la blancheur de la neige. Elle était aveugle et avait vu mourir deux enfants. Elle fêtait ses 100 ans, peut-être même davantage. Ses deux enfants présents semblaient plus vieux que leur mère. Elle était lasse de vivre. La toile de Monet qui me retient longuement représente un petit garçon en culotte courte se tenant debout sur le parquet d’une pièce, tournant le dos à une fenêtre. Une femme est assise dans la pénombre et des plantes entourent la toile. Ces plantes me rappellent le travail de Sam Szafran. Mes recherches m’apprennent que la toile a été peinte à Argenteuil. Elle représente le fils ainé de Monet, Jean, et sa femme Camille. La toile a pour titre Coin d’appartement. Si cela vous intéresse, en voici une explication par Maylis de Kerangal.

https://www.youtube.com/watch?v=1Lk-TzWQkx0

En sortant du musée et avant de reprendre le métro à Solférino, je pousse la porte d’une librairie où je n’étais encore jamais entrée. Je bavarde avec la libraire avant d’en repartir avec Les gens sont beaux du docteur Baptiste Beaulieu et de l’illustratrice Qin Leng. J’ai toujours eu un faible pour les albums pour enfants dont le message transcende les générations. Dans cette très belle histoire, un grand-père, médecin retraité qui pourrait être l’auteur dans quarante ans, raconte à son petit-fils qu’il emmène visiter la tour Eiffel l’histoire des gens qu’ils croisent. Il lui explique que sans cet accès à leur histoire, on ne peut pas les comprendre. Voici un album que j’aurai plaisir à lire à mes petits-enfants quand j’en aurai. Lorsque Charlotte vient nous voir à la campagne, elle va chercher des livres dans la bibliothèque de nos enfants que j’ai constituée en quinze ans et nous les lisons ensemble. Lire des histoires à un enfant est un grand bonheur. Charlotte aimait tellement l’histoire du loup et des sept lapereaux ou celle racontant la première journée de classe d’un petit garçon à l’école maternelle que je les lui ai données.

Un nouveau déjeuner avec ma soeur qui est une nouvelle fois entre deux rendez-vous et je pars à Odéon voir le film L’Immensità réalisé par Emanuele Crialese.  Il fait vraiment froid dehors et c’est un vrai bonheur de s’installer confortablement dans une salle de cinéma. Je suis si bien que je pourrais m’endormir. J’aime bien aller au cinéma seule. J’entre très facilement dans l’histoire de cette mère de famille de trois enfants qui vit à Rome dans les années 70. Son couple bat de l’aile. Sa fille ainée est une adolescente qui se voudrait née dans un corps de garçon. Le frère cadet est en surpoids. La petite soeur ne semble pas prendre la mesure de ce que les parents vivent. La maman, fantasque, donne beaucoup de joie à ses enfants. Tous les acteurs sont remarquables.

https://www.youtube.com/watch?v=XFSeAuG2oxQ

Quand je sors la nuit descend sur la statue de Danton. Je pousse la porte d’un café. Marie m’y rejoint. Elle arrive de Lille pour deux jours de formation. Nous ne nous sommes encore jamais rencontrées dans la vraie vie mais nous échangeons par écrit depuis de longs mois via Instagram. Le temps file. Nos thés se figent dans les tasses. C’est avec plaisir que je l’écoute me faire le récit de leurs voyages au Mexique (ses parents sont mexicains) notamment à la Toussaint avec leurs enfants pour la fête des morts. Au collège, Victoire, Léa et Léonie avaient dû préparer le pain traditionnel que les Mexicains mangent à cette occasion. Le Mexique a su devenir chrétien tout en ne renonçant pas à ses traditions ancestrales. J’avais ressenti cela en Bolivie et au Guatemala, pas en Argentine ou au Chili. C’est chez les Aztèques, les Toltèques et d’autres peuples Nahua, pour qui le deuil des morts était un manque de respect, que le « Jour des morts » a vu le jour voici plusieurs milliers d’années. Dans ces cultures préhispaniques, la mort était perçue comme une phase naturelle du long continuum de la vie. Ainsi, les morts étaient toujours des membres de la communauté, maintenus en vie par la mémoire et l’esprit, et, à l’occasion du Día de los Muertos, ils revenaient temporairement sur terre. Demain matin, Marie et l’une de ses camarades vont visiter l’exposition que le palais Galliera consacre à Frida Khalo. Ma soeur et moi irons l’après-midi.

Vendredi matin, je rejoins notre maman en région parisienne. Cela fait de longues semaines que nous avons une démarche à entreprendre à la banque. La jeune femme qui s’occupe de nous est charmante. J’ai droit à un délicieux déjeuner et je me laisse faire. Les très belles tulipes que Céleste avaient offertes à sa grand-mère ont tenu très longtemps. Le secret qui entourait la naissance du père de la grand-mère paternelle de notre maman est en passe d’être levé. Notre maman est ravi. Ma soeur et moi aussi! Depuis que nous sommes enfants, nous entendons parler de Lucien et de Madame Kuntz, une Alsacienne, installée à Paris après la guerre de 1870 et qui lui a servi de mère. Saura-t-on pourquoi Lucien a été élevé par cette dame, comment elle a connu les parents de son fils adoptif et si le père biologique a protégé la carrière de cet enfant dans la banque et fut richement doté le jour où il s’est marié? Je serais volontiers restée davantage avec notre maman mais je dois retrouver ma soeur au palais Galliera.

La première partie de l’exposition se déroule dans un couloir étroit où il est difficile d’avoir accès aux vitrines. Le film Frida sorti en 2002, porté par l’actrice américaine Salma Hayek, retraçait très fidèlement la vie de l’artiste. J’avais oublié qu’avant son terrible accident, Frida Khalo souhaitait devenir médecin. C’était sans doute lié à la crise de poliomyélite qu’elle avait subie à l’âge de huit ans. Les photos, lettres, corsets, chaussures, tenues exposés viennent de sa maison de famille devenue un musée. Frida Khalo a souffert dans son corps toute sa vie. L’art est venu l’aider à oublier, par moment, ses souffrances. C’était une femme entière, très engagée politiquement et profondément libre. Elle est incinérée le 14 juillet, comme elle le désirait. Elle ne souhaitait pas être enterrée couchée, ayant trop souffert dans cette position au cours de ses nombreux séjours à l’hôpital. Ses cendres reposent dans la Casa Azul, sur son lit, dans une urne qui a la forme de son visage.

Samedi matin, une petite promenade avec ma soeur dans son quartier ou, dans une boutique d’objets asiatiques, j’achète un petit cadeau pour elle et pour les enfants et je repars. Ma valise est lourde des livres que j’ai achetés.

Une semaine déjà que je revenais de Paris et je ne termine ma chronique que ce matin. Elle est très longue. Entre temps, Céleste a traversé ses partiels. Victoire a planché sur l’une de ses deux épreuves du bac blanc. J’ai fait sauté des crêpes. Louis déteste sa coupe de cheveux. Nous avons vu le médecin. Mes épaules sont de plus en plus douloureuses et polluent mes nuits. Cette chronique vaudra pour deux semaines! Si vous en avez le temps ou la curiosité, écoutez les premiers épisodes de mon podcast Inventaire à la Prévert. Vous le trouverez sur Spotify ou Apple avec vos téléphones portables. Je vais mettre en ligne le quatrième épisode demain. Il est préférable de commencer par le premier pour comprendre de quoi il est question et parce que les épisodes se répondent. Surtout, partagez avec moi vos ressentis.

Bonne journée et à bientôt,

 

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.