« C’est en vérité l’Etat
qui engendre les enfants, il ne naît que des enfants de l’Etat, voilà
les enfants au monde, on fait seulement croire aux mères qu’elles mettent
les enfants au monde, c’est du ventre de l’Etat que sortent les enfants,
voilà la vérité[1] ».
Au début de
l’adolescence, la lecture du « meilleur des mondes »
m’avait profondément angoissée. Bien des années plus tard, je recevrais,
tel un coup de poignard en plein cœur, le redoutable et esthétique
« bienvenue à Gattaca ». Dans un monde qui se croit parfait, Gattaca
est un centre d’études et de recherches spatiales pour des jeunes gens au
patrimoine génétique sans faille. Dans ce monde futur et froid, la conception
des enfants n’appartient plus à l’intimité des couples et si les
alcôves bruissent encore de mille et un secrets, elles ne sont plus le vibrant
théâtre de deux corps qui s’unissent pour donner la vie à un troisième.
L’Etat futur et froid commande aux destinées des habitants de Gattaca
sommés d’en passer par son corps de médecins pour accéder à une
parentalité qui ne souffre plus aucun défaut technique. Les enfants sont donc
conçus en éprouvette et les embryons, après études de leur patrimoine
génétique, implantés dans les utérus maternels. Cette technique est utilisée en
France sous le nom de diagnostic pré-implantatoire et vise à éviter la
naissance d’un enfant qui souffrirait d’une maladie génétique
transmise par l’un des deux parents et reconnue comme incurable ou de
permettre la naissance d’un enfant dont le sang placentaire servira à
soigner un frère ou une sœur déjà né et dont les jours sont comptés. Dans
ce monde parfait, le froid n’est pas total puisque l’enfant
continue de se développer au chaud et à l’humidité du ventre de sa mère
et à ressentir ses émotions, en positif comme en négatif. Enfin, la mère
biologique et gestatrice avant d’accéder au statut de mère sociale et
juridique le met au monde.
Dans « le meilleur
des mondes » paru en 1932, Aldous Huxley qui appartient à la race des
visionnaires au même titre qu’un Leonard de Vinci ou un Jules Verne,
imagine une société totalitaire où tous les êtres humains ont été conçus en
éprouvettes, avant de grandir dans des incubateurs humains. Les maîtres de ce
monde déshumanisé ont réparti la population en 5 groupes et ce partage
n’est pas sans rappeler la répartition tripartite des âmes incarnées qu’opérait
Platon. Les Alphas forment l’élite, les Bêtas sont les exécutants, les
Gammas, les employés subalternes, les Deltas et les Epsilons, de la race des
intouchables, sont voués aux tâches les plus ingrates. Dans ce monde glacé, il
n’est pas possible, jamais, de sortir de sa condition de naissance et
d’ailleurs, personne n’y songerait car tous ces êtres ne se posent
jamais de question sur le sens à donner à leur existence. Les maîtres du monde
ont tout prévu et cet extrait d’un entretien entre l’un
d’entre eux et un des rares dissidents témoigne de ce soit disant degré
de perfection d’une société qui crée des hommes en fonction de leur
utilité sociale et les réduit à l’état d’esclaves.
– Le monde est stable à présent. Les gens sont heureux;
ils obtiennent ce qu’ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent
obtenir. (…) Ils sont conditionnés de telle
sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le
doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma.
Il nous faut choisir entre le bonheur et ce que l’on
appelait autrefois le grand art. Nous avons sacrifié le grand art. Nous avons à
la place le Cinéma Sentant et l’orgue à parfums.
– Mais ils n’ont aucun sens!
– Ils
représentent pour le spectateur un tas de sensations agréables. (…) Cela exige l’habileté la plus
énorme. Nous fabriquons des voitures avec le minimum d’acier, et des oeuvres
d’art avec pratiquement rien d’autre que de la sensation pure."
Mais dans
l’univers de Gattaca, comme dans celui du meilleur des mondes, on ne peut
pas tout contrôler et un petit grain de sable peut venir perturber le
fonctionnement le plus implacable de l’invention la plus déshumanisante.
Dans Gattaca, le grain de sable prend le visage de Vincent qui rêve de devenir
astronaute mais que sa conception, demeurée strictement naturelle, enferme dans
des fonctions de technicien de surface. Pour tenir en échec les contrôles quotidiens
de Gattaca, il aura recours aux échantillons biologiques de Jérôme, destiné à
rejoindre les élites mais qui, blessé dans son orgueil de sportif de haut
niveau » préfère se donner
est réduit à vivre dans un fauteuil roulant et sombre dans une dépression
alcoolisée. Leur improbable entente illicite permettra à chacun de réaliser son
rêve grâce à l’autre. Dans le « meilleur des mondes », deux
Alphas, Bernard Marx et Helmholtz Watson, maître de conférences, iront chercher
dans une réserve de sauvages, c’est-à-dire d’individus vivant librement,
se reproduisant naturellement et se cultivant, les questions au sentiment de
manque qu’ils perçoivent dans l’Etat Mondial
Même à
l’adolescence, « le meilleur des mondes » ne m’a jamais
semblé être un livre qu’il faille classer dans le genre « science
fiction ». Cet univers me semblait trop visionnaire pour être fictif. De
1932, année de parution du roman de Huxley à 1998, date de sortie de Bienvenue
à Gattaca, notre monde a considérablement changé. Les repères forts qui
servaient de tout temps de socle à la société ont volé en éclats emportant avec
eux tabous et interdits. Pour s’en convaincre, il suffit de reprendre les
fondamentaux encore en vigueur avant le tsunami de 1968 : pas de famille
sans mariage civil et religieux, très peu de divorces ou alors des séparations
à l’amiable, sorte de gentleman agreement, des enfants naissant au sein
d’un couple constitué par un homme et une femme mariés, des enfants
naturels marqués au fer rouge de l’illégitimité et ne pouvant venir à la
succession de leur père biologique, peu de moyens de contraceptions en plus de
l’abstinence que l’Eglise catholique continue de prôner, des
avortements pratiqués sous le manteau, dans des conditions d’hygiène
déplorables, et au péril de leur vie ou de leur possibilité future de porter
des enfants désirés pour les moins chanceuses et des interruptions propres et
cliniques dans des salles suisses pour les plus favorisées, des cohortes de
femmes travaillant dure dans un no man’s land juridique, des
grands-parents jouant un rôle de premier plan dans l’éducation des
enfants, rôle facilité par la cohabitation trans-générationnelle, des hommes et
des femmes vivant, dans la honte et une culpabilité dévorante, des amours homosexuelles,
pourtant en faveur du côté de l’Agora des Grecs antiques, mais
transformées en amours coupables et sataniques par les serviteurs du Très-Haut.
Aux sortirs
des grandes guerres, les femmes, aux quatre coins de la planète, accèdent
lentement à une citoyenneté pleine et entière et voient leurs droits reconnus à
égalité avec ceux des hommes. Après le ras de marée 68, le malheureux
législateur qui a une femme revendicatrice à la maison et aspire à retrouver
paix et harmonie dans son foyer, après une journée harassante dédié à son
métier, lâche du lest. En quelques décennies, la femme obtient du pouvoir et
cesse d’être cette irresponsable juridique passant de l’autorité
toute puissante du père à celle de son mari. Notre aigle impérial ne pensait
bien sûr qu’au bien de ces pauvres êtres incapables de se gouverner par
eux-mêmes. Dans les pays dits « modernes » ou
« industrialisés », les femmes peuvent faire des études, travailler
et décider du meilleur moment pour avoir un enfant. La sensation du pouvoir conceptuel
associée à la mort d’une pratique religieuse ont conduit hommes et femmes
à raisonner l’enfant non plus en terme de « don » ou d’« accident »
mais en terme de droit. Rappelons-le : sauf cas encore relativement bien
encadrés par le législateur, il n’y a pas de « droit à
l’enfant » mais des « droits de l’enfant » qui pourront se
muer, plus tard, en obligations vis-à-vis de parents fragiles ou démunis.
Les femmes,
dans leur volonté farouche d’administrer la preuve qu’elles sont
des hommes comme les autres, perdent de vue une réalité biologique évidente
qui devrait donner lieu à une campagne nationale de santé publique pour éviter,
avant tout, bien des souffrances[2] tant morales que
physiques et, dans un second temps, modérer les dépenses représentée, pour les
comptes de l’assurance maladie, par le recours aux techniques
d’assistance médicale à
femmes sont conçues pour être mères entre 20 et 30 ans et non entre 30 et 45,
voire 65 grâce à la folie d’obstétriciens prêts à tout pour faire parler
d’eux et remplir leur compte en banque. Au-delà de 35 ans, le taux de
fécondité des femmes tombe de moitié et, passés 42 ans, non seulement il
s’effondre mais les risques de malformations augmentent dramatiquement.
Il faudrait que la presse cesse de glorifier les maternités tardives de telle
ou telle star qui, de toute façon, n’aura jamais ni le quotidien ni le
suivi de grossesse d’une femme qui si elle ne fait pas la couverture des
magasines féminins a, pourtant, la vie d’une héroïne 365 jours et, parois
nuits, par an. Si intellectuellement et même physiquement, parfois, les femmes
sont des hommes comme les autres, face au désir d’enfant, elles sont
femmes et tenues de respecter les règles de dame nature.
Le recours
aux techniques d’assistance médicale à la procréation a explosé ces 20
dernières années et les questions éthiques, juridiques, sociales,
psychologiques, médicales, économiques et anthropologiques sont au cœur
des Etats Généraux souhaités par le législateur en 2004 et ouverts depuis
février de cette année. Ces Etats Généraux qui permettent, pour la première
fois en France, d’organiser sur ces questions, ô combien complexes, un
grand débat citoyen ont été à deux doigts d’avorter, puis, notre ministre
de la santé s’est ravisée. Un peu partout en France et, tout
particulièrement, au sein des centres de réflexion éthique institués dans les
CHU, mais aussi dans les évêchés (celui d’Albi est particulièrement
actif), à l’initiative d’associations se tiennent des conférences,
des tables rondes pour s’informer, apprendre et réfléchir. Le ministère
de la santé a ouvert un site www.etatsgenerauxdelabioethique.fr
.
Ce site
propose une présentation générale des points qui seront discutés à
l’occasion des Etats Généraux visant à préparer le terrain en vue de la
révision de la loi bioéthique de
l’assistance médicale à la procréation, on mesure les pas de géant que la
médecine a franchi pour le soit disant bien-être du plus grand nombre et on
voit se dessiner les contours d’une nouvelle société en rupture totale
avec l’ancienne et ses fondations. Avant de passer pour une affreuse
réactionnaire tournant le dos au progrès et semblant déjà figer
intellectuellement, je tiens à écrire que je vais parler au nom de l’intérêt de l’enfant
dont on aime à se gargariser et à détourner à ses propres fins adultes.
Alors que
les homosexuels commencent tout juste à mener une vie normale, qu’ils ne
sont plus victimes de discrimination, condamnés à vivre cachés et à se réaliser
professionnellement dans des « niches » (et encore, il est préférable
de vivre dans des métropoles plutôt que dans un petit village de la Creuse),
qu’ils n’arrivent pas encore toujours à assumer leur différence
auprès de leur famille proche, que penser de ce lobby poussant en faveur de
l’homoparentalité et, surtout, de ces chercheurs britanniques qui
essaient de permettre aux femmes homosexuelles d’engendrer par elles-mêmes
en faisant, si on peut dire, l’économie de l’élément masculin
jusqu’alors indispensable à la conception d’un enfant ? Que
faut-il penser de ces enfants nés d’une mère vivant en couple avec une
autre femme et d’un donneur anonyme, souvent belge, et qui sont
invités à cacher aux autres enfants la composition de leur famille ?
Qu’il faille à l’enfant de l’amour et une sécurité affective,
tout le monde en convient et personne ne se risquerait à dire qu’un
enfant désiré par un couple de femmes homosexuelles et porté et accouché par
l’une d’elle serait moins aimé, mais ces familles homoparentales, féminines
comme masculines, doivent-elles êtres pour autant encouragées ? Et
n’est-ce pas terrible et profondément injuste quand deux couples
homosexuels ou deux célibataires homosexuels s’étant entendus entre eux
pour avoir un enfant et se partager sa garde, la femme ou le couple de femmes
tiennent en échec les termes de l’accord et renvoie le père biologique au
seul rôle d’étalon incontournable en lui reconnaissant un seul droit de
visite un week-end sur deux ?
La rapidité
des informations circulant sur le Net et les disparités de législation au sein
du bloc Europe sur des sujets identiques poussent à des formes de tourisme
d’un genre nouveau : les tourismes médical et procréatif. Parce que
des couples passent les frontières géographiques pour réaliser leur désir
d’enfant, faut-il, pour autant, modifier la loi et mettre un coup
d’arrêt à ce tourisme en levant les interdits ? Cette question se
pose pour l’homoparentalité et la gestation pour autrui. Dans les débats
parlementaires préfigurant les lois du 29 juillet 1994, cette dernière fut
largement débattue et, finalement, suivant les arrêts du Conseil d’Etat
et de la Cour de Cassation, le législateur l’interdisait solennellement
dans le Code civil. Le fait qu’elle se pratique ailleurs, que le juge
français ait eu à se prononcer sur le sort d’enfants nés Outre-Atlantique
après avoir été portés par des femmes qui avaient consenti à louer leur utérus à
un couple dont la femme ne pouvait pas porter elle-même son enfant doit-il
induire un changement législatif en France ?
Je ne le
pense pas même si des sondages attestent de ce que les Français sont à plus de
60% favorables à la gestation pour autrui. Le changement de vocable (on est
passé de « maternité » pour autrui à « gestation » pour
autrui) vise à faire oublier que si l’enfant est, biologiquement, celui
du couple qui l’élèvera, il n’en reste pas moins que celle qui
consent à le porter, moyennant un dédommagement qui masque à peine qu’il
s’agit d’un vrai contrat onéreux avec des obligations à la charge
des deux parties, va vivre avec cet enfant neuf mois durant, qu’il va
être une part d’elle-même et qu’elle devra pouvoir, le jour venu,
le mettre au monde et le remettre à ses « vrais » parents et
continuer à vivre, seulement habitée par le sentiment noble d’avoir fait
à un couple le plus beau des cadeaux qui puisse se concevoir ? Que de
souffrances en perspective si la « gestatrice » pour autrui se
rétractait, si, finalement, le couple ne voulait plus accueillir l’enfant
comme le sien ?
Des études
récentes tendent à minimiser la portée psychologique des échanges in utero
entre l’enfant et sa mère. Ces études sont-elles fiables ou ne
viennent-elles pas faciliter le changement législatif ? Une chose semble
assurée : la légalisation de la gestation pour autrui sera la dernière
étape avant le détachement complet de l’enfant et de sa mère durant les
neuf mois de gestation par la banalisation de l’utérus artificiel. Dans
ce bras de fer qui, malheureusement, se joue entre hommes et femmes, certains
hommes seraient heureux de trouver les moyens de ravir à la femme ce pouvoir
quasi divin de donner la vie, d’assurer la continuité du genre humain. On
ne manquerait pas, au commencement, de vanter les mérites de l’utérus
artificiel : mérite médical qui permettrait à une femme qui ne peut pas
porter le sien pour des raisons physiologiques d’être tout de même mère,
mérite social qui offrirait enfin à certaines femmes le moyen d’être vraiment
un homme comme les autres en n’ayant plus à pâtir des ralentissements de
carrière imputés à une grossesse, mérite esthétique pour celles (et il y en a
plus qu’on ne le croit) qui voudraient bien élever un enfant mais un
enfant « tout fait » un enfant qui ne les bousculerait pas
physiquement, ne viendrait pas brouiller la vision qu’elles ont
d’elles-mêmes et qui devrait les traverser pour les faire mères.
On
objectera que si une grossesse dure neuf mois, c’est pour permettre au
travail de maturation psychologique de se faire, surtout pour le premier. La
grossesse vécue en interne a un sens profond, celui d’obliger la femme,
de mois en mois, à se décentrer d’elle-même. Plus son ventre pousse en
avant et plus elle s’efface dans son moi et devient un je dans le nous.
Le futur père a besoin, lui aussi, de ce temps pour entrer dans sa future
fonction et faire le deuil d’un JE qui ne sera plus jamais le même. Même
si le parcours qui conduit à une adoption est bien plus long qu’une
grossesse, il vise plus à faire le deuil d’un enfant de soi qu’à
devenir parent. Etre parent, c’est, au quotidien, donner sécurité
affective et repères forts. C’est arriver à borner le chemin et toujours
se rappeler que si nos enfants sont de nous, ils ne sont pas à nous. Le passage
par le corps inscrit l’enfant à naître dans son histoire familiale. Ce
passage est le commencement de son arbre généalogique.
Dans
« le meilleur des mondes » comme dans « bienvenue à
Gattaca », la recherche de maîtrise absolue des patrimoines génétiques va
de pair avec une approche hautement individualiste d’une société qui
rejette la collectivisation des risques. Les couples doivent donner naissance à
des enfants parfaits car les défauts sont autant de « coûts » qui
viendraient grever les budgets publics. La multiplication des tests génétiques
en vente libre sur le Net sera débattue lors de la révision de la loi
bioéthique de 2004. Il est nécessaire de rappeler que ces tests ne sont pas des
tests permettant de bénéficier de certitudes quant au parcours santé
d’une personne. La plupart du temps, ces tests ne font que prédire des
maladies possibles.
Soyons
vigilants ! Ne laissons pas des lobbys crucifier notre société qui a
consenti les aménagements nécessaires à la prise en compte légitime du désir
d’enfant de couples ne parvenant pas à réussir ce qui semble, parfois, si
facile aux autres, a œuvré à une égalité des droits parfaites entre les
enfants quelque soit leur roman familial et a permis la reconnaissance tant
sociale que fiscale de leur histoire d’amour à tous les couples. En
revanche, ouvrons nos cœurs et nos oreilles aux désirs de ces enfants nés
de donneurs anonymes de pouvoir connaître leur père biologique et espèrent, par
le vote d’un abandon encadré du principe de l’anonymat, éviter aux
autres enfants nés de l’assistance médicale à la procréation, la
douloureuse quête d’origines souvent fantasmées. Si ce retour aux sources
est un besoin commun à la plupart des enfants amputés d’une partie de
leur histoire, il n’est pas systématique et certains enfants, devenus
adolescents ou jeunes adultes, ne se reconnaissent qu’une seule et même
famille, celle qui est constituée par les parents qui les ont aimés jour après
jour et leur ont offert l’environnement le plus épanouissant possible.
En 1988, le
Conseil d’Etat[3] rendait un
rapport passionnant qui proposait une vision globale et claire des questions
éthiques. En s’appuyant sur le rapport, on a forgé une sorte de maxime
souvent reprise et qui claque comme une vérité du marquis de La Palice :
« Deux parents. Pas un de plus, pas un de moins ». Si on ne peut que
parfaitement comprendre le désir des couples homosexuels de fonder une famille,
on est bien obligé de s’interroger sur le devenir psychologique
d’enfants qui vont grandir dans une société qui les marginalise.
Les droits
des enfants à se développer dans une société qui a la maturité nécessaire pour
les accueillir doivent-ils primer sur le désir d’adultes qui, souvent,
ont déjà surmonté bien des souffrances avant de pouvoir s’aimer
librement ? C’est ce que je pense[4].
Anne-Lorraine
Guillou-Brunner
[1]
Thomas Bernhard, Maîtres anciens, cité par Marcela Iacub, « l’empire
du ventre », p. 9.
[2]
Voir « ventre cassé » de
dans lequel l’auteur raconte sans artifice le parcours qui les a menés
son mari et elle à l’adoption après avoir eu recours à l’assistance
médicale à la procréation. « Ventre cassé » est un regard critique
porté sur l’attitude du corps médical face à l’espoir d’une
maternité assistée et sur le fonctionnement de l’adoption.
[3]
De l’éthique au droit, p.57, La documentation française, Paris, 1988.
[4]
Pour une vision toujours claire « l’enfant de
l’esclave », François Terré, Flammarion, 1987 et pour une approche
résolument moderne et révolutionnaire, « l’empire du ventre »
de Marcela Iacub, Fayard, 2004
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