Chronique à l’approche d’un séjour dans le Finistère

Ce soir, c’est la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques à Paris et le ciel est tout gris. Des semaines, voire des mois que l’organisation des JO empoisonne le quotidien des Parisiens. Depuis quelques jours, Paris offre le visage d’une ville dans laquelle il n’est plus possible de franchir la Seine. Pour honorer leur parole, la maire de Paris est allée barboter dans l’eau du fleuve flanquée de Tony Estanguet et du préfet. Dés 1988, Jacques Chirac, maire de Paris, affirmait rendre la Seine propre à la baignade et le prouver en y nageant. Ce matin, la pluie lavait les trottoirs de la ville lumière et mouillait les anneaux olympiques dessinant un collier à la tour Eiffel. Je souhaite à toutes celles et à tous ceux qui ont tant travaillé pour que la cérémonie soit réussie et à tous les spectateurs que la météo ne joue pas les trouble-fête.

Ici, le plateau se moque bien de toutes ces réjouissances à venir et se tient loin de l’agitation. Une à deux fois par jour, nous enfourchons nos vélos, partons nous balader et en profitons, parfois, pour faire un détour par la boulangerie. Quand on a un peu plus de temps, c’est agréable de laisser la voiture sur le parking. A la fin du printemps, je me félicitais que le mirabellier soit couvert de petits fruits et, déjà, j’imaginais les pots de confiture que je rangerais dans le réfrigérateur du garage. Quelques semaines plus loin, le manque de soleil empêchait la peau des mirabelles de prendre une belle couleur jaune et de présenter des petites taches rousses. Grâce à quelques journées plus chaudes, j’ai réussi à ramasser de quoi faire neuf pots. Comme j’avais mis plus de sucre que de fruits, j’ai complété avec des pêches. Quel bonheur, en hiver, en ouvrant un pot de confiture réalisé avec les fruits du jardin, en l’étalant sur une tartine, de ressusciter un bout d’été!

Ce matin, le ciel était chargé. Le plateau se préparait à recevoir la pluie. Dépassant des fleurs blanches du sarrasin, nous avons vu les têtes de deux chevreuils. A la mare, la famille canard a disparu comme le héron friand de canetons. Aucune grenouille n’a plongé à notre approche pour trouver refuge sous une large feuille de nénuphar. De beaux chardons montaient la garde à côté des pommiers. Rosalie était étendue dans sa petite maison et Gudule occupé à manger du foin. Nous avons dégusté nos premières tomates cerises. Le chat aime bien dormir en rond au pied du mirabellier. Les hirondelles turques ont retrouvé le chemin du pédiluve. Je n’ai pas encore vu d’hirondelles venir boire à la surface de la piscine dont la taille et la hauteur ont été revues à la baisse. Les arbres ont beaucoup poussé. Les branches du magnolia et celles des noisetiers se rejoignent offrant une belle ombre au hamac.

Tandis que j’écris, de fines gouttes tombent sur le velux. Du linge sèche au sud. J’hésite encore à le rentrer. Mon esprit commence doucement à se mettre en mode « vacances ». Dans quelques jours, nous serons à Pont-Aven avec deux de nos trois enfants, l’amoureux de notre aînée, des vélos et tout le matériel de camping. Stéphane a acheté deux vélos d’occasion aux filles. Céleste n’en avait plus et Victoire, à Reims, utilisait le VTT de son frère. Il a ajouté des porte-bagage de manière à pouvoir fixer les sacoches. Les selles ont l’air bien plus confortables que celles de nos vieux vélos qui ont fait le tour de la Nouvelle-Zélande entre novembre 2000 et janvier 2001. Le garage prend des airs d’inventaire à la Prévert: tentes, tapis de sol, cordes, cadenas, sacs de couchage, popote, réchaud, éponge, liquide vaisselle. La veille du départ, il faudra que chacun remplisse ses sacoches. Stéphane a prévu un itinéraire de dix jours avec la possibilité de rester à la pointe de la Torche pour faire du surf. Les étapes ne sont pas très longues mais le relief est accidenté et nous pourrons avoir du vent et de la pluie. Nous espérons profiter de la plage. Pourvu que le beau temps soit de la partie car camper quand il pleut n’est pas très amusant. Je me demande déjà comment nous parviendrons à faire sécher les vêtements que nous laverons et les serviettes. Notre maman est dans le Gard où les températures sont très élevées. Au grenier, le linge est sec en un temps record!

Si nous avons souvent été en Bretagne à la Toussaint, nous n’y avons jamais été avec les enfants en été. Ce que j’écris n’est pas tout à fait juste car Céleste, au chaud de mon utérus, a connu le Finistère sud. En juillet 2003, en pleine canicule, nous avions séjourné à Bénodet chez Phine, la seconde femme de notre grand-père, que nous considérions comme notre mamie. Nous étions avec ma soeur, son mari et leur fille aînée, Margot, qui n’avait pas encore trois ans et découvrirait l’école en septembre. Les papas avaient fait du canoë sur l’Odet. Nous avions passé une journée sur l’archipel des Glénans dont les fonds sont si beaux et l’eau si froide! En ce moment, la mer est à 17°. Un peu juste pour des bains prolongés. Tous les matins, j’allais nous acheter du poisson et des crustacés. Nous avions vraiment fait une cure d’iode!

Avant de mettre un point final à cette dernière chronique avant les vacances, je voulais vous parler d’un roman que j’ai beaucoup aimé: Un paquebot dans les arbres de Valentine Goby. L’autrice a eu envie d’écrire cette histoire après avoir fait la rencontre d’une femme dont les deux parents avaient été envoyés au sanatorium d’Aincourt dans les années 50. L’autrice fait parler Mathilde, née après Annie et avant Jacques. Les parents, Odile et Paul, qui tiennent un café, le Balto, ont perdu un petit garçon avant la naissance de Mathilde. Quand Odile met au monde Mathilde, Paul est très déçu car il attendait un autre fils si bien que Mathilde pour plaire à son père, pour capter son regard n’aura de cesse de jouer au garçon manqué allant jusqu’à mettre sa vie en danger. Paul est un homme solaire, un musicien et un danseur hors pair. Les parents triment mais n’épargnent pas. De nombreux clients abusent de leurs largesses. Quand les parents souffriront de la tuberculose, ils seront envoyés dans un sanatorium et Mathilde et Jacques confiés à des familles d’accueil. Annie, devenue infirmière, mariée jeune, se tiendra rapidement à la périphérie de sa famille redoutant le bacille de Koch. Mathilde, elle, n’aura de cesse de tout mettre en oeuvre pour reconstituer sa famille éclatée. Elle demandera son émancipation pour échapper à la femme s’occupant d’elle, travaillera d’arrache pied pour réussir ses examens, décrocher un travail, avoir son frère à ses côtés et, enfin, faire sortir ses parents du sanatorium. Même si le sujet est très lourd et parfois étouffant, Mathilde nous donne une très belle leçon d’espoir et de courage. Elle ne renonce jamais!

Cette lecture m’a donné envie de m’intéresser aux sanatoriums. Entre 1900 et 1950, 250 sanatoriums sont sortis de terre en France. Dés lors que les antibiotiques ont permis d’enrayer la tuberculose, ces établissements ont progressivement été laissés à l’abandon. Le sanatorium d’Aincourt dans l’Oise ouvre ses portes en 1936. Il est alors l’un des plus grands centres de soin spécialisé dans le traitement de la tuberculose. Il est constitué de trois centres: les Peupliers, les Tamaris et les Cèdres. Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands réquisitionnent les Tamaris qui devient un centre d’internement. Initialement prévu pour 150 prisonniers, il en hébergera plus de 600 avant qu’ils ne soient envoyés dans des camps de concentration. Les sanatoriums abandonnés sont des lieux qui attirent les fans d’urbex. Il s’agit de pénétrer sans autorisation dans des lieux désertés, d’y faire des photos et d’y réaliser des films diffusés sur les réseaux sociaux. L’ancien sanatorium de Dreux a la réputation d’être le lieu le plus hanté de France. Sa légende naît en 1933 quand plusieurs patientes se plaignent de saignements inexpliqués. Les médecins les examinent mais ne trouvent pas d’explication. La peur se répand dans le sanatorium. Les plus grands médecins se rendent à Dreux pour percer le mystère et ramener le calme mais aucun d’entre eux ne réussit à comprendre l’origine des saignements. On parle alors de sorcellerie et de possession. Cela entache la réputation de l’établissement qui se vide. En 2022, la mairie a vendu le sanatorium à des opérateurs privés.

Le projet de réhabilitation prévoit 100 millions d’euros d’investissement pour donner une nouvelle vie aux bâtiments, à l’abandon depuis plus de 30 ans. Le site devrait accueillir des appartements familiaux, des jardins, un pôle hôtelier (restaurant, hôtel de luxe, spa, espace de coworking et résidences d’artistes) ainsi que des écolodges. 

Si le ciel est toujours bien chargé, la pluie a été de courte durée. J’ai bien fait de laisser le linge dehors.

Une belle suite d’été pour vous toutes et tous et à bientôt pour un récit sportif et océanique!

 

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

 

 

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