Chronique d’une nouvelle aventure pour une nouvelle année

La vie nous réserve parfois des télescopages curieux: hier, cela faisait un mois que nous emmenions notre Fantôme à la clinique vétérinaire. Il s’endormait doucement après avoir adressé un dernier sourire à Louis qui avait tenu à nous accompagner. La suite vous la connaissez, je l’ai déjà racontée. Hier, cela faisait donc un mois que Fantôme n’était plus là physiquement mais qu’il est là partout dans la maison, dans le jardin et autour du plateau. La neige tombée mardi et que j’étais triste qu’il n’ait pas vue commençait à fondre. Il ne restait plus que quelques plaques éparses. L’herbe du chemin était spongieuse comme celle des montagnes quand vient le printemps et que, dans les étables, les animaux sentent monter le parfum des alpages avec les estives, les lacs, les fleurs odorantes et les randonneurs: le parfum de la liberté propre aux grands espaces!

Le jour où nous enterrions notre Fantôme près du magnolia persistant dont il appréciait tant l’ombre en été et, sans douté aussi, l’odeur citronnée des grades fleurs blanches, je mettais en ligne le premier épisode de ce podcast auquel je pense depuis plusieurs mois de manière floue avant que le projet se précise à l’automne. Comme je l’explique dans ce premier épisode, il m’a fallu du temps pour en délimiter les contours. C’est comme lorsqu’on veut créer une entreprise et qu’il ne faut se tromper avec l’objet social. Ne pas être trop large pour ne pas perdre les auditrices et auditeurs et pas trop restreint pour ne pas courir le risque de se sentir prisonnière et lasser son auditoire.

Ce podcast aurait pu se nommer Cabinet de curiosité mais j’ai finalement opté pour Inventaire à la Prévert. Il fait la synthèse de tous les sujets qui me plaisent le plus: les personnes et les objets d’affection qui les racontent, les arts, l’éducation et la pédagogie. J’y parlerai aussi de mon métier et de la manière dont j’accompagne mes patientes et mes patients.

Au début de l’année, j’ai mis en place un compte dédié à mon métier de sophrologue et me suis fait une page Linkedin. Depuis que j’exerce mon métier, j’en parle assez souvent dans mes chroniques ou sur mon compte personnel mais il m’a semblé cohérent d’avoir un espace réservé à mon activité de sophrologue en sabots. Je tiens à remercier mon mari pour le soutien moral et l’aide logistique qu’il m’apporte. Sans lui, je n’aurais sans doute jamais eu un site internet ou des comptes qui fassent bonne figure. J’ai la chance que Stéphane ait appris, après notre grand voyage, à manier les logiciels permettant la création de sites et qu’il se sente très à l’aise avec tout ce qui a trait au digital renommé numérique. Je me demandais comment pouvait se définir ce mot et, dans un article de Cairn, j’ai trouvé ceci: « Le numérique représente toutes les applications qui utilisent un langage binaire qui classe, trie et diffuse des données. Ce terme englobe les interfaces, smartphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs, ainsi que les réseaux qui transportent les données. Il envisage à la fois les outils, les contenus et les usages. » Ce mot générique a besoin d’être accolé à d’autres termes. Le numérique est un vaste tout qui englobe indistinctement les outils, les contenus et les usages.La pratique numérique est, quant à elle :« L’activité humaine concrète dans des environnements sociotechniques basés sur les technologies de l’information et de la communication. »

Ayant eu déjà du mal à ouvrir mon cerveau au traitement de texte le plus basique, certaines manipulations sont très effrayantes pour moi. A chaque changement heureusement rare de téléphone portable, je suis perdue. Quand j’ai dû me familiariser avec le site que j’utilise maintenant depuis des années, il m’a fallu une période d’adaptation. Idem pour les actions les plus simples en lien avec Instagram. Les personnes qui en ont les moyens s’offrent des stages ou les services de spécialistes. Beaucoup de sites dans mon domaine de compétence se ressemblent dans leur présentation: les couleurs, les typographies, la décoration. Souvent, les pages offrent un contenu assez superficiel. Une sorte de mise en bouche destinée à donner envie d’en savoir plus. Les instagrameurs augmentent le nombre de leurs abonnés par un système très rodé consistant à reposter les posts ou les story d’autres instagrameurs partageant des activités ou des centres d’intérêt commun. Les réseaux se tissent par un effet papillon. Si votre compte porte sur la cuisine, vous allez reposter les posts et les storys parlant de recettes, de restaurants, de livres de cuisine ou d’ustensiles. J’ai un peu de mal avec cette forme de communication. Je n’ai pas envie de partager dans le seul espoir d’augmenter mon nombre d’abonnés. Je souhaite partager les comptes que j’aime vraiment.

Les premiers commentaires en lien avec le premier épisode du podcast sont vraiment positifs et cela m’encourage à continuer. Le deuxième épisode consacré à Jacques Prévert est déjà en ligne. J’ai aussi enregistré le troisième épisode qui attendra que je sois revenue de Paris. J’ai été particulièrement touchée par un commentaire d’Irène m’écrivant que sa petite fille de neuf ans, un peu malade, avait rejoint sa maman sous les draps et avait écouté sans dire un mot les treize minutes du premier épisode. Retenir l’attention d’un enfant, c’est merveilleux!

Il fait très froid depuis plusieurs jours comme c’est souvent le cas ici tous les ans à la même époque. J’avais acheté des pensées jaunes et des pensées mauves pour la tombe de Fantôme. J’ai réussi à enlever délicatement la neige qui était tombée sur les feuilles et les fleurs et les ai mises à l’abri. A la place, j’ai déposé un bouquet de mimosa acheté au marché samedi matin. Le monsieur qui le vendait avec de grandes mains épaisses et des doigts aux ongles carrés rougis par le froid. Il m’a conseillé de couper les tiges en biseau et de les plonger dans de l’eau tiède dans laquelle j’aurais mis un morceau de sucre à fondre. Les jours rallongent progressivement. Tandis que je me promenais en fin d’après midi j’ai croisé un groupe de six chevreuils. Ici, sur le plateau, dans la contemplation de la nature, il est facile d’oublier la guerre en Ukraine, dans le Haut-Karabakh, la poussée russe en Afrique, la jeunesse martyrisée en Iran, les sans-abris grelottant dans le froid, les migrants noyés en mer.

En ce moment, devant le feu crépitant de la cheminée tandis que Louis joue un nocturne au piano, je mesure notre chance d’être là où nous sommes!

 

 

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

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