Chronique estivale et parisienne

L’été, les grands rendez-vous radiophoniques et télévisuelles se mettent en pause et des séries reviennent comme  « Un été avec  » ou « Sur les routes de la musique  » d’André Manoukian.  Ce dernier aurait été un professeur fabuleux! Il sait captiver sans jamais provoquer l’ennui. Je pensais que le plateau allait être moissonné hier mais, ce matin, il était toujours intacte. Sur mon vieux vélo, à 7h00, je bravais les orties pour aller immortaliser de fragiles coquelicots. Celui que j’appelle désormais affectueusement « mon » chevreuil dormait encore sur un matelas d’orge. La mare était calme. Les grenouilles ne chantent plus en raison du manque d’eau.

Notre aînée est à Antibes. Stéphane est dans l’Ain, dans la maison familiale, avec sa maman, notre cadette et notre benjamin. Stéphane et moi n’avons pas pour habitude de communiquer beaucoup quand nous sommes géographiquement séparés si ce n’est par un sms au réveil et un autre au coucher et des photos si nous voyons quelque chose de beau ou de drôle à partager. Quand Stéphane est au pays des grenouilles et des toits vernissés, il ne communique presque plus. C’est un constat clinique qui ne provoque aucune frustration. Après avoir vécu de longues années séparés par son travail, nous sommes beaucoup ensemble tout en menant des vies parallèles. L’un est en bas dans notre chambre devenu un bureau/atelier dans lequel flotte désormais l’odeur de l’huile de lin. Le second est à l’étage dans son cabinet/Ar Men dans lequel les immortelles font renaître le maquis corse quand le soleil grille le plateau. Ce n’est pas de passer beaucoup de temps ensemble qui importe mais que ce temps soit de qualité.

Les machines à laver le linge et la vaisselle se reposent. Le réfrigérateur se vide. Ce calme me fait beaucoup de bien. Les vacances devraient toujours rimer avec zéro tache ménagère, zéro entretien et des repas très simples. Lundi, j’ai reçu une patiente rattrapée par le deuil de son mari qu’elle n’avait pas encore fait. Elle souffre tellement qu’elle envisageait de reprendre un antidépresseur, celui qui avait provoqué le gel du processus du deuil et lui avait permis de surfer sur une apparente vague de bien-être. Elle avait peur de perdre pied, de s’enfoncer dans une dépression profonde. Je l’ai rassurée et lui ai expliquée qu’elle devait vivre cette douleur morale pour pouvoir aller mieux. Nous avons mis en lumière ce sur quoi elle pouvait prendre appui pour éclairer la sortie du tunnel. On continue de traiter la souffrance en lien avec la perte d’un être cher comme une maladie presqu’honteuse. Quand une autre patiente m’a confié avoir été placée sous Prozac par un psychiatre après la mort de son deuxième enfant qui avait trois mois sans qu’on lui propose un accompagnement régulier avec une ou un thérapeute, j’ai été horrifiée. La dépression est le signal d’un mal-être profond qui doit être entendu et non étouffé sous une camisole chimique. C’est comme la fièvre qui signe une infection, une inflammation. Autrefois quand une personne avait la grippe, on ne lui donnait pas de Doliprane 1000, on lui faisait boire des tisanes et on la laissait transpirer dans un lit pour qu’elle évacue le virus.

Cela fait une bonne semaine que je suis revenue de ma troisième évasion capitale de l’année. J’avais noté rapidement quelques pensées dans un cahier acheté à la maison prodigieuse, une auberge littéraire installée depuis 2021 dans la maison éclusière numéro 26 du canal de Briare à Montbouy. Le mercredi 12, j’écrivais: Promenade Gisèle Halimi s’étendre sur un large fauteuil en bois gris délavé par le froid et la pluie sur l’archipel des berges de la Seine baptisée Niki de Saint Phalle. Fermer les yeux, sentir le souffle du vent, la barge remuée par les vagues formées par le passage des péniches, les ouvrir à nouveau et trouver un couple de moineaux à ma droite picorant les restes d’un sandwich au thon. Deux jeunes filles blondes comme des Scandinaves avec des membres longs et fins comme ceux d’une araignée portent des bérets sans doute acheté dans une boutique pour touristes. Tandis que des sportifs courent en cadence ou que d’autres se livrent à des exercices de musculation dictés par des coachs qui les tutoient d’autres déjeunent seul ou en groupe d’une salade maison, d’un plat thaï ou d’une galette bretonne.

Paris se prépare au défilé. Une belle plante rousse habillée d’une robe mauve fluide passe nonchalamment. Tandis que j’écris sous la grosse pendule de l’ancienne gare d’Orsay, que je regarde les gens, une personne m’observe-t-elle se demandant ce que j’écris dans mon carnet d’une écriture parfaitement illisible, carnet qui m’a servi à éventer Charlotte lundi dans le métro de la ligne 12. Céleste a appelé. Il fait chaud et lourd. De Victoire, aucune nouvelle. Pas plus de Louis. Les nuages progressent dans le ciel. Devant le musée de l’homme, tout à l’heure, à l’ouverture, les enfants avaient froid. Les parents étaient presque tous des professeurs. Hier soir, j’ai aimé laver, rincer, démêler et brosser les cheveux de Boucle d’Or et cette soirée improvisée rue Caulaincourt avec les amies de ma soeur. C’était léger et joyeux!

Le voisin du dessus est un Antillais retraité insomniaque et dur de la feuille. La nuit, pour passer le temps, il regarde des westerns. Dans le hall de l’immeuble, une table sur laquelle les résidents laissent des magazines lus à destination des autres habitants, des vêtements ou des objets de décoration. Marcia, la gardienne, est l’âme de la maison. Elle a une caravelle tatouée sur l’épaule gauche. Il lui arrive de veiller sur Charlotte ou de venir tenir un peu compagnie à Miyu. Marcia avait préparé à la demande de ma soeur une incroyable tarte au citron pour mon anniversaire.

Les regards croisés de Reza et Plantu sur le monde sont bouleversants. A Orsay, l’exposition Manet/Degas met en lumière le caractère difficile du premier et la nature effacée du second. Les toiles de Manet reflètent la puissance d’un peintre qui semblait rarement douter de lui-même. Plus de douceur chez Degas dont je connaissais essentiellement les peintures représentant les danseuses de l’opéra Garnier. Un café au Solférino avec ma soeur et son fils qui va avoir 19 ans et une longue, longue déambulation dans la librairie portant lui aussi le nom de la bataille du 24 juin 1859 pendant la campagne d’Italie. Nous avons beaucoup parlé de Milan Kundera sans savoir qu’il venait de mourir.

L’univers d’Elliott Erwitt m’avait tant plu que je suis un peu déçue par le travail de l’italien Franck Horvat et du néerlandais Johan van des Keuken. Du second, je retiens les très beaux portraits de proches adolescents et du premier des instantanés des rues de Paris et de Londres. Gros coup de coeur, au MAIF social club, 37, rue de Turenne autour de l’exposition Le chant des forêts-L’écho d’un monde qui pousse. Il s’agit de sensibiliser le visiteur à la magie des forêts qu’il s’agisse de la forêt primaire en Pologne ou de la forêt amazonienne en sollicitant les cinq sens. J’ai été fascinée par un atlas racinaire réalisé par quatre chercheurs autrichiens. Pendant quarante ans, ils ont « effectué un travail de recherche et de figuration titanesque en excavant et en dessinant le système racinaire de plus d’un milliers de plantes européennes. Cet atlas racinaire est consultable en ligne sur: images.wur.nl/digital/collection/coll13

Au tout début de mon séjour, j’avais eu la joie d’aller boire un café avec Marie rencontrée via Instagram et qui avait eu la gentillesse de m’envoyer par la Poste le livre de Cédric Sapin-Defour Son odeur après la pluie. Moment si agréable à échanger avec naturel sur des sujets profonds. L’après-midi, je le passais avec Boucle d’Or au Luxembourg: promenade à dos de poney, jeux au Poussin vert et glace au chocolat près du terrain de boules. je l’écris souvent mais l’enfant est le plus incroyable accélérateur de particules de bonheur au monde avec le chien. Il faut dire que Boucle d’Or est une petite fille vraiment adorable! Plaisir d’apéritifs qui s’éternisent avec ma soeur à la terrasse du Refuge rebaptisé en Rita. Plaisir encore d’accompagner Charlotte au centre aéré et d’aller l’y chercher. Devant la Samaritaine, une sculpture géante de l’artiste japonaise amoureuse des citrouilles et des pois, Yayoi Kusama et, à l’intérieur, quelques objets prêtés par le musée des arts forains.

C’est dans le lit que Céleste a occupé pendant deux ans, avec son doudou près de moi, que j’ai terminé le livre Son odeur après la pluie auquel j’ai consacré l’avant-dernier épisode du podcast Inventaire à la Prévert:

https://podcasters.spotify.com/pod/show/anne-lorraine-brunn/episodes/Son-odeur-aprs-la-pluie-de-Cdric-Sapin-Defour-e26ul48

Parce que sa femme et lui étaient viscéralement attachés à Ubac, ils n’ont pas réussi à ouvrir leurs yeux sur ses souffrances ou, plutôt, ils avaient si peur de le perdre qu’ils s’accrochaient au plus petit signe de mieux pour retomber dans le déni. Ils n’ont pas alors compris qu’Ubac luttait pied à pied contre la maladie non pas pour lui mais pour eux. L’auteur exprime avec beaucoup de sincérité la culpabilité qu’il a éprouvée ensuite face à sa lâcheté et sa femme et lui ont pu agir autrement avec d’autres compagnons quatre pattes. Avec ce livre, il me semble avoir plus revécu les temps les plus douloureux que les temps heureux quand ces derniers sont magistralement racontés. Ce moment où le vétérinaire administre le produit qui, en diffusant, va endormir celui qui a illuminé chaque jour de votre vie et que vous le sentez qui lutte contre le poids ressenti sur ses paupières qui vont se fermer définitivement est terrible (et je pleure en écrivant ces lignes…). Moment du dernier contact conscient. Il respire paisiblement. Puis vient la seconde injection et le coeur cesse de battre. Je ne voulais pas quitter la douceur de sa fourrure, sa crinière de lion. Terrible ce matin de dégel où Fantôme depuis la terrasse voyait Stéphane creuser sa tombe derrière le magnolia. Je n’avais pas pensé que l’enterrer dans le jardin, c’était créer un lien éternel avec le plateau. L’auteur et sa femme, eux, l’avaient anticipé. Je ne savais pas que je penserais à son corps se dégradant dans la terre et nourrissant les pieds de lavande et l’hellébore.

L’été avance. Les vacances de certains sont déjà en passe de s’achever. Je n’ai pas encore vu d’étoile filante dans le ciel. Victoire m’a dit avoir beaucoup prié pour Fantôme. Quand j’ai écrit la chronique ci-dessous, je ne savais pas encore que nous allions accueillir un enfant poilu qui, en quelques mois, serait devenu un compagnon adulte. Cette année-là, en 2010, celle de la naissance de Fantôme et de la fille d’Ubac, Frison, nous avions eu du mal à organiser les vacances des enfants. Quand tout semblait sur les rails, un accident malheureux avait anéanti le château de cartes. 13 ans plus loin, je conserve un souvenir extraordinaire de la traversée de la Bourgogne dans les derniers feux du soleil.

Quand, voici sept longues, intensément longues semaines, elle avait précipitamment quitté leur maison pour gagner l’Ain, les choses ne s’étaient pas exactement déroulées comme dans le film imaginaire de sa dernière chronique. Elle était partie plus tard que prévue. Elle savait, maintenant, que la nuit serait totalement tombée avant qu’elle n’arrive à bon port et que ses yeux auraient à lutter contre l’obscurité qui aime tant à modifier, chez certains, le sens de la perspective. À l’arrière de la voiture, son fils, numéro trois, avait sur les genoux ses deux doudous jumeaux et tenait dans sa main son tuyau d’aspirateur. Par terre, à sa droite, Sucrette, le poisson rouge, se balancerait avec plus ou moins de nonchalance au gré des sinuosités de la route. Elle avait retiré les coquillages et les avait placés dans une boîte en plastique coiffant le dessus du bocal. Ainsi, l’eau aurait moins de chance de passer par-dessus bord et Sucrette de perdre la raison avec le cliquetis lancinant des coquillages heurtant la paroi de sa maison de verre.

Elle avait eu un regard pour le vieux prunier et le jeune mirabellier, tous deux couverts de fruits encore verts. Une fois encore, prunes et mirabelles feraient le régal des oiseaux. Elle avait bien offert aux voisins de venir les ramasser, mais tous, déjà, ne savaient plus que faire de leur propre

récolte. Alors elle n’avait pu qu’imaginer tous ces pots de confiture qu’elle aurait tant aimés pouvoir ranger sur des étagères, dans l’obscurité rassurante d’une armoire après que les enfants aient réalisé de belles étiquettes. Numéro 1 se serait chargé de la calligraphie, numéro deux des illustrations et numéro trois de goûter les confitures. Elle avait pensé aussi à toutes ces tartes juteuses et ces clafoutis moelleux qu’ils ne mangeraient pas. Par la fenêtre grand ouverte, elle avait encore adressé un signe de la main à son mari et promis d’appeler en arrivant. Enfin, la voiture s’était élancée sur la petite route zigue-zaguant entre champs de maïs et champs de blé.

Dans la descente menant à la départementale, numéro trois avait réclamé « bella ciao ». Deux chevreuils avaient enjambé le chemin et disparu dans la forêt. La maman et son fils avaient traversé plusieurs villages, longé les kilomètres de murs de la propriété du comédien ayant si admirablement incarné, sous la direction de Losey, le personnage de Monsieur Klein. À Dicy, elle avait vu le panneau indiquant le musée

de la Fabuloserie, consacré à ce que Jean Dubuffet nommait l’art brut. Un jour prochain, assurément, en famille, ils iraient admirer la collection personnelle d’Alain Bourdonnais et voir tourner le fabuleux manège de Petit Pierre. Enfin, ils étaient arrivés sur l’autoroute. En ce lundi soir 19 juillet, le trafic était fluide. Montand s’était tu. Les concertos de Vivaldi avaient pris le relais. Si on passait du registre « variétés internationales » au « classique », on demeurait fidèle aux artistes de la botte.

Les rayons du soleil devenaient de plus en plus doux. La lumière était tendre. La France était belle dans sa ruralité généreuse étendue tout autour d’eux. D’impressionnantes moissonneuses batteuses avalaient des hectares de céréales. La poussière fine qu’elles soulevaient voilait le ciel et projetait sur l’autoroute des nappes de brume d’un ocre jaune. Numéro trois assistait, fasciné, aux ballets des machines agricoles. La Bourgogne était sublime. À défaut de pouvoir s’arrêter pour redécouvrir les beautés sans artifice de l’abbaye de Fontenay ou savourer un verre de Chablis, elle buvait des yeux les paysages et croyait entendre Fernand Braudel lui raconter « L’identité de la France ».

Le soleil déclinait. Bientôt, il aurait complètement disparu. Numéro trois, lui, ne perdait rien de sa vigueur et s’amusait à aspirer la porte et le plafond de la voiture. Lasse de Montand et de Vivaldi, la conductrice écoutait maintenant un album sorti en 1984. Matt Bianco et Basia la renvoyaient vingt-cinq ans en arrière ! À la fin de la chanson intitulée « More than i can bear », elle s’était retournée et avait constaté que numéro

trois avait fini par sombrer. Il n’avait pas lâché pour autant son tuyau d’aspirateur, seul jouet ou plutôt seul morceau de jouet qu’il avait souhaité emporter pour ses longues vacances !

Elle avait quitté l’autoroute. Sa carte de crédit avait eu la brillante idée de disparaître dans l’interstice d’une tablette située devant le tableau de bord ! Cet incident avait été vite minimisé par la certitude que son MacGayver de mari trouverait une solution pour sauver sa carte bancaire ! La départementale était bordée de hauts platanes dont l’odeur

était toujours associée à des souvenirs gardois. Elle roulait lentement. Elle était fatiguée et craignait de rater la bifurcation sur la droite. Enfin, elle avait vu le panneau signalant le village et était passée devant les bâtiments où, habituellement, une lumière brillait de onze heures à trois heures du matin. Cette lumière était celle de la lampe éclairant le bureau du grand-

père maternel de son mari. La lumière avait cessé de briller voici plus de trois ans et pourtant tous ses proches continuaient à l’espérer. Quand ils arrivaient, cette lumière était un peu comme celle du phare si rassurante pour les marins se rapprochant dangereusement des côtes.

Le large portail de la maison s’était refermé sur elle. Elle avait coupé le moteur. Très vite, elle avait été assaillie par les chants des grenouilles et des crapauds des marais de la Dombes et par les parfums des rosiers. Elle arrivait trop tard pour que les enfants, les filles et son neveu, soient encore debout pour l’accueillir et célébrer les retrouvailles avec numéro trois. Dans la chambre, les enfants dormaient profondément. Elle avait glissé numéro trois dans son lit. Il s’était rendormi tout de suite. Seule une grand-mère l’attendait. Elle marchait péniblement. Elle était

déséquilibrée par les poids de ses plâtres à la main et à la jambe droites. En guise de bonjour, elle avait dit à sa fille son chagrin de l’avoir contrainte à ce départ précipité. Elle était si malheureuse que sa chute ait ruiné toute l’organisation longtemps pensée de leur été. De son côté, la maman qui venait d’arriver et accusait la tension des derniers jours et la fatigue du voyage avec un petit garçon particulièrement tonique et bavard, s’en voulait d’avoir senti monter en elle de la colère à l’égard de sa mère

qui, bien involontairement, avait réduit à néant la possibilité pour son mari et elle de s’offrir quinze jours de vraies vacances et pour elle, son unique espoir de souffler en sept semaines consacrées à 90% à son trio.

La pire des solutions aurait consisté à ressasser ce manque de chance. Elle avait décidé, alors, de ne plus y penser et de faire de son mieux pour profiter des siens et renoncé à tout espoir de trouver assez de solitude et de sérénité pour écrire.

Sept semaines plus loin, l’été s’était écoulé entre les ateliers aquarelle, peinture sur galets, pâte à modeler, les jeux dans la piscine, les dix-huit allers-retours entre la maison de mamie et de papy et le village avec, dans la formule maximale, trois enfants de 7, 6 et 5 ans sur des vélos et un petit garçon de deux ans et huit mois sur un tricycle qu’il fallait encore guider au risque de se déclencher une tendinite dans l’épaule droite, quinze jours dans une ravissante maison varoise perdue au milieu des figuiers avec un

couple d’amis et leurs deux enfants ponctués de fins de journée à la plage et de sorties en mer entre la cale de mise à l’eau du port de Hyères et les îles de Porquerolles et de Port-Cros, une semaine dans la vieille maison de famille du Gard où les filles devaient s’essayer, sous la houlette, de l’artiste peintre Virginie Peyric, à la peinture, Louis estimer très drôle de troubler, par ses cris sur aigus, la retraite tranquille des frères des écoles chrétiennes, dans le parc et la forêt du domaine de la Blache, une maman

retrouver, avec émotion, tant de visages connus et l’atmosphère unique du marché du samedi matin sur les larges allées du Nord et du Midi.

Maintenant, les après-midi sont encore très agréables mais les mâtinées fraîches. Au-dessus de nos têtes, les hirondelles conciliabulent avant la prochaine migration. Hier, numéro un et numéro deux ont repris, avec beaucoup de bonheur, le chemin de l’école et pu raconter, par le menu, à leurs petits camarades et à leurs institutrices, les moments forts de leur été. Les retrouvailles entre numéro deux et sa meilleure amie ont été particulièrement émouvantes. En se voyant, les visages des deux petites filles se sont illuminés et elles sont tombées dans les bras l’une de l’autre. Dans sa classe de CE1-

CE2, numéro un était enchanté d’être assis à côté de son amoureux. Souvent, pendant les vacances, elle s’amusait à dessiner, à l’intérieur de son poignet gauche, avec un feutre de couleur, leurs deux initiales. Elle faisait dans le sobre. Il n’y avait pas de cœur ! Ce matin, numéro trois a fait sa grande entrée en petite section de maternelle. Il a accroché son sac Barbapapa à son portemanteau et, passé la porte de la classe, s’est empressé d’aller offrir à

Neige, le cochon d’Inde, quelques feuilles de salade. Une fois n’est pas coutume, pour une rentrée, aucun enfant ne pleurait si bien que les larmes d’un seul n’entraînaient pas celles de tous les autres.

Même si la maman qui achève sa première chronique depuis son départ précipité est à fond de cale et rêverait de s’offrir, au choix, une semaine de repos avec son mari ou une retraite dans une abbaye cistercienne, sa tête est remplie de moments merveilleux, d’instantanés riches de vie et de couleurs, de rires complices et de chaleur familiale, de parfums de figue et de lavande qui, bientôt, auront effacé les impressions de lassitude quand on n’en peut p

lus de répéter toujours les mêmes choses, de subir les disputes fratricides, d’être passée au rouleau compresseur par un jeune trio dont l’impatience est désarmante et de punir, sans relâche, pour donner les limites sans lesquelles

un enfant grandit sans assurance.

Bonne rentrée à tous et à la semaine prochaine,

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.