Chronique d’un second envol du nid familial et de petits bonheurs

C’est dans la très jolie maison des parents de Jules que je lui ai dit au revoir. Dans l’entrée, elle avait déposé ses deux sacs à dos à côté de celui de Jules. Elle était belle et souriante. Elle m’a serrée dans ses bras et je me suis abandonnée à cette étreinte. La porte s’est refermée. Louis a repris le volant. Il est en conduite accompagnée depuis un mois. Nous avons croisé Carla et Mathurin qui rejoignaient Victoire et Jules. C’est Elodie qui les conduit à Orléans. Ils y rejoindront les 200 jeunes du diocèse qui vont monter dans des bus à destination du Portugal pour y vivre la nouvelle édition de cet immense mouvement de la jeunesse catholique voulu par le pape Jean-Paul II en 1985. Depuis cette date, les JMJ ont connu trois papes et se sont tenues quatorze fois dans des lieux comme Saint-Jacques de Compostelle, Sidney, Rio, Manille ou Panama. L’Afrique est à ce jour le seul continent qui n’ait pas été honoré par la tenue de cet événement quand c’est de ses pays que viennent le plus grand nombre de prêtres. François est le premier pape sud-américain. Gageons que le prochain sera africain. Cette nouvelle édition devrait réunir un million de jeunes venus des quatre coins du globe.

Les jeunes du diocèse d’Orléans seront, la première semaine, dans des familles à Fatima. Ils y retrouveront des Français venus d’Albi, Rodez, Meaux, les Marquises et des jeunes rattachés à la communauté de saint Martin. A l’heure où j’écris, les bus doivent avoir normalement quitté Orléans. Ils vont mettre 25 heures à accomplir les 1400 kilomètres. Ma soeur et moi, en 1997, nous étions levés en fin de nuit pour nous rendre à la messe de clôture des JMJ le 24 août célébrée à l’hippodrome de Longchamp. La veillée avait réuni 700 000 participants. Je n’en conserve pas de souvenirs précis ni d’émotion particulière. C’est très différent quand on vit les choses de l’intérieur pendant plusieurs jours et qu’on se sent réellement portés par une même foi. Nous n’étions que deux et ne le vivions pas sans doute non plus de la même manière.

Nous avions très peu d’informations sur l’organisation du séjour lié aux JMJ. Je pensais que dés mardi soir, le groupe serait arrivé à Fatima au Portugal mais il a fait une halte à Avila. Les jeunes ont visité le monastère de l’Incarnation dans lequel se trouve une reproduction de sainte Thérèse d’Avila et, le soir, les filles ont dormi chez des religieuses. J’imagine que les garçons logeaient chez des frères n’en déplaise à Rabelais et à son abbaye de Thélème, communauté laïque, dans laquelle la seule injonction est la suivante: « Fais ce que tu voudras ». Je ne connaissais presque rien sur sainte Thérèse d’Avila. Mes petites recherches m’apprennent qu’entrée à l’âge de 20 ans au monastère, elle a 39 ans quand, enfin, elle décide de vraiment vivre pour Jésus. Elle initie la fondation de nouveaux carmels et mène une vie d’ascèse. L’Ordre du Carmel a une grande dette de reconnaissance vis à vis du pape Paul VI, celui du Concile Vatican II ayant donné à l’Eglise un cadre dépoussiéré et adopté la célébration en langue « vulgaire » et plus en latin. Grâce à lui, les messes sont dites dans la langue du pays par un prêtre qui ne tourne plus le dos à l’assemblée et on n’est plus tenu de s’agenouiller et de tirer la langue pour communier. Ce pape a proclamé Thérèse de Jésus, Thérèse d’Avila, comme la première femme docteur de l’Eglise le 27 septembre 1970. En 2012, il reviendra au pape Benoit XVI de canoniser Hildegarde de Bingen qui devient également docteur de l’Eglise. Sur 37 docteurs, on ne compte que quatre femmes: en plus de sainte Thérèse d’Avila et Hildegarde de Bingen, on trouve sainte Thérèse de Lisieux en 1997 et sainte Catherine de Sienne en 1970. Comme dans tous les autres domaines (sciences, arts, entreprenariat), la reconnaissance des femmes est longue!

Le matin du départ de Victoire alors que la maison sommeillait et que j’avais bon espoir de retrouver les fameux airpods contenus dans une petite boite rose que Victoire avait cherché partout, j’écrivais ceci: « Les premiers signes du jour montent au-dessus du plateau semblant s’éveiller en apparence loin des incendies en Grèce, des inondations en Nouvelle-Ecosse, des échouages massifs de dauphins en Ecosse et en Bretagne et aussi d’une baleine des profondeurs si exceptionnelle pour les scientifiques que je les soupçonne d’avoir préféré la laisser mourir pour la disséquer et en conserver un spécimen pour le muséum d’histoire naturelle. Hier, fatiguée mais joyeuse, Victoire préparait ses deux sacs pour les 15 jours de JMJ au Portugal. A 17h00, les 200 jeunes du diocèse d’Orlèans embarqueront pour 25 heures de bus à destination de Fatima où ils retrouveront les jeunes des diocèses de Meaux, Albi, des Marquises ou de Saint-Martin. La première semaine sera celle de la préparation à celle du premier août placée sous le signe des sujets portés par le pape François dans son encyclique Laudato Si’. Le pape a choisi comme thème de ces JMJ un verset de Luc: « Marie se leva et partit en hâte ». Un million de jeunes de 17 à 30 ans va répondre présent au Portugal. Une organisation très complexe. Hier, je restais avec Victoire cherchant à jouer encore un peu mon rôle de maman du quotidien avant son départ. Victoire ne reviendra pas à la maison avant la veille de son installation à Reims avec Louis. Nous nous croiserons deux ou trois heures. Dans son grand sac, elle a glissé le chapelet que Jules lui a offert, la Bible que je lui ai achetée avant Taizé, l’une des deux frontales de notre « tour du monde », des boules Quies, un savon solide dans une boite paternelle ayant contenu des pigments, un répulsif, une crème pour soulager les piqûres, des bonbons au cassis et tout ce qu’il faut de vêtements dont un paréo trouvé à Calvi. Hier, à la messe, le Père Précieux a prononcé cette magnifique phrase: « L’absence est douloureuse quand la présence a été joyeuse ». Cela m’a parlé très fort! Ce matin, je pense à Armelle, Gwenegane, Carla, Brian, Emilie, Jules, Mathurin et tous les jeunes de l’aumônerie qui vont prendre place dans le car avec Béatrice. Bonne route! »

En moins d’une minute quand j’avais pu accéder à la chambre de Victoire, j’avais trouvé la fameuse boite dans un repli d’une petite valise contenant encore un jean et un pull. Je n’avais pas eu besoin d’invoquer saint Antoine de Padoue que notre grand-mère convoquait fréquemment quand elle avait égaré ses clés. Être une maman, c’est être cette femme dont l’esprit est connecté à celui de ses enfants quand ils sont loin de la maison. Bien sûr, pas tout le temps car alors ce serait et pathologique et infernal mais par moments et, encore plus, quand ils ont la gentillesse d’envoyer des photos comme autant de cartes postales pour partager leurs émotions, la beauté des paysages et, parfois aussi, les bobos et les petits coups de mou. Hier, j’ai eu la joie de vivre quelques moments en Espagne, à Avila et de comprendre que la nuit dans le car avait vraiment été compliquée en dépit du petit oreiller, des boules quies et des lunettes occultantes. Par ailleurs, j’ai pu revisiter le Queyras en été et mesurer à nouveau combien j’étais attachée à cette région où nous avons été skier avec les enfants et Fantôme. Je l’avais découverte en CM2 avec ma classe. En 1997, en juin, je faisais découvrir Saint Véran et les environs à Stéphane. Des ancêtres sommeillent dans le cimetière de Ceillac. Enfin, notre fils partait en moto jouer au tennis. Les garçons (en général) sont plus diserts que les filles. Le lac sainte Anne est magnifique! Il se situe à 2414 mètres d’altitude et l’eau était à huit degrés.

Le dimanche matin, veille du départ de Victoire au Portugal, j’avais ressenti fondre sur moi le vague à l’âme. J’étais dans sa chambre. Mes yeux passaient d’objets familiers à des vêtements pliés et posés sur la chaise, des affiches aux tableaux dont celui de cette petite poupée vietnamienne. Cette toile avait été durablement accrochée dans sa chambre jusqu’au moment où les filles avaient, un été, décidé de repeindre les murs des chambres. J’avais été chercher le tableau rangé dans mon bureau et l’avait remis à sa place. A la messe, j’avais été très émue par les baptêmes, la ferveur des jeunes de l’EPJ mais aussi par le vide laissé par l’absence de Victoire qui avait préféré profiter de Louis avant qu’ils ne soient séparés pendant quinze jours. Sur le lit dans la chambre de Céleste s’accumulent les choses dont Victoire aura besoin pour s’installer dans son studio: draps, serviettes, ustensiles de cuisine, produits d’entretien, cafetière, théière, bouilloire, café, thé, égouttoir et autres objets du quotidien. C’est heureux et normal que le nid se vide de ses oisillons mais c’est douloureux. Céleste, de Paris, revenait fréquemment. Elle a déjà prévu de fêter ses 20 ans avec Antoine et ses amis proches. Reims sera 50 minutes plus loin en train. Ce n’est rien en comparaison de ce que vivent les jeunes et leurs parents quand les études les envoient à Toulouse ou Bordeaux.

Il est bientôt midi. Louis dort encore. Je lui ai préparé un chili con carne. Les deux chats se sont succédés au-dessus de la gamelle. Je suis allée chez le kiné et y ai retrouvé mes « amies » d’infortune souffrant de douleurs dans les épaules ou le cou. L’ambiance est bon enfant. Nous nous entendons très bien. J’aime particulièrement une dame charmante originaire de Charente-Maritime qui a été directrice de centre aéré et préfère l’étiopathie à la médecine traditionnelle. Dans le cabinet, je retrouve aussi Soizic que je connais depuis de longues années. Nous avons été parents d’élève quand nos enfants étaient à l’école maternelle et primaire.

Depuis quelques jours, j’écris pour Instagram et Linkedin des petits articles sur les petits bonheurs. Je m’étonne toujours que certains êtres parviennent à se réjouir de toutes petites choses quand d’autres n’y parviennent pas. Dans mon cabinet, je les prends par la main et leur apprends ce que leurs parents ont oublié de faire: savourer des bulles de bonheur présent, renouer avec les joies de l’enfance pour vibrer dans un corps adulte. Les voici:  » Dans mon cabinet, j’ai le bonheur d’accueillir des grands adultes ayant su traverser la vie en conservant intacte leur âme d’enfant. Avec eux, j’aime vivre des moments de joie pure, des rappels de l’enfance magique car totalement immergée dans le moment présent. Un enfant n’est ni derrière ni devant mais dedans! Les adultes laissent le présent leur filer entre les doigts car ils sont dans les souvenirs ou les projections futures. Ce matin, nous avons revécu plusieurs petits bonheurs comme celui de faire des bulles de savon, de s’émerveiller de les voir se former, admirer les couleurs irisées, les voir s’envoler, s’agacer quand elles éclatent, se demander où elles vont. J’aide aussi les adultes qui se sont éloignés de leur enfance pour diverses raisons à la retrouver, dans ses plus beaux aspects, enfouie dans un recoin de leur mémoire. »

Hier, je vous parlais de l’un de ces bonheurs associé à l’enfance: les bulles de savon mais dont on restitue la joie pure toute la vie! Ce matin, je vous invite à prendre place sur le siège en bois d’une balançoire. Remontez dans vos souvenirs. Au tout début, vous ne savez pas comment replier vos jambes, les étirer pour vous élever dans les airs alors vous avez une grande personne ou un grand frère qui vous pousse du bout des doigts que vous sentez dans votre dos. Vous prenez de la hauteur et criez: « Plus haut! plus fort! ». Vous pourriez ressentir cette ivresse pendant des heures mais, derrière vous, celle ou celui qui vous pousse se fatigue. Vous avez grandi et compris comment vous pouviez vous balancer sans l’aide de personne. Tout votre corps est en extension. Vous pensez que de vos pieds vous allez toucher les nuages, mieux, vous envoler. Vous ressentez une liberté totale. Si vous êtes une fille et que vous portez une jupe ou une robe légère car c’est l’été, le tissu vole comme vos cheveux. C’est merveilleux! Ce bonheur, il est toujours là, intacte, si facile à retrouver pour peu qu’on ait une balançoire.

La balançoire, cela peut donner faim. Je vous invite à prendre la direction d’un glacier ambulant offrant ses glaces depuis sa petite camionnette ou, pourquoi pas, la charrette qu’il tire courageusement sur des kilomètres le long de la plage. Que prendrez-vous? Un esquimau? Un sorbet ou une glace dans un cornet? Un enfant face à sa glace ne pense plus à rien d’autre qu’au plaisir de la déguster en sentant la fraîcheur sur sa lange et dans sa bouche. Il y a les enfants qui lèchent consciencieusement leur glace s’amusant à les voir former des pyramides ou des restes de montagnes auvergnates. Il y a ceux qui les engloutissent rapidement. Il y a ceux qui préfèrent le cornet. Vient ce moment où il ne reste plus qu’un tout petit peu de glace dans un cornet lilliputien. Certains enfants s’amusent que la glace au chocolat leur ait laissé de belles moustaches. Certains vivent des drames quand la glace tant convoitée échoue sur le trottoir. Un enfant qui déguste sa glace ne pense pas à celle qu’il a mangé la veille avec ses cousins ou à celle qu’il mangera dans quelques jours au bord du lac. Il est là devant sa glace et elle est, à ce moment donné, la seule chose qui importe! On entend souvent dire des enfants qu’ils sont dans une bulle car totalement déconnectés de leur environnement. C’est normal car ils sont entièrement pris dans ce qu’ils vivent. Apprenons à ne pas laisser nos pensées parasiter nos présents.

Avez-vous conservé le goût et la sensation de fraîcheur de la glace ou du sorbet savouré hier? Ce matin, je vous invite à éprouver un nouveau plaisir simple qui se décline selon le lieu: se connecter à l’environnement avec des pieds nus. Avez-vous déjà ressenti la joie de marcher les pieds nus sur un sol chaud en sortant de l’eau, de fouler l’herbe grasse, de jouer à l’équilibriste sur des graviers, d’éprouver la douceur du sable fin, la fraicheur des dalles en été, la langue rugueuse d’un animal, la douceur de la mousse, la sécheresse d’un tapis d’aiguilles de pin, la morsure de la neige. Vous rappelez-vous cette joie de libérer enfin vos pieds de l’ombre des chaussures fermées au retour des beaux jours? Les marcheuses et les marcheurs savent le bonheur total de dénouer ses souliers, de retirer ses chaussettes et de plonger ses pieds dans un cours d’eau! En ce moment, j’ai remisé mes sabots et reçois mes patientes et mes patients pieds nus. Je passe des carreaux du bas au parquet de l’étage.

Se balancer, déguster une glace, marcher les pieds nus, souffler sur une dent de lion, appelée aussi pissenlit et de son nom savant, taraxacum. Penser à faire un voeu, le tenir fermement entre le pouce et l’index et souffler fort ou doucement en voyant les soies s’envoler délicatement. Quand les dents de lion sont prises dans le givre, elles ressemblent à des boules de glace. Encore un petit moment de bonheur simple.

Nouveau petit souvenir de l’enfance depuis un plateau moissonné: déshabiller le coeur jaune d’une pâquerette ou d’une marguerite. Retirer un à un ses délicats pétales blancs en disant: Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » et continuer jusqu’à ce que de la fleur il ne reste plus qu’un coeur jaune et une tige verte. Maintenant que je suis une adulte, je n’aime plus couper les fleurs et encore moins leur arracher leurs pétales. Je les regarde là où elles sont mesurant tout à la fois leur force et leur fragilité. Dans notre jardin, je respire le délicieux parfum des roses anciennes, celui de la glycine qui aime à s’offrir plusieurs floraisons ou des grandes fleurs ivoire du magnolia persistant.

C’est l’été et, pour beaucoup, ressourcement va de pair avec séjour au bord de la mer. Comme il s’agit de convoquer le meilleur, je tairai la chaleur excessive de l’eau, le drame des animaux marins, la torpeur des touristes en Grèce, les incendies pour mettre en avant un petit plaisir simple. Vous sortez de l’eau et vous allez vous allonger sur votre serviette. Une petite brise marine délicieuse vous caresse tandis que le soleil sèche votre peau mouillée. Vos yeux sont fermés. Derrière vos paupières closes, vous percevez la lumière. Vos oreilles captent tous les bruits de la plage et ses odeurs si différentes selon le littoral choisi. En Bretagne, l’odeur de l’iode l’emporte amplement sur celle de la crème solaire et des beignets! L’une de vos mains sent le sable de la plage qui est très doux. Vous prenez une poignée de sable et, délicatement, vous laissez filer entre vos doigts les grains qui retournent à la plage. Vous êtes parfaitement bien et ne pensez plus à rien. L’été, à la vue de vacanciers, je me suis souvent amusée à imaginer leurs pensées dans des bulles au-dessus des têtes: les mails du boulot qui s’accumulent dans leur boite, les activités de la rentrée, les visites médicales, le repas du soir, la route du retour…autant de pensées qui sont des freins au vrai ressourcement…surtout celui des femmes!

Continuons l’exploration des petits bonheurs simples de la vie. Il en est un qui est intacte depuis que je suis enfant: celui de s’endormir le soir venu dans son lit quand les draps ont été changés. Sentir la bonne odeur de la lessive marquant les familles autant que les lettres brodées sur le linge de maison, la fraicheur des draps repassés et, au-delà, la tendresse de celle qui a pris de son temps pour nous offrir cette joie. J’ai transmis à nos enfants ce plaisir. Au retour des beaux jours, c’est encore mieux: les draps sèchent au sud en plein soleil et se chargent de l’odeur de la campagne. Lavés le matin, remis en place le soir! Quand je fais tourner la machine, je pense à toutes les femmes, aux quatre coins du monde, pour qui laver le linge reste une épreuve.

Récapitulons des petits bonheurs liés ou pas à l’enfance: les bulles de savon, la balançoire, les glaces ou les sorbets, les pieds nus, la dent de lion, les pétales des marguerites, le sable filant entre les doigts et les draps frais dans lesquels on se glisse. Ce nouveau plaisir parlera certainement davantage à celles et à ceux qui aiment s’aventurer sur des chemins de randonnée dans la durée. Souvent, en été, il fait chaud. Les pieds souffrent dans les grosses chaussures fermées. Quel bonheur alors de pouvoir pique-niquer au bord d’un cours d’eau, délasser ses souliers, retirer ses chaussettes et offrir ses pieds à la caresse rafraichissante du courant! Ajouter à ce bonheur celui consistant à écouter la chanson de l’eau, celle du vent dans les branches, suivre le vol d’un papillon ou d’une libellule, sentir l’odeur du thym, des immortelles, de la lavande ou de l’herbe chauffée par le soleil. En montagne, les lacs remplacent les rivières.

Il fut un temps désormais lointain ou l’eau était citée en exemple de bien gratuit. Nous vivions dans un pays et appartenions à une génération qui pensait que l’eau coulerait toujours à flots depuis les robinets de nos maisons. On ne se posait pas de question quand, en Afrique, au Proche ou au Moyen-Orient, la maitrise de l’eau provoquait des guerres et son absence des famines. Et puis, on a compris que notre eau était non seulement amplement polluée par les produits chimiques mais qu’en cas de canicule prolongée et de manque de pluie, elle pouvait devenir rare. Après notre long voyage, je n’ai plus jamais pris de longues douches. Pourtant, l’eau, totalement vitale, est associée à des plaisirs fabuleux: après une grande journée de travail, se libérer des tensions sous une douche; après une marche, se délasser dans un lac ou sous une cascade; quand on a très soif, se désaltérer. Regardez les petits oiseaux se baigner dans les flaques laissées par la pluie. Souvenez-vous de la joie de vos enfants jouant dans un bain en rentrant de l’école. Oiseaux et enfants, ils sont si heureux! Cette photo a été prise après une marche dans la Restonica, en Haute-Corse durement frappée tous les étés par des incendies. Préservez l’eau! Ne la laissez pas couleur en vous lavant les dents. N’arrosez qu’à minima et jamais aux heures chaudes. Si vous le pouvez, recueillez l’eau de pluie, paillez vos plants. Nos glaciers fondent. Le débit de nos fleuves diminue. Mobilisons-nous pour sauver l’eau et rappelons-nous notre chance d’en avoir à notre portée si facilement!

C’est sur la liste non exhaustive et forcément subjective de petits bonheurs que je conclus ma chronique. Je partage avec vous un morceau de musique que j’ai retrouvé avec son animation si poétique. La poésie vient réparer le monde comme la foi pure qui anime le coeur et l’esprit des jeunes marchant en direction du Portugal. J’en exclus celles et ceux qui ont une vision étriquée de la foi et voudraient trier les hommes au sein du genre humain, celles et ceux qui, bien que jeunes, croient encore en une suprématie de l’homme blanc. La foi n’a pas de couleur. La foi est respect et amour. La foi se vit jour après jour. La hiérarchie au sein de l’Eglise et la théologie n’ont rien à voir avec la foi.

https://www.youtube.com/watch?v=lCGlB-pF7ZY

Anne-Lorraine Guillou-Brunner

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